Théophile de Giraud

1968 : le 19 novembre, vers 19 heures, naissance à Namur, par le plus grand des hasards et sans aucune conviction. Scorpion ascendant scorpion, même s’il eût préféré Casanova ascendant Buster Keaton.
1974-1986 : longues années de goulag et de monotones lobotomies, sous forme d’études primaires et secondaires à Auvelais, toujours sans aucune conviction. Entre mille somnolences dignes de Gaston Lagaffe, un mémorable professeur lui fait tout de même découvrir Lautréamont et Artaud, ce qui ne restera pas sans conséquences sur la suite de son existence.
1977-1986 : utilise le football comme anti-dépresseur et formation aux arts martiaux sur les encyclopédiques terrains de l’UBSA ; se retrouve dans la foulée en sélection provinciale namuroise, avec beaucoup de conviction.
1983 : découverte du dandysme grâce à Baudelaire et Barbey d’Aurevilly, ainsi que de la musique cold-wave, du way (out) of life cold-wave plus exactement, grâce à l’album Pornography de The Cure. Bauhaus, Joy Division, Mittageisen, Christian Death, Killing Joke, Wire, Neon Judgement, Front 242 et une foudroyante escadrille d’autres groupes after-punk ne resteront pas sans influence sur son œuvre à venir.
1984: exhume dans la bibliothèque familiale «La grande mitraque» de Jean-Pierre Verheggen, ami d’enfance de son père, et comprend qu’une écriture qui ne casse pas tous les codes, et quelques dents, n’a pas lieu d’être, sauf chez les innombrables fanatiques de la secte de la Grande Photocopieuse.
1986 : en décembre, un mercredi, vers 12h30, perd la plus infamante partie de lui-même, son pucelage, avec énormément de conviction.
1986-1987 : vaguelotantes tentatives d’études supérieures en journalisme, philosophie et autres charlataneries. Opte vite fait pour l’autodidactisme, ayant acquis la certitude qu’un livre trié sur le volet et siroté à juste rythme de neurones restera toujours plus instructif qu’un informe tas de notes de cours gélatineuses, lavagavage de cervelle, dont la seule fonction identifiable est l’apprentissage de la soumission à l’ubuesque autorité. Conversion spontanée à l’anarchisme.
1988 : tentative de suicide en Irlande, du haut d’une falaise, de toute évidence trop basse.
1988-1998 : années de lectures intenses et d’écriture poétocatastrophilosophique, non dénuée d’un certain sens du loufoque, en anachorète grognon et méticuleux. Avide de terres vierges de métrododobébébouloteux zombies, se goinfre de voyages en terres celtes et scandinaves. Traduction forcée, quoique jubilatoire, du Manfred de Byron pour pallier à la navrante indifférence des éditeurs à l’égard de ce chef-d’œuvre du romantisme anglais. Se scandalise également, maints bouquinistes s’en souviennent, éperdus de chevrotine à l’encontre de son opiniâtre crâne, de l’indisponibilité chronique des fulgurances de Petrus Borel, « Champavert, contes immoraux » en tête. Se satisfait en revanche d’écrire pour son tiroir, jugeant inutile de polluer davantage l’espace mental public, déjà fort pollué.
1994 : sombre dans une sauvage dépression dont l’intensité aurait pu ravaler les sursauts gamma extra-galactiques au rang de timides flatulences d’escargots.
1995-2005 : suit une psychanalyse jungienne intensive avec le docteur Damien Guilmot sans le génie thérapeutique duquel il n’aurait sans doute pas survécu à ses folâtres appétits pour la fuite hors du monde, sous forme suicidaire de préférence. Alchymique hommage soit ici rendu à ce lumineux chaman des temps modernes.
1997 : parrainé par Arthur Haulot, devient, à sa grande surprise, lauréat de la Fondation Belge de la Vocation ; se décide enfin à monter sur le ring pour remonter les bretelles aux écrivains mous, consensuels et inoffensifs – à ceci près que qui perd son temps à les lire ne lit pas les éclaboussants génies de la subversion, ni ceux de la lucidité qui transmute, tue ou nous rend plus forts. Se prend soudain d’affection pour Arthur Cravan.
2000 : en février, publie son premier assaut contre la procréation, un illisible livre-délire intitulé « De l’impertinence de procréer » qu’André Blavier jugera digne de figurer dans la réédition de ses « Fous littéraires ». Parmi les rares à avoir tenté de pénétrer l’impénétrable grimoire, Franz Bartelt lui ouvrira les colonnes de la revue « Les Amis de la Grive » pour lui donner l’occasion de s’expliquer longuement sur son affligeant monstre de papier.
2000-2001 : fraternisations, déterminantes, avec les superlatifs André Stas et Noël Godin, qui renforceront son goût pour le surréalisme de combat, la jouissance sans entraves, le style qui claque à bonnes baffes et le grand rire contestataire serti dans l’indispensable ACTION. Se lie également d’amitié avec Roland Jaccard, dont il chérit l’anti-natalisme radical poivré de cynisme hilare enjambant pantagruéliquement les mornes montagnettes du bien et du mal.
2001 : le 06 décembre, canular à l’UMH (Université Mons-Hainaut). A l’invitation d’un ami, psychopédagogue dans cette université, et avec la complicité de la titulaire, se fait passer pour un professeur de philosophie de l’UCL et donne une conférence pompeusement intitulée «Ethique et procréation: une compatibilité impossible?– Pour une propédeutique à l’enfantement ». Malgré la présence d’un poisson rouge dans une carafe dont les deux conférenciers boivent l’eau à réguliers intervalles, les élèves notent docilement les propos de l’hirsute usurpateur. Beaucoup viendront même demander à la fin de l’exposé s’il s’agissait d’une blague, ou si le cours comptera pour l’examen… Nous leur expliquons, non sans peine, que ce canular avait pour but de développer leur esprit critique.
2002 : découvre, via la presse quotidienne, que le jour de son anniversaire tombe la veille du 20 novembre, date de la « Journée Internationale des Droits de l’Enfant » : en est ému jusqu’aux rires et remercie le néant pour un si coïncidentiel cadeau vide de toute signification. Plonge par contre dans un abîme de perplexité en découvrant que la « Convention relative aux Droits de l’Enfant » oublie de préciser que le premier droit de l’enfant est de ne pas naître, comme si la naissance n’était pas la pire des maltraitances.
2003 : joue son premier tournoi de badmintennis, sport de la plus holistique incandescence inventé par Philippe Duchêne, son plus cher ami d’enfance et auteur d’un incontournable mémoire (hélas inédit) sur la façon dont la parapsychologie structure la saga de Tintin par Hergé. Avis aux éditeurs ! Il est également l’auteur de l’unique monographie consacrée à ce jour au badmintennis : « Les enfants de la balle » ; et propriétaire, dans les Ardennes belges, d’un fossile de caravane qui hésite depuis de longs siècles entre le douloureux attachement à
ses reliquats d’exosquelette et le luciplacide retour à l’état de méduse. Avis aux bizarrologues !
2004 : l’inexpugnable et vitriolant peintre Serge Poliart lui propose de collaborer au Batia Moûrt Soû, journal satirique et anarchiste belge, où la liberté d’expression s’avère totale, même après une vingtaine de bières spéciales. Accepte donc avec autant d’empressement que de gratitude. http://www.elbatiamourtsou.be/
2004 : publication d’un recueil d’anti-poèmes secoués d’humour noir intitulé « Cent haïkus nécromantiques », préfacé par Jean-Pierre Verheggen et postfacé par André Stas. http://www.galopin.info/home/centhaikusnecromantiques.php
2005-2009 : participation au roboratif « Coup d’Etat » annuel de Jan Bucquoy ; sa présence à plusieurs éditions de ce happening transgressif visant à dénoncer les injustices sociales, ancrées jusque dans le hasard même de la naissance, lui permettra de se familiariser dans la bonne humeur avec les cellules et cachots de la police du Royaume. Expérience évoquée dans un des chapitres du livre « Jan Bucquoy illustrated ». Tombe amoureux du repaire du grand forban, le Dolle Mol, et y fait la connaissance de Corinne Maier, incomparable surdouée de l’extension du domaine de la sédition. Et du capiteux rire entre complotants complices.
2005 : s’émerveille d’un des plus dévastateurs canulars littéraires de tous les temps, fomenté par l’écrivain Nicolas Crousse, alors rédacteur en chef du journal satirique belge Pan. Prenez les « Chants de Maldoror » de Lautréamont, changez le titre, le nom de l’auteur et celui des personnages. Ne touchez à rien d’autre et envoyez le manuscrit à 10 éditeurs, vous recevrez neuf refus formels sous divers prétextes, dont le plus récurrent sera celui de qualité littéraire insuffisante. Un seul éditeur reconnaîtra l’inexorable chef-d’œuvre publié dans la Pléiade depuis des décennies. On n’est pas sorti du caniveau.
2005 : sympathise avec Robert Dehoux, alias Bob Dangerfield, anti-libraire, haut vivant devant l’éternelle insoumission, inventeur du bouchage de serrure protestataire, et auteur d’un livre qui devrait être la bible des anarcho-primitivistes : « Le zizi sous clôture inaugure la culture ». La dernière interview de cet immense bonhomme ici : http://www.gloupgloup.be/gloup.php?page=actu&rub=Robert%20Dehoux&dev=Interview
2006 : publication de « L’art de guillotiner les procréateurs : manifeste anti-nataliste », qui, comme son titre l’indique, ne s’enlise pas dans le démagogique éloge des poussettes. Y affiche sans ambages son espoir follement mégalomaniaque de susciter un débat public sur le bien-fondé, ou non, de la procréation, d’un point de vue éthique et écologique. Avons-nous le droit de faire des enfants ? Et, si oui, sous quelles conditions ? Deux questions de pogotante importance, mais étrangement jugées tout à fait dénuées d’importance par les journalistes, sans doute parce qu’ils ont (ou désirent, ou ont peur de la réaction de ceux qui ont) des enfants… Mur de dissonance cognitive sur lequel vient océaniquement se fracasser tout discours hostile à la reproduction. http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/12224
2006 : à la Foire du Livre de Bruxelles, par une ruse outrancière, fait dédicacer à Amélie Nothomb le livre de son pire ennemi, « Hygiène de l’intestin » d’Alain Dantinne, qui avait eu l’insolence de pasticher l’écrivaine industrielle dans cet ouvrage, et qui, pour ce crime de lèse- nullité, devint la cible d’un procès de la part de l’éditeur de la cruche en noir, avec l’actif assentiment de celle-ci. Se ruant vers l’écrivassière-robot à la toute dernière seconde de sa séance de dédicaces-couilles, le facétieux s’était fait passer pour un fan de la chapeautiforme
et lui avait présenté le livre litigieux grand ouvert à la page de faux-titre (!), qu’elle soussigna d’un aimable, inventif et virtuose « A Alain, Amélie », sans broncher, du fond de sa déclive torpidité après plusieurs heures de comateux paraphes mécanicozombicogagatescents. « Un tout grand merci, Amélie, ça fera plaisir à l’ami Alain Dantinne ! », s’esclaffa-t-il en lui montrant la couverture du pastiche honni. La cruche en noir se réveilla comme sous le sifflet d’une claque et s’éloigna titubant blême, bibeloteuse et brisée, cette fois moins de fatigue que de dépit. De l’inconvénient de se prostituer à la machine éditoriale et de dédicacer comme on écrit : sans réfléchir.
2007 : à l’invitation de Noël Godin, participe au chahut contre Philippe Val à l’ULB pour dénoncer l’interdiction faite à Tariq Ramadan de tenir conférence dans cette université, le droit à la liberté d’expression devant être inaliéable, même pour le sinistre prédicateur précité.
2007 : à l’invitation de Noël Godin toujours, rejoint les rangs de l’Internationale Pâtissière et participe, avec une joie toute marsupilamique, à l’entartage de Doc Gynéco à Waregem.
2007 : tétine autour du cou et biberon rempli de bière (son psychiatre lui déconseillant le lait) en main, livre un exposé radicalement anti-poétique aux Biennales de la Poésie à Liège. Durant tout son intervention, il remplace l’obscène substantif par un « tûûûût » d’ordinaire réservé aux « four letter words » sur les ondes, et propose que les Biennales de la Tûûûût deviennent les Biennales de la Transgression, ce qui volcaniquerait autrement de la gueule.
2008 : publie « Cold love, satanic sex and funny suicide », un essai consacré à la cold-wave, ce courant rock underground des années 80 dans lequel s’enracine l’actuelle mouvance gothique. Il y entrelace épisodes autobiographiques tragigrotesques, réflexions personnelles apocalyptocomiques, et analyses décapantes, illustrées de maintes paroles de chansons, des thématiques propres à cette sulfureuse discipline musicale et existentielle. Jean-Luc De Meyer, chanteur de Front 242, lui fera l’honneur d’une préface aussi virtuose qu’oulipienne. Ne manquez pas le chapitre sur De Volanges, le meilleur groupe rock des groupes rock honteusement méconnus.
http://www.asso-trinity.org/Trinity- Litterature.php?page=affiche&article=%AB%20COLD%20LOVE,%20SATANIC%20SEX%20AND%20FUN NY%20SUICIDE%20%BB
2008 : le 9 septembre, couvre de gouache rouge la statue du roi Léopold 2, place du Trône, à Bruxelles, pour dénoncer l’odieuse valorisation publique de ce criminel contre l’humanité, dont la crapuleuse politique spoliatrice provoqua la mort de plusieurs millions de Congolais, dans l’indifférence générale, de nos jours encore, de l’Etat et de la famille royale belge. Rédige à cette occasion un « Manifeste pour l’abolition de toutes les statues du prédateur Léopold 2 » que Philippe Dutilleul, auteur du canular télévisuel « Bye bye Belgium », reprendra en annexe de son livre « Un asile de flou nommé Belgique » http://curiosaetc.wordpress.com/2012/03/11/theophile-de-giraud-bienfaiteur-de-lhumanite/
2008 : publication d’un recueil de « textes de scène » souvent proférés dans les soirées slam : « Diogenèses, poèmes fluorescents pour patienter entre deux génocides », brèves pièces narratives poético-prosaïques tapissées d’humour noir et de mauvais goût. http://www.maelstromreevolution.org/pages/FRA/prodotto.asp?ProdottoID=123&FamigliaID=0
2009 : création, avec Frédérique Longrée, de la Fête des Non-Parents dont Corinne Maier deviendra l’indéfectible « marraine », toujours prête à dénoncer avec verve l’absurde conditionnement nataliste dans lequel nous marécageons dès notre enfance. Le samedi 16 mai
à Bruxelles, à la Dolce Vita, s’en tient la première édition durant laquelle Zidani et Jean-Luc De Meyer, invités surprises, régalent l’assemblée avec des textes-performances de leur plus haut cru de lustucrus. L’objectif principal de cette fête sera de dénoncer la pression sociale subie par les femmes childfree et de valoriser celles/ceux qui font intelligemment le choix de ne pas se reproduire : http://nonparents.skynetblogs.be/
2009 : participe à l’opération « Mort au Pilon » organisée par le clown en chef des éditions Maelström, David Giannoni, et quelques autres acteurs du livre-passion, afin de dénoncer les conditions faites aux petits éditeurs par l’industrie hautement toxique du livre- décérébration qui ne chérit rien tant que la surproduction cancériforme de textes faux afin d’écraser jusqu’au dernier neurone vivant ; lors d’un commando dans le centre historique de Bruxelles, se déguise en bébé vêtu d’un simple lange bleu et promène un landau rempli d’ouvrages à offrir aux passants et aux sans-abris ; la police néo-fasciste intervient au bout d’une heure et lui intime l’ordre de se rhabiller sous prétexte d’outrage aux bonnes mœurs, comme si le simple fait d’embrasser lècheculativement la carrière de flic n’était pas en soi une insulte au savoir-vivre.
2009-2010 : outré par l’exubérance de tribunes médiatiques offertes aux pires crapules, se lance à son tour dans le chahut dadaïste et perturbe sauvagement les confortables exposés du capitaliste Bruno Colmant (Foire du Livre 2009), et du cardinal Danneels (Foire du Livre 2010), sordide caniche du Vatican vautré dans les scandales pédophiliques, qui sont certes bien peu de chose en regard de la politique ultra-nataliste menée par ces traîtres au message évangélique, celui-ci n’incitant nulle part à la reproduction, bien au contraire !
2009-2012 : à l’invitation du Dr Lichic et de Léger Péril, pataphysiciens, rejoint le jury du cocasse, quoique défunt, « Prix Littérature Vieillesse » dont le propos était de récompenser « les ouvrages de littérature molle et peureuse, frileuse et débilitante, ennuyeuse et niaise ». Les nominés surabondaient, et le trophée était une paire de charentaises bas de gamme, souplement méritées. http://curiosaetc.wordpress.com/2011/10/18/litterature-vieillesse/
2009 : joue dans un clip de Modern Cubism, « L’importun », avec Jean-Luc De Meyer, Jean- Marc Mélot et Gaston Hollands, lors du tournage duquel il réalise que ses talents de comédien sont encore plus impalpables que son appétit pour les bambins. https://www.youtube.com/watch?v=HYwaCJx4XqI
2009 : aux flancs de l’artiste Claire Kirkpatrick, reçoit le dionysiaque honneur d’être adoubé Chevalier de la Confrérie du Taste-Fesses par Jacques Jaminon, épaulé à bas le corps dans son auguste labeur par André Stas, Serge Poliart, Christine Béchet, Geneviève Van der Wielen, le nivial Capitaine Longchamps et quelques autres redoutables fauves.
2009 : le 18 novembre, est invité à l’ULB par le journal Le Soir au débat « Le Soir rebelle », avec comme autres participants, le crypto-fasciste Modrikamen, François Houtart, « pape de l’altermondialisme », et Pierre Kroll, génialement cocasse caricaturiste de presse. Oubliant pour une fois sa marotte anti-nataliste et de faire l’éloge de la grève de la procréation comme arme politique paniquante, il y défend la légitimité révolutionnaire de l’assassinat politique ciblé. Si la CIA et la plupart des services secrets ne s’en privent pas, pourquoi le rebelle devrait-il s’en priver ? Lumumba n’est pas mort d’une pneumonie et la Belgique a encore son sang sur son drapeau, n’est-ce pas ? Modrikamen sortira du débat tremblant comme une anguille plongée dans un bain de braises, et le journal Le Soir condamnera les propos de votre inserviteur dans son compte-rendu du lendemain. Bref, la société du spectacle s’est derechef
trahie en se fendant d’une pathétique duperie : il s’agissait d’être rebelle, mais pas trop, comme une mèche de cheveux, non de dynamite. http://archives.lesoir.be/m/quatre-rebelles- face-aux-etudiants-de-l-8217-ulb_t-20091119-00QY4E.html
2010-2012 : ne pouvant réprimer davantage ses mystiques élans naturistes, se lance dans une tournée de performances fort déshabillées durant lesquelles il déclame, au fil d’un strip-tease intégral, son « Manifeste pour le droit à la nudité et à la sexualité dans l’espace public » devant diverses assistances souvent amusées, parfois médusées, toujours émues, quelquefois même jusqu’à la désertion par le soupirail le plus proche. Son homélie porte sur l’insoutenable contradiction entre la répression de la volupté sitôt qu’elle quitte la sphère privée et l’omniprésence de la violence, notamment policière, au cœur de la cité. Ce pèlerinage nudiste le mènera sur une vingtaine de scènes plus ou moins saintes dont celles du Fiestival Maelström, de la Foire du Livre, des Nuits Blanches de Bruxelles, du Dolle Mol, du Théâtre Mercelis, de la « Vijfde Nacht van de Poëzie » à Gand, du Middelheim Museum d’Anvers, etc, pour se conclure sur celle du « Festival des Etonnants Voyageurs » à Saint- Malo dans le cadre de la « Nuit de la Belgique Sauvage » organisée par André Stas en avril 2012. En octobre 2010, cette performance évangéliquement débraillée lui vaudra de remporter le « Concours d’Eloquence » dans le cadre du Festival des Libertés organisé chaque année au Théâtre National par Bruxelles Laïque et la Ligue des Droits de l’Homme. Nul n’est parfait. http://www.dailymotion.com/video/xuyu9o_performance-nudiste-theophile-de-giraud-saint- malo-2012_creation
2010 : le 15 mai, seconde Fête des Non-Parents, à Paris, avec cette fois, aux côtés de Corinne Maier, la militante écologiste Laure Noualhat, alias Bridget Kyoto, et Noël Godin comme érudidésopilants fers de lance de la cause des non-reproducteurs. http://environnement.blogs.liberation.fr/noualhat/2010/05/ne-pas-faire-denfant-cest-dans-lair- du-temps.html
2010 : pour conclure un exposé sur Rimbaud en ses dimensions les plus subversives, et en guise d’hommage aux frasques abyssiniennes du « voyant », tire au pistolet à plombs sur des cibles couvertes de slogans contre la censure, nos sociétés de contrôle au service de l’injustice, les pouvoirs liberticides et les religions crétinisantes. Une panique contenue s’empare des miroirs et des lustres suavement bourgeois du salon littéraire. Parcourant peu après une biographie d’Arthur Cravan, s’écroule de vergogne, en découvrant que l’écrivain- boxeur avait également tiré des coups de feu lors d’une mémorable conférence à Paris, et traverse durant quelques secondes une grave dépression post-plagitarium. http://mipah.be/fr/Rencontres-Debats/RD-Rimbaud/ : « Rimbaud méconnu »
2011 : entartage de l’anticontraceptif archevêque Léonard à l’UCL en compagnie de Maurice Gloup et de sa joyeuse bande de délurés lurons. L’action visait à dénoncer les positions homophobes et anti-avortement de ce sinistre sire dont l’hystérique hostilité au préservatif fait de lui rien moins qu’un meurtrier de masse, fort courtisé nonobstant par les médias dodominants. http://www.rtbf.be/info/societe/detail_monseigneur-leonard-entarte-a-louvain- la-neuve?id=5904553
2011 : publication du « Manifeste pour le droit à la nudité et à la sexualité dans l’espace public » aux éditions Microbe, dirigées d’une main de bière par le gondolant écrivain et calembourgeonnant humoriste noir Eric Dejaeger.
http://courttoujours.hautetfort.com/archives/category/sport/index-1.html/ – http://zelium.over- blog.com/article-en-plus-du-papier-zelium-n-3-manifeste-pour-le-droit-a-la-nudite-et-a-la- sexualite-dans-l-espace-public-72918534.html
2011 : en mai, troisième Fête des Non-Parents, à Bruxelles, avec Corinne Maier toujours et une nouvelle invitée, Magenta Baribeau, féministe et militante childfree qui travaille depuis plusieurs années sur un documentaire consacré à celles/ceux qui n’éprouvent pas la moindre exultation pour la procréation. http://archives.lesoir.be/pub-le_soir-ed-2e-page-16-1-photo-p- 20110516-04lzdn-jpg_t-20110517-01E9GM.html
2011 : en septembre, à l’invitation de la « Maison Internationale de la Poésie Arthur Haulot » (qui fut, saluons-la, parmi les rares acteurs culturels à ne pas s’associer au dédain général à l’égard du centenaire de la naissance du grand exécrateur de toute naissance), donne un exposé sur Cioran en compagnie de Laurent de Sutter, et profite de cette occasion pour rappeler à l’assistance que, malgré le discours des imposteurs du Vatican, le christianisme n’est rien moins qu’un anti-natalisme, ce que Kierkegaard avait bien compris, lui qui dans son « Journal » (1854-1855) eut ces phrases sèchement vasectomisantes, savourons : « Il va de soi aux yeux du Christ que le chrétien ne devait pas se marier. / La reproduction de l’espèce, le christianisme veut y faire barrage. / Mettre un enfant au monde ! Mais l’enfant naît dans le péché après avoir été conçu par infraction, et cette existence est une vallée de larmes. / Non, l’erreur n’est pas que le prêtre soit célibataire… un chrétien doit l’être. / Donner la vie, c’est là où culmine l’égoïsme humain. / Dieu veut que l’homme abandonne cet égoïsme qu’il y a à donner la vie. / Notre propre existence par reproduction a été un crime. / Sauver notre espèce, cela veut dire : cette espèce est perdue, on n’en a que trop, il s’agit d’être sauvé en sortant de l’espèce, et par conséquent il faut commencer par faire barrage à notre espèce. / Je rends grâce à Dieu qu’aucun être vivant ne me doit l’existence. / Un crime m’a fait venir au monde, m’y a fait venir contre la volonté de Dieu. La faute, qui en un sens pourtant n’est pas la mienne, bien qu’elle fasse de moi un criminel aux yeux de Dieu, c’est de donner la vie. » Espérons que maintes catholiques gravides, après avoir lu ces lignes du célèbre théologien, feront prompte et vertueuse fausse-couche. http://www.quefaire.be/rencontre- debat-cioran-de-286532.shtml : « Cioran, de l’inconvénient d’être vivant »
2011 : le 17 décembre, lors d’un concert des Black Lips au VK (Bruxelles), se déshabille dans le public et grimpe sur scène pour y danser complètement nu en hommage au passé délirant du garage band américain, et surtout pour en finir avec l’esprit de sérieux qui contamine désormais jusqu’au rock lui-même, pour ne rien dire de la littérature qui n’est plus qu’un tapis roulant de clones cupides et aseptisés. Dans la même veine de résistance à la tyrannie hygiéno-sécuritaire de Big Mother (le fascisme doux au goût de lait tiède empoisonné), refuse, malgré la sordide insistance d’un vigile, d’éteindre sa cigarette (« Appelle les flics si tu veux ») lors d’un concert de The Ex à la citadelle de Namur, durant lequel, on peut s’en réjouir, le guitariste perfora volontairement le faux plafond de la salle avec le manche de sa guitare. Un zeste d’espoir demeure. http://www.dailymotion.com/video/xonvq6_theophile-de- giraud-naked-on-stage-with-the-black-lips_music
2012 : en janvier, à l’invitation du magazine Usbek & Rica, donne un exposé dénataliste nudiste à la Gaîté Lyrique à Paris : http://vimeo.com/35596500 Il y développe notamment le concept de SURPOLLUPOPULATION selon lequel le problème écologique fondamental est moins le mode de vie de chacun que le nombre d’individus qui pratiquent ce mode de vie. Pour preuve, sans prédateurs, une simple population de cerfs en augmentation constante sur une île garantit la destruction massive de son écosystème. Non, la décroissance économique et
la sobriété volontaire ne suffiront pas, sinon à se donner bonne conscience – à fort peu de frais, il est vrai. N’oubliez pas de faire pipi sous la douche et de fermer le robinet pendant votre brossage de dents. Pour ma part, n’ayant pas d’enfant, je n’arrive pas à polluer autant que je le souhaiterais par amour de l’humour.
2012 : le 16 février, à la Cinematek de Bruxelles, nouvelle rencontre autour de Cioran, en compagnie de Laurent de Sutter et d’Elisa Brune qui confie à l’assistance le manque total d’intérêt des journalistes pour son récent ouvrage, «La mort dans l’âme: tango avec Cioran », dont le tort semble être, avoue-t-elle, de ne pas assez remonter le moral du peuple, mission première des médias, avant même que d’informer. Ainsi les livres d’Elisa sur l’orgasme féminin ont-ils rencontré un écho médiatique digne d’un phallus d’Africain. On notera par ailleurs, sous la veule plume des critiques, la perpétuelle célébration du style, pourtant neutre et transparent comme une vitre néo-classique, de l’écrivain roumain au détriment de l’énonciation de ses idées, toujours réduites à un banal nihilisme, ce qui dispense, bien entendu, de s’étendre dangereusement sur son anti-natalisme radical. http://www.icr.ro/files/items/9743_1_Regards%20sur%20Cioran.pdf : « Regards sur Cioran »
2012 : invité à interviewer Lydia Lunch à la Foire du Livre de Bruxelles dans le cadre d’un débat avec Laurent de Sutter et Coralie Trinh Thi sur le « Female Power », se régale de pouvoir interroger l’artiste after-punk sur son refus obstiné de devenir mère et son amusante fascination pour les serial killers ; connaissant le caractère kung-furibond de l’auteure du décapitant « Paradoxia, journal d’une prédatrice », se réjouit d’avoir surmonté l’épreuve sans aucune perte apparente de molaires ni de testicules.
2012 : fonde le CLOD, le « Collectif des Lutins Obstinément Dénatalistes », et organise un happening dénataliste nudiste au pied du Sacré-Cœur à Paris : http://pour-une-decroissance- demographique.blogspot.be/ ; peu de complices pourront se joindre à l’action, et nul ne finira nu, mais plusieurs médias de masse répercuteront l’appel à la décroissance démographique, ce qui était exactement l’objectif poursuivi. La société du spectacle est tout de même spectaculairement bête. http://tempsreel.nouvelobs.com/societe/20120525.OBS6605/ils- veulent-tuer-tout-le-monde-feu-sur-nokidland.html
2012 : fin juillet, remporte avec son partenaire Julien Adnet le tournoi de doubles du badmintennis, après un match épique contre de coriaces et cocasses colosses qu’Homère, à sa plus grande humiliation, a omis de mentionner dans l’Iliade. Et même dans l’Odyssée, ce qui confine à l’inexcusable. Cette victoire le hissant à la 9ème place mondiale, pose la coupe sauvagement conquise sur ses lèvres, puis l’entrepose sur les Œuvres d’Arthur Cravan.
2013 : en janvier, dans le cadre du colloque « Action radicale, sujet radical » se tenant à l’Université de Montréal, le spécialiste des fous littéraires Tanka G. Tremblay donne un exposé sur ses travaux intitulé : « L’anti-natalisme est un humanisme : la panacée radicale de Théophile de Giraud ». Le chercheur y fait remarquer, non sans raison, que Théophile « représente à ce jour l’un des plus ardents défenseurs de l’anti-procréation dans le monde francophone ». On se serait néanmoins attendu à davantage de rigueur de la part d’un universitaire : pas « l’un des plus ardents », le plus ardent, saprischtroumpf ! http://f.hypotheses.org/wp-content/blogs.dir/33/files/2013/01/Radical_24-25janv2013.pdf
2013 : grâce aux implacables talents d’élagueur, parmi tant d’autres, du poète Tom Nisse, publication d’un recueil d’humour noir en forme d’hommage au « Dictionnaire du diable »
d’Ambrose Bierce, et intitulé « Aphorismaire à l’usage des futurs familicides », avec une préface de Corinne Maier et un frontispice de Serge Poliart. http://www.maelstromreevolution.org/pages/FRA/prodotto.asp?ProdottoID=308&FamigliaID=0
2013 : le 01 août, est élu « Childfree Man of the Year » dans le cadre de l’« International Childfree Day » créé par l’écrivaine américaine Laura Carroll dont on ne saurait assez recommander la lecture de son perspicace ouvrage « The baby matrix : why freeing our minds from outmoded thinking about parenthood and reproduction will create a better world » http://internationalchildfreeday.com/2013-winner-announcement/
2013 : le 11 octobre, avec l’Internationale Pâtissière, nouvel entartage de l’archevêque Léonard durant l’action des Liliths contre Christine Boutin, pathologique opposante à l’avortement et au mariage gay. http://www.dailymotion.com/video/x15ycd2_christine- boutin-calinee-par-des-femmes-aux-seins-nus-en-belgique_news?start=29
2013 : en novembre, après de longues années de boycott médiatique, fait l’expérience de la censure pure et simple sur une bibliothèque numérique en ligne. Son livre « Cold love, satanic sex and funny suicide », au titre pourtant des plus chatoyants, est élevé au rang des « banned books » par la World Public Library qui lui signifie sa mise à l’index en un pittoresque mail dont voici l’exacte teneur : « Dear Theophile de Giraud, thank you for your interest in becoming part of the Author’s Community. Your publication does not meet our non-offensive requirements. We are not able to publish your title at this time. Best regards, Sal ». D’autant plus pittoresque lorsque l’on sait que le « Mein Kampf » du nabot nazi est par contre disponible en son intégralité sur le site de cette étrange bibliothèque américaine dont la devise semble être : « Le fascisme et l’anti-sémitisme, oui ; l’humour noir, non ». Face à de telles ignominies, sauf lobotomie à la pioche ou mise sous baxter de LSD, comment résister à l’exquise volupté de célébrer l’assassinat politique ciblé ?
2014 : en janvier, parution du livre « Du refus d’être père » de François Faucon, où figure son témoignage sur les raisons principales de son dédain pour la procréation : ne pas infliger à l’enfant l’horreur de naître, ne pas s’infliger à soi-même l’horreur de s’occuper d’un enfant et ne pas infliger à notre planète surpollupeuplée l’horreur de devoir supporter un homo sapiens de plus. Surtout s’il vote à droite et croit en dieu. http://www.editionsducygne.com/editions-du-cygne-du-refus-etre-pere.html
2014: en février, parution de l’ouvrage collectif «Moins nombreux, plus heureux: l’urgence écologique de repenser la démographie », dirigé par Michel Sourrouille, sans doute le premier du genre à réunir une furieuse brochette d’auteurs dénatalistes, dont l’auteur de ces lignes qui y développe derechef le concept de surpollupopulation en déboulonnant le mythe de Tikopia, réputée modèle de développement durable, alors qu’il s’agit d’une île complètement anthropisée dont la biodiversité mammiférine frise le zéro – tel l’accueil réservé par les journalistes à cet essai pourtant plus dépucelant que n’importe quel Prix Goncourt. http://biosphere.ouvaton.org/index.php?option=com_content&view=article&id=2594:2013- 11-19-20-49-53&catid=116:annee-2013&Itemid=110
2014 : à l’invitation de Laura Carroll, devient membre du jury de l’« International Childfree Day » chargé d’élire les « Childfree Woman and Man of the Year » – Magenta Baribeau et Dann Alexander, en l’occurrence – dont les médias aux dés pipés ne piperont le moindre mot. L’actu people par contre se porte bien, merci. http://internationalchildfreeday.com/panel/
2014 : en octobre, invité à Genève au festival « Poésie en Ville », fait ses adieux au monde littéraire de la façon la plus élégante qui soit : en ne trouvant même pas l’énergie de s’y rendre. http://www.ville-geneve.ch/themes/culture/manifestations-evenements/poesie-ville- 2014/programme-2014/vendredi-3-octobre/
2014 : en novembre, participe à un cycle de conférences sur les décroissances à l’ULB (Université Libre de Bruxelles). Parmi la quinzaine d’intervenants, il sera le seul avec Yves Paccalet à plaider pour une décroissance démographique, les autres se contentant de singer les curés en prêchant niaisement la pauvreté volontaire. Durant son exposé, il démontre pourtant qu’il suffit de soutenir le combat féministe pour aboutir au dénatalisme puisque, libérées des phallocrates, les femmes choisissent spontanément de faire trop peu d’enfants que pour assurer le renouvellement des générations. Bref, un sujet ne reste tabou que par le bon vouloir des cuistres un peu trop amoureux du totem de l’irrationnel. A l’issue de la dernière conférence, « Les décroissances : un sujet médiatiquement incorrect ? », censée décortiquer le traitement de défaveur réservé aux décroissances économique ET démographique dans les médias dodominants, il ne pourra s’empêcher de pousser un diplomatique coup de gueule depuis le public après avoir constaté qu’aucun des quatre intervenants n’a consacré une seule phrase, pas la moindre syllabe, à la décroissance démographique… Voilà ce qu’on peut appeler un boycott au carré ! A un tel degré de perfection, l’autocensure et la frousse de froisser les reproducteurs confinent vraiment au pathologique.
Programme et vidéos intégrales des conférences : http://gsara.tv/grandemesse/?page_id=22 Interview (vidéo) : https://www.youtube.com/watch?v=EadlUAiL2Io&feature=youtu.be Exposé (vidéo) : https://www.youtube.com/watch?v=Zq7kHaEhb_s&feature=youtu.be Protestation (vidéo) : https://www.youtube.com/watch?v=3rbDS9xOAHQ&feature=youtu.be
2015 : crée son site internet, sans aucune conviction. Le visiteur curieux, ou le nigaud qui croit encore à la liberté d’expression, s’amusera à parcourir sur ce site les fichiers « Coupures de presse » ou « Coupures de web » pour constater à quel point les médias dodominants ont produit un effort surhumain pour ne quasiment rien répercuter de son discours anti-nataliste. De rares journalistes ont fait exception à la règle : nous les en remercions, rutilante cervoise au poing.

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