C’est contagieux, la respiration de la jeunesse.
Laurent Gaudé, Nous, l’Europe

 

Dans l’assemblée superbe

Des inconscients et des lâches,

Elle ne manque pas d’air, la jeune Greta.

 

Les tresses allègres, résolues, intrépides, elle va.

En terre fervente ici,

Hostile et hargneuse, là.

 

Elle secoue tranquillement le cocotier.

N’a pas froid aux yeux ;

Affronte sans sourciller les détracteurs.

 

Elle a quelque chose à dire à ces installés 

Qui discourent et pérorent sans agir.

Elle n’a pas la langue en poche.

 

Sur ses traces, se dressent 

Se pressent et s’élancent tant d’êtres neufs,

Assoiffés d’un monde à hauteur d’humain.

D’où sort-elle ? chicanent les méprisants.

Qui est-elle ? interrogent les pleutres.

Que croit-elle donc ? ricanent les impuissants.

 

Antigone ou Jeanne d’Arc,

Est-elle vouée à la grotte, au bûcher ?

Se hissera-t-elle au niveau du mythe ?

 

Tu es toi, Greta,

Issue d’intègre conviction,

D’insurrection lucide.

 

Avec tous, tu veux survivre et vivre

Sur une terre rescapée, sauvegardée, sauvée, peut-être.

Une vivante en marche irrésistible.

 

Cela nous suffit pour t’emboîter le pas.



Pour L.N.

Des étudiants en médecine ont conçu le projet d’ouvrir une « clinique de nounours » afin de sensibiliser les enfants au monde médical qui les effraie souvent. 

Metro

— Isa, la clinique des nounours, ça t’intéresserait ?

— De quoi parles-tu, Denis ?

— Tu sais que les enfants redoutent les médecins et les hospitalisations. Avec d’autres étudiants du cours, on est en train de monter un projet pour les aider à braver cette trouille. Lire la suite




On pourrait tomber

Le vent qui charge aura tout emporté

Il ne reste plus que la terre

Et ceux qui n’ont pas pu monter

Pierre Reverdy, « En bas », in les Ardoises du toit

Il vient de Mars. De la Terre, on lui a dit monts et merveilles. L’envie d’aller y voir de plus près. Il atterrit sur cette planète bleue comme une orange, enchanté de l’excursion. C’est à l’aube, à l’orée d’une grande ville, une mégapole dont le chant de sirène l’a séduit à travers les espaces interstellaires. Lire la suite


À la mémoire inventive de Georges Perec

Ici, c’est un village au nom musical, Froyennes, riche en voyelles et qui ne s’achève pas, « prolongeant indéfiniment par l’affaiblissement continu de l’e muet son épanouissement plein de réserve », observerait Jean-Paul Sartre.

Ici c’est la part rurale — champs, moulin, fermes et église —, où j’aime vivre à l’ombre voisine du parc d’un château à la Moulinsart. Plus loin la zone industrielle et la banlieue verte — les Français aiment vivre au bord de leur frontière en bénéficiant de notre paix.

Non loin d’ici, un sentier de halage s’essouffle à suivre le cours de l’Escaut qui sinue entre peupliers vers son embouchure flamande, portant les péniches aux prénoms polyglottes ; on est de la rive gauche comme d’une religion. Lire la suite


Elle est trop grosse, elle est trop maigre, elle ne correspond pas aux normes. Elle subit le regard désapprobateur des passants lorsqu’elle ose s’attarder et s’offrir au soleil des terrasses.

Il n’y en a que pour les mannequins tout droit sortis des magazines et des publicités ; sur les affiches, les écrans de télé.

Elle sent combien elle dérange.

Elle ne sera jamais conforme. Lire la suite


Rome des fins d’été. Rumeur, touffeur, fraîcheur des fontaines. On se prend à rêver, un livre à la main – Quo vadis, Tempo di Roma, Jours de septembre. Des images embaument la mémoire -Vacances romaines, Roma. Musique de fête La Strada.

Oui, bercée en soi depuis l’aube, Rome attend son heure sans impatience. On va dans sa vie en sachant obscurément qu’un jour. Lire la suite