Cuisine à tous les étages

Daniel Simon,

Quand Louise apprit qu elle était malade, elle comprit pourquoi la sirène des ambulances qui glaçait chacun sur place un bref instant était plus qu’une corne de malheur, c’était, elle en était certaine maintenant, plutôt le souvenir du sifflet de l’instituteur qui les arrachait aux grâces féroces des jeux de l’enfance qui lui revenait d’un coup sec. C’était cela qu’elle avait craint toute sa vie, se disait-elle en bouclant sa valise, le sifflet de l’instituteur, puis les cris des soldats, des gendarmes, de toutes les forces de l’ordre qui l’avaient forcée à fuir son cher Congo, la terre où sa parcelle l’attendait et que les voleurs avaient saccagée joyeusement à peine avait-elle pris place dans l’avion qui l’avait déposée dans les brumes bruxelloises cinq ans plus tôt.

Les sifflets, les sirènes, la maladie et bientôt la découverte que tout ce qu elle avait vécu jusqu’à cette minute précise allait bientôt rejoindre la cohorte de son simple bonheur d’être vivante. Elle savait qu’elle sortait de la vie d’un seul coup, que l’hôpital, ici en Europe, était « bon pour le corps et mauvais pour la tête », lui disait-on souvent. Elle savait qu elle ne pouvait échapper à cet exode brutal vers le silence et la solitude, que la maladie poussait dans le dos celui qui ralentissait le pas, qu’elle lui imposait un rythme désolant, qu’elle l’obligeait peu à peu à voir son corps ralentir, ralentir tellement que très vite il s’éloignait de vous, qu’il disparaissait dans le souvenir des forces d’hier, qu’il s’enfouissait dans cette image de plus en plus vague, comme s’il s’était agi du corps d’un autre, que cette image fondait jour après jour jusqu’à ce que le cœur soit vide du désir de se rappeler cette toute récente énergie et qu’enfin l’âme ou l’esprit du malade (elle ne savait de quoi il s’agissait en fait, des esprits, peut-être ?) allait bon train, seul sur sa route, léger de cet ancien corps abandonné dans le lit, là-bas, si loin déjà, si peu visible maintenant et que c’était bien ainsi.

Elle savait que ce corps un peu lourd qui plaisait tant aux hommes allait se replier comme un petit enfant se recroqueville dans le fond de son lit en rêvant aux mensonges des parents qui sont si beaux parfois quand ils donnent lieu aux fêtes colorées de l’hiver. Elle savait cela et elle ne s’en inquiétait pas. Chacun prend le temps qu’il peut prendre, se dit-elle, mais personne n’en a jamais assez et ça, elle le savait, c’était le signe de la plus grande stupidité, celle dont souffraient, à ses yeux, la plupart des blancs qu’elle fréquentait à Bruxelles.

Elle aimait cette ville, bigarrée et bourgeoise, misérable et généreuse, toujours en train de grogner, sur le qui-vive mais contrainte d’accepter que les charrois des nouveaux arrivants, de génération en génération, l’avaient finalement construite selon les règles d’une métropole contrainte à toutes les absorptions. Elle connaissait de Bruxelles la frime et l’élégance, la raideur et Kégoïsme froid, mais elle avait été atteinte aussi par cette disposition malhabile et brutale à accueillir. Elle se plaignait souvent de celle qui devenait peu à peu sa ville, mais elle envisageait mal de la quitter, si ce n’est lors des mois de grand froid où, alors, plus rien ne parvenait à masquer son désir de rentrer au pays. De retourner pour toujours là, d’où elle avait fui et où des horreurs l’avaient laissée pantelante, sur le bord de la route, devant ces hommes exécutés par la fureur publique, voleurs couronnés de pneus enflammés ou transpercés de quelques clous.

Cette horreur était loin derrière elle, seule la pestilence de la mort brutale de ces hommes la poursuivait encore, et c’était les traces de cette odeur précisément qui l’avaient aidée à tenir au début, quand Bruxelles lui apparaissait distante et malveillante. Elle avait fait le compte des inconvénients liés à sa nouvelle vie, ils étaient de l’ordre de l’inconfort et de la tristesse, mais jamais elle n’avait plus rien perçu qui lui rappelât le fumet âcre du désastre. Et cela suffisait à son bonheur présent. Son nez guettait mais son corps était en paix.

Quand elle se réveilla ce matin de décembre et qu’elle déchira l’enveloppe qui lui indiquait le jour et l’heure de son entrée dans l’hôpital universitaire où elle allait subir l’opération qu’elle redoutait depuis plusieurs mois, elle sut que l’odeur qu’elle appréhendait s’était évanouie pour longtemps. Oui, elle avait droit, comme chacun, aux meilleurs soins et elle ressentit une joie rare, piquante comme le gel sur la joue, une joie qui la laissa sans force sur le lit. Elle était apaisée comme elle ne l’avait plus été depuis longtemps. Elle savait qu’elle venait de rejoindre le camp des vivants, que son admission à l’hôpital lui donnait droit soudain à tous les espoirs, que rien n’était joué, qu’elle allait être logée aux mêmes étages de la douleur que tous ceux que la secrétaire d’accueil inscrivait dans le registre des entrées, que maintenant la suite lui appartenait seule, que chaque cellule de son corps aurait droit à tous les égards et qu’elle pouvait se laisser aller à cette joie qui lui coupait le souffle à l’instant. Elle timbra quelques lettres qu’elle s’était promis de poster sur le chemin et glissa quelques photos dans son portefeuille en lissant soigneusement le cuir qui contenait toute sa fortune.

Elle descendit à la cabine téléphonique et annonça son départ aux sœurs et cousines. Oui, tout allait bien se passer, qu’elles se rassurent, elle rentrerait dans une semaine. Non, elle ne connaissait pas les heures de visites, mais il suffirait de téléphoner à l’hôpital. Elle appela un taxi et remarqua que le chauffeur l’observait en coin, imaginant probablement une scène de ménage qui l’avait décidée à quitter le domicile, sa valise à la main. « Je vais à l’hôpital, pour une semaine », annonça-t-elle calmement. « Rien de grave ? », demanda le chauffeur d’une voix sourde, et il ajouta : « On sait quand on rentre mais jamais quand on sort, c’est comme ça… » « Non, on ne sait jamais… » Louise profitait intensément du luxe du voyage, le taximan roulait trop vite, elle voulait en profiter et lui demanda de ralentir.

Bruxelles n’avait jamais été si belle, traversée dans la lenteur surchauffée de la voiture. Elle aurait voulu prolonger le plaisir mais le compteur la ramena à la réalité. Le véhicule glissa dans l’entrée de l’hôpital et elle sut, quand elle paya sa course, que le bonheur qu’elle ressentait depuis le matin venait de s’évanouir. La certitude que la parenthèse de grâce venait de se refermer la laissa muette dans le hall qui grouillait d’une vie qui allait et venait entre les éclopés et les infirmières affairées. Cette énergie du lieu lui redonna courage et elle se dirigea vers le guichet des inscriptions. Quelques minutes plus tard, elle était accompagnée jusque dans la chambre à deux lits qui lui était dévolue, la chambre 109. Une vieille femme, les seins affalés dans le tissu imprimé de la chemise de nuit, lui fit signe de ne pas faire de bruit et se retourna, face contre le mur.

Louise défit sa valise, rangea ses vêtements de nuit et son peignoir dans l’armoire et prit place dans le lit. Le médecin allait lui rendre visite avant midi, jusque-là elle pouvait se reposer, l’opération aurait lieu le lendemain. Elle goûta la fraîcheur des draps et se pencha vers sa voisine. La vieille dame ronflait avec un bruit de gorge qui lui rappela le bizarre grognement des dindons. Elle songea à toute cette mélancolie qui l’avait ballottée depuis le matin. Elle sourit en pensant au mot « ballottée » qui lui rappela les deux seins de la ronfleuse. Elle ferma les yeux et l’odeur des détergents, de l’éther et des parfums doucereux des couloirs la saisit tout à coup. Elle se força à penser à autre chose, tant l’odorat, chez elle, était annonciateur de malheur. Elle se pinça les narines et tout redevint calme. Seuls les bruits feutrés de l’étage lui parvenaient et la bercèrent jusqu’au sommeil.

L’opération réussit, et Louise se réveilla lentement, sans désirs, abandonnée à la candeur des vaincus. Elle ouvrit les yeux et distingua la vieille dame qui l’observait.

« Alors, tout va bien ? » Louise sourit légèrement et fit un petit geste de la main qui signifiait : « Comme vous voyez, un peu oui, un peu non… » « Vous savez, vous avez déjà reçu de la visite, vous en avez de la chance, vous… » Le « vous » était trop appuyé pour marquer une quelconque sympathie. Il s’agissait plutôt d’une sorte de langueur dans l’envie, une jalousie qui refusait de s’avouer. « Mais les infirmières ont dit à vos amies de venir plus tard, vous savez, ce n’était pas encore l’heure des visites… Pensez, il y avait déjà deux personnes pour vous à midi pile ! Le personnel est débordé, et elles étaient de méchante humeur ! » « Ah oui ? dit Louise faiblement après un silence gêné. Et vous pourriez me dire qui étaient ces personnes ? » « Des… Des noires, des Congolaises j’imagine… Deux personnes très gentilles en tout cas… Elles ont apporté des fleurs et des fruits, pour vous, regardez, là… »

La table commune était encombrée des cadeaux que la vieille dame montrait d’un doigt raide. Elle remarqua que le ton de sa voisine avait changé, elle parlait maintenant avec un accent légèrement pincé, comme quelqu’un qui n’est pas d’ici, pensa Louise, mais elle ne s’y connaissait pas en accents. Elle avait divisé Bruxelles en accents flamand, wallon ou étrangers. Les étrangers l’intéressaient moins, ce qui lui importait par-dessus tout, c’était de repérer le plus rapidement possible si son interlocuteur était originaire du nord ou du sud du pays. Elle imaginait Bruxelles comme un carrefour des accents où le Nord et le Sud se côtoyaient sans accroc, car tout le monde rentrait chez soi le soir, dans le Nord et le Sud. « Mais Louise, tu dis des bêtises, ils ne rentrent pas tous chez eux, puisque Bruxelles existe ! C’est qu’il y a des gens qui ont les deux accents qui y vivent, c’est pourtant simple… » Quand sa cousine, avec qui elle sirotait une bière fraîche à la terrasse de l’hôtel Métropole, avait relevé cette évidence, Louise avait ri et répondu aussitôt : « C’est toi qui es bête, cousine, ici, c’est le centre. Ni le Nord, ni le Sud, c’est encore un autre accent, tu verras. Et puis, ici, en plus, il y a plein d’accents de partout que je ne comprends pas. Il y en a de plus en plus, ça doit être ça l’accent bruxellois : l’accent de partout ! » Et elles avaient ri de bon cœur en terminant leur bière.

« Vous êtes flamande ou wallonne, Madame ? » demanda brusquement Louise.

« Bruxelloise, Madame, une pure Bruxelloise depuis toujours. Pourquoi vous me demandez ça, s’il vous plaît ? » L’accent venait de se ramollir, et Louise comprit qu’elle avait vexé son interlocutrice. « Pour rien, comme ça, pour savoir, j’aime beaucoup Bruxelles, vous savez… » « Ah, oui ? Moi aussi ! Mais vous savez, excusez-moi, Madame, je ne dis pas ça parce que vous êtes… congolaise… enfin, vous n’êtes pas d’ici, quoi, mais vous savez, le problème à Bruxelles, ce sont les étrangers ! Trop, beaucoup trop, partout, il y en a partout, alors, vous savez, moi, je crois que Bruxelles est foutue ! Ça peut pas tenir comme ça, croyez-moi, trop, c’est trop ! » Elle avait dit ça d’un seul souffle, comme si elle était passée soudainement aux aveux et que le pire était fait. « Oui, je vous comprends, enfin je veux dire que moi, je suis très contente d’être ici… » « À l’hôpital ? Mais ma bonne dame, vous êtes malade, quand on rentre ici, on ne sait pas quand on sort… Comment vous vous appelez ? » « Louise… Et vous ? » « Marthe… Louise, c’était le nom de ma mère. C’est quand même drôle, ça… »

L’infirmière interrompit leur conversation en annonçant de nouvelles visites. « Trois dames, pour vous, Louise, si vous vous sentez bien… Il ne faudrait pas vous fatiguer ! » Louise sourit et fit signe qu’elles pouvaient entrer. Les embrassades et les pleurs alternaient avec une belle régularité. Ça riait et ça pleurait dans la plus parfaite confusion. Marthe, jalouse et irritée par tant d’effusions, tourna le dos à la tribu des femmes et s’endormit pour ronfler encore plus bruyamment que d’habitude.

Quand elle se réveilla, le calme était retombé sur le camp des malades, et Marthe observa Louise en coin comme si elle attendait la moindre occasion pour provoquer une nouvelle altercation. La chambre était encombrée de casseroles, de tupperwares, de boîtes métalliques, de paniers emplis de fruits et de légumes frais. Un marché venait de naître au centre de la chambre 109 ! Marthe était stupéfaite : des odeurs fortes de poisson fumé, d’huile de palme, d’arachides grillées envahissaient la chambre. Louise surprit le regard intrigué de Marthe. « Si vous en voulez un peu, n’hésitez pas, vous savez marcher maintenant, je vous en prie, servez-vous… C’est très bon, ça vient du pays… » Marthe hésita, ouvrit la bouche, voulut dire quelque chose, battit deux fois des lèvres et se tut. Un long soupir la fit glisser sous les draps. On l’entendait murmurer… « Ce n’est pas possible, ce n’est pas possible… » Une infirmière entra sans frapper et apostropha Louise avec violence : « Vous vous croyez où, Madame ? Nous sommes ici dans un hôpital public, Madame, pas dans un souk ! Allez, nous allons emporter tout cela et les rendre à vos visiteuses dès demain. Interdiction de recevoir de la nourriture dans les chambres. Qu’est-ce qu’il se passerait si tout le monde faisait comme vous, hein ? Qu’est-ce qu’il se passerait ? » Et elle sortit en tirant la porte derrière elle avec plus de force qu’elle ne semblait en disposer en d’autres temps. Marthe n’avait pas bronché. Louise se mit à pleurer. Une sale odeur lui remontait au nez. Quelques instants plus tard, deux aides-soignantes emportaient les plats, les odeurs, le désordre. Au même moment, on frappa à la porte, trois autres amies, avec leurs enfants en bas âge, pénétraient dans la chambre : « Chère tantine, te voilà guérie, Dieu soit loué ! » Embrassades, pleurs et rires confus à nouveau. Les cabas de ces dames étaient pleins, et elles eurent vite fait de tout déballer et d’installer casseroles, terrines et rouleaux de chikwangue sur des feuilles de bananier déposées avec soin sur la table. « Et ça, c’est pour vous, grand-mère… » dit la plus jeune en tendant un panier de bananes et d’oranges à Marthe. Celle-ci ne savait que faire. Trop tard pour faire semblant de dormir ! Trop tard pour grogner sans un mot. Il fallait réagir. Elle sourit et accepta le cadeau en ajoutant : « Ça a l’air bien frais, tout ça ! On peut pas se plaindre à Bruxelles pour le frais ! Ça, non, on peut pas se plaindre, on a tout ! » La jeune Congolaise sourit de contentement et occupa d’une fesse le bord de son lit. Marthe lui offrit de mieux s’installer, qu’elle pouvait faire comme chez elle, que plus on était de folles… Tout le monde applaudit, et les trois visiteuses embrassèrent les grosses joues de Marthe, muette d’émotion. Ses bajoues tremblaient et elle caressait les fruits comme des reliques…

Les infirmières ouvrirent la porte au moment des cris de joie de la bande du 109 ! La première fit trois pas dans la chambre et stoppa net quand elle découvrit les mêmes casseroles que celles laissées lors de la précédente visite. Une odeur de manioc, de poisson salé et de piment flottait dans l’air. Elle fit signe à sa collègue d’avancer. L’autre aperçut le chaos cuisinier et sortit aussitôt. Elle revint quelque temps plus tard, accompagnée de l’infirmière en chef. Silence dans les rangs. Chacun s’observe durement. « C’est comme ça chez nous, Madame l’infirmière, c’est pas pour le ventre, c’est pour la tête. Mais quand ça passe par le ventre, c’est bon aussi… » Et elles se mirent toutes à rire, Marthe plus bruyamment encore que les autres, face aux infirmières, salées dans leur rôle de stricte observance des règles. « C’est impossible, Mesdames, impossible, tous les frigos de l’étage sont déjà remplis des plats de tout à l’heure… On n’en sortira pas, vous le savez bien, c’est impossible, désolée… » Marthe fit un léger signe de la main et toussota de façon très théâtrale : « Eh bien, moi je ne suis pas d’accord non plus, Madame ! » « Voyez-vous ça ! Madame Marthe qui n’est pas d’accord avec le règlement… On aura tout vu… » La plus jeune des infirmières ricana plus qu’elle ne répliqua. L’infirmière en chef lui prit le bras et lui fit signe d’écouter la suite. « Oui, je ne suis pas d’accord parce que je m’amuse, moi, maintenant, ici, dans cette chambre où on ne peut rien faire d’autre qu’attendre le temps qui passe ! Moi, je suis d’accord avec Louise : ça fait du bien à la tête, avant le ventre. Voilà ! »

« Il faudra qu’on en parle entre nous. Ça dépend de tout l’étage une question comme ça… » dit calmement l’infirmière en emmenant ses collègues derrière elle dans le couloir… « Bravo, Marna, bravo ! » lancèrent les invitées à Marthe qui s’était redressée sur son lit et toisait toute la chambre d’un regard où la fierté et la joie se mêlaient. « Servez notre amie, cousines… Un peu de tout, c’est ça… » ajouta Louise en souriant à sa voisine. Et chacun se mit à manger en commentant bruyamment chaque bouchée…

On frappa soudain à la porte, et Louise lança un timide « Entrez… » Quatre femmes encore, boubous et pagnes de

haut rang en avant pénètrent dans la chambre en manifestant leur joie de voir tante Louise en si bonne forme. On s’assied sur le lit de Marthe sans précaution, on se sert, on boit, on se frappe les cuisses de plaisir… Tant et tant de tumulte envahit la chambre que personne ne remarque l’arrivée du corps des infirmières. « Nous avons discuté entre nous, Mesdames… Un peu de silence, s’il vous plaît, et nous avons de commun accord accepté de vous prêter les frigos de l’étage. Vous pourrez nous confier vos victuailles quotidiennes, mais rien ne doit rester dans la chambre… D’accord ? » Louise et Marthe se regardent brièvement. « Merci, Mesdames, pour votre compréhension. Marthe et moi sommes très heureuses. Et il nous semblait justement qu’il faudrait partager avec d’autres malades de l’étage… Il y a déjà beaucoup trop… » précisa Louise en les saluant tandis qu’elles quittaient la chambre discrètement.

Quelques jours plus tard, l’étage du 109 était célèbre dans tout l’hôpital. Le moral des malades était si haut, prétendait-on, que les guérisons ne tardaient pas à venir. Des patients d’autres étages demandèrent leur mutation… Louise se rétablissait rapidement et se souvint du bonheur qui l’avait envahie le jour de son départ. Il y avait maintenant en elle presque de la mélancolie à l’idée de quitter cette chambre de tous les miracles… Marthe était rentrée chez elle et venait, maintenant, comme les autres, rendre quelques visites à sa nouvelle amie. Elle utilisait un sac thermos pour apporter ses spécialités culinaires à l’hôpital. Louise apprécia beaucoup le waterzooi et la blanquette de veau…

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