Le jour de l’évasion de Dutroux, je traînais à la maison. C’était un jour de congé. Pendant cinq jours, nous avions fait la « longue » à l’usine, emballage et expédition des porcelaines vers la Tchéquie, comme chaque mois. Après la faillite, notre usine a été reprise par un groupe d’Europe centrale ou d’Allemagne, je ne sais pas au juste. Nos porcelaines sont désormais estampillées made in Czechia même si elles sont fabriquées entre Marche et Neufchâteau. Qui s’en plaindra ? À côté, dans les installations des anciens établissements Plissotier, on fabrique des T-shirts made in Korea. Grâce aux subventions européennes, la main-d’œuvre coûte moins dans notre zoning industriel qu’en Corée, mais les acheteurs n’ont confiance que dans l’Asie. Made in Wallonia sur un T-shirt ? Paraît que c’est invendable. La radio a annoncé vers 16h que Marc Dutroux s’est fait la malle et qu’il erre dans la région. Je suis allée dans le jardin jeter un coup d’œil, il n’y avait personne. Comme il faisait doux, je me suis installée dans la chaise longue. Mon mari m’a apporté une boîte d‘ice-tea. Et il s’est assis dans l’herbe, à côté de moi. « Qu’est-ce qu’on fait avec Dutroux au cas où… ? » il a demandé en regardant à la ronde avec un air inquiet. Lire la suite