Il pensait avoir tout vécu. Il était sorti indemne de deux conflits mondiaux. Certains de ces semblables n’avaient pas eu cette chance. Il avait grandi dans un contexte difficile et ses protecteurs avaient formulé l’espoir qu’il puisse tout au long de son existence rassembler et réconcilier. Ce qu’il avait fait avec un certain succès. Et ce qu’il continuait de faire à l’aube de ses quatre-vingt-six printemps. Après tout, n’était-il pas reconnu comme un élément majeur de la capitale de la Belgique ? En tout cas, il faisait l’admiration de tous et bien au-delà des frontières. Y compris aux États-Unis.

C’est précisément des États-Unis d’Amérique que vint le choc. Inattendu, brusque, destructeur. Pourtant, les États-Unis, il connaissait. N’avait-il pas tout au long de son existence reçu chez lui des invités d’outre-Atlantique renommés et prestigieux ? Artistes, hommes politiques, grands conférenciers, acteurs et spectateurs, tous apportèrent avec bonheur leur talent et leur intelligence, connaissant les manières qui siéent aux amateurs de culture. Cette harmonie fut rompue l’après-midi du 26 mars, le jour où le président des États-Unis débarqua chez lui pour prononcer un discours très attendu sur l’avenir du monde. Lire la suite