Les temps peuvent venir où les rapides sabots des coursiers barbares
claqueront sur les décombres amoncelés de nos villes.

Ernst Jünger, la Guerre comme expérience intérieure

La scène se passe en août 2014 dans le bureau du président de l’hyperpuissance. Sont présents quelques membres triés sur le volet du Conseil de sécurité : David B***, le tout-puissant chef de la police secrète ; Edward S***, le responsable occulte de Rubicon, le programme de guerre électronique ; le général Timothy W***, le dirigeant le moins corrompu du complexe militaro-industriel. Outre deux ou trois assistants qui ont juste le droit de servir le café équitable et les cookies, participe aussi à cette réunion Lord Gibbon, l’ambassadeur de Grande-Bretagne. Lui, à petites gorgées, boit du thé de sa réserve personnelle, un Ging biologique, first flush. Sans lait.

Tous transpirent abondamment en raison d’une panne générale du système de climatisation et ont déjà, à l’exception du Britannique, tombé la veste et défait leur nœud de cravate. De l’ordinateur présidentiel, sur lequel se fixent tous les regards, s’échappe une voix mélodieuse qui scande une étrange mélopée : Aum, Hana Hana, Daha Daha, Paca Paca… Lire la suite


Patrie toujours expirante

Belgique, royaume humain.

Paul Neuhuys, la Fontaine de jouvence

La scène se déroule pendant les saints de glace à Bruxelles, capitale des Provinces belgiques, dans un salon du Palais royal. Toute à sa rêverie, la princesse se tient à l’une des fenêtres de l’aile droite, en face du parc. Dans sa robe de brocart émeraude où flamboient la nacre et l’or, elle attend la visite du magister en caressant le museau d’Osbert, son animal de compagnie. Le petit rongeur se dresse sur les pattes arrière et, de ses longues moustaches soyeuses, vient chatouiller la main de la future reine. Une horloge sonne la demie. Dans le silence feutré, une porte grince en douceur. On gratte à celle du salon bleu. Entre un chambellan, velours jaune et noir. Lire la suite