N° 276 – La société cosmétique

 
Épuisé
 

Description

Par être, il faut entendre paraître. L’adage est plus d’actualité que jamais. Il ne se passe rien aujourd’hui qui, si un profit quelconque est envisagé, ne se soucie de son image.

Cela vaut pour les produits du commerce, comme de juste, mais aussi pour bien d’autres matières qui ne devraient pas être préoccupées par la question. Le tout s’inscrivant dans le principe de chosification, de mercantilisation qui est la tendance lourde de l’époque. Le marché absorbant tout, ses usages se généralisent. Et le plus important d’entre eux est ce qui s’appelait jadis la réclame, est devenu la publicité, et se résume aujourd’hui dans la com’.

La France a donné, ces derniers mois, le plus évident exemple de cette contamination. Un nom a dominé les médias, celui de Bettencourt. Une homonymie a produit une espèce de court-circuit dans la titraille journalistique : une aspirante présidente enlevée par des insurgés a été remplacée par la femme la plus fortunée de France, détentrice d’un empire de l’industrie cosmétique, et veuve d’un ministre (notamment de la culture) de la Ve République. Son héritière légitime lui reprochait d’excessives largesses pour un protégé, écrivain et photographe notoire, qui bénéficiait de fait de la part de sa protectrice d’un mécénat d’ampleur peu commune. Cela n’aurait rien eu à voir avec la politique (sauf  le défunt mari de la vieille dame jugée indigne) s’il ne se trouvait que la milliardaire avait engagé à son service, en vue de l’assister dans la gestion de ses biens, l’épouse d’un ministre autrefois responsable du budget, aujourd’hui chargé du dossier éminemment encombrant de la réforme des pensions, qui ne pourra, crise oblige, que déboucher sur une régression du statut financier des retraités.

Catégorie :