Pour Jacques De Decker

Le texte est irréductible. On ne s’en évade pas. C’est une prison, il n’y a même pas de gardiens que l’on puisse corrompre. Les mots s’imposent une fois pour toutes, ceux-là et pas d’autres, dans un certain ordre qu’on est obligé de trouver et qu’on ne peut plus modifier, on est enfermé dans des phrases qui sont comme les barreaux d’une cage – ou bien c’est un train aux portières verrouillées, qui file à grande vitesse sur des rails inamovibles, je frappe aux fenêtres, je crie, personne ne m’entend, il ne s’arrêtera jamais, je vois défiler les campagnes paisibles où des gens vivent, je traverse des gares, des villes, des montagnes, l’humanité entière est sourde. Je voudrais que quelqu’un essaie de me rejoindre. Je suis protégée par une forteresse, j’ai fermé toutes les portes à double tour puis j’ai jeté les clefs dans les douves, je meurs de détresse et de solitude. Lire la suite