N° 257 – Devant nous, le déluge

 
Épuisé
 

11,32 

Épuisé

Description

Il y a deux mois, la mer s’agitant dans l’Océan indien au point de détruire des localités entières et d’emporter des centaines de milliers de victimes. On dit à présent que ce séisme, déjà, n’est plus « d’actualité ». Comprenez : il n’alimente plus les médias, les supports d’information ont trouvé d’autres grains (ceci était cependant un très gros grain) à moudre. La farine en question n’était pas facile à commenter : dame, à qui faire endosser la responsabilité du désastre ? Tout le jeu, de nos jours, ne consiste plus à déterminer à qui la faute, mais plutôt à cerner les responsables. Qui, une fois identifiés, pourront faire très précisément la distinction : responsables, oui, certes, mais coupables, ça non ! Le poids de la faute a cessé d’occuper les rayons des boutiques d’idées contemporaines. Il n’est plus de stock.

De toute manière, dans le cas des meurtrières inondations qui se sont produites durant la trêve des confiseurs occidentaux, la question de la responsabilité a fait long feu. À qui faire porter le chapeau d’un glissement de couches tectoniques dans les fonds marins ? Il fut un temps où le grand ordonnateur était désigné d’office : c’était Dieu, classé de toute manière hors catégorie. S’il en avait décidé ainsi, il était vain de faire son procès, puisqu’il était l’unique dépositaire absolu en matière de bien et de mal. On ne critique pas l’inventeur des règles du jeu. On peut crier vengeance à son endroit, on peu le maudire, tout en sachant qu’il a lui aussi la haute main sur le mécanisme de la malédiction.

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