N° 279 – Tour de France, tours d’enfance

 
Épuisé
 

Description

Et si le Tour de France était la huitième merveille du monde ? Un monument, certes, mais vivant, mobile (ô combien), une installation — pour user du jargon esthétique contemporain — qui convoque un pays, le plus légendaire qui soit, et le met à contribution comme décor et protagoniste d’une épopée sans pareille ?

Il y a des tours dans d’autres contrées, souvent inspirés de ce prototype, comme il y a des Académies, des Comédies sur le modèle hexagonal, mais il n’y a qu’un Tour, que l’on a traduit dans d’autres langues, qui est devenu Giro, Vuelta, Ronde, mais qu’il suffit de nommer pour qu’on sache qu’il ne peut être que de France, d’une France conquérante, qui passe les frontières, enjambe les mers, annexera peut-être un jour d’autres continents, des planètes pourquoi pas, en demeurant pour autant le Tour, à savoir une promenade pédalante par les routes de France et de Navarre. 

Il est peu d’événements qui s’inscrivent dans nos mémoires comme autant de repères de nos vies très personnelles. Que faisiez-vous lors de l’attentat de Dallas, de la chute du Mur, de l’effondrement des tours (dans la version féminine du mot, bien sûr) ? Nous le savons tous : je perdais un amour, je déménageais, j’étais à l’hôpital. Avec le Tour, le souvenir doit se doter d’un millésime : cette année-là, j’obtenais mon diplôme, celle-là j’enterrais un ami, cette autre encore je me retrouvais papa. Les Tours sont comme des crus, ils marquent nos âges, même si l’on feint de ne pas s’y intéresser. 

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