Ballade des hommes et des femmes des temps à venir

Colette Nys-Mazure,

On disait que la terre tournerait rond

Que les continents dialogueraient

Qu’un même ciel indemne

D’intempérants changements climatiques

S’étendrait tel un drap maternel

Sur les têtes confiantes

On disait que les armes de destruction

Seraient massivement interdites

Qu’elles seraient détruites solennellement

On disait que les prometteurs de beaux jours

Seraient astreints aux tâches d’intérêt public

Et cultiveraient des jardins sans pesticides

 

On disait que l’argent

Ne ferait plus couler d’encre ni de sang

Il n’aurait plus besoin d’être blanchi

Échanges de services et de compétences

Feraient le bonheur bien mieux que lui

Le troc retrouverait ses belles heures

 

On disait que l’anglais

Ne serait pas la langue unique

Mais que les dialectes fleuriraient

Sur les lèvres joyeuses

Le charivari des langues

Résonnerait par les contrées

 

On disait que les dieux

Cesseraient de s’affronter

En de vaines guerres sans religion

Les hommes retrouveraient

La prière de reconnaissance

Et se regarderaient dans les yeux

 

On disait que les petits d’hommes

Pourraient croître sans peur des prédateurs

Que les femmes riraient

Légères à l’égale des hommes

Que les portes s’ouvriraient à deux battants

Pour les unes et pour les autres

 

On disait que l’âge venant

Les humains fatigués

Pourraient se reposer

Entre des mains tendres et respectueuses

Parmi la verdure et les parterres fleuris

En compagnie des vivants des enfants

 

ENVOI aux princes de ce monde

On disait on disait

À force de le désirer

On donnerait corps au rêve

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