Arrive pour Lila le temps de retrouver la lutte dans les arènes d’un cirque ou sur le ring d’une salle enfumée, son entraîneur s’irrite de la voir repousser chaque proposition qu’il lui soumet, elle est prête, il le lui promet ! et elle le sait, mais la perspective de mener un combat en public, sans que Samuel ne s’en doute, la perturbe, toujours cette désolante impression de lui mentir si elle ne lui dit pas tout, sans compter l’embarras d’organiser un voyage à l’étranger et de le justifier sans se trahir, elle brûle en fait d’affronter un adversaire réel, dans un combat authentique, son « Mars en Vénus » réclame de vrais affrontements, alors elle porte un léger coup à la fusion amoureuse, elle annonce à Samuel qu’elle doit se rendre à Berlin, elle ment sur les raisons de son déplacement de trois jours, gênée du mensonge comme si elle trompait son amant, mais à peine est-elle installée dans l’avion pour la capitale du Pays Déchiré qu’elle oublie ses scrupules envers l’homme qu’elle adore et se livre aux images de son futur combat, elle connaît de réputation son adversaire, le Molosse de Carthage, un catcheur célèbre, un homme massif, originaire du Nord de La Grande République, facteur de son métier, un homme gentil, mais qui combat, dit-on, sans pitié, assise dans l’avion, Lila parcourt les articles de journaux qui lui sont consacrés, bien sûr pas un d’entre eux n’avoue qui est réellement le Molosse de Carthage, les journalistes s’amusent à employer les termes les plus effrayants, les plus crus, pour attirer le public, ils ont bâti la réputation du Molosse, ils feront celle de Gladiatora, ou la démoliront, ils l’attendent au tournant, irrités par son anonymat, ils ne savent rien d’elle sinon qu’elle est presque une novice sur le ring, ils se demandent si le match sera truqué ou non, ils le verront immédiatement, que le public soit dupe, d’accord ! Lire la suite →