On frappe, j’ouvre, Schwarzie se tenait derrière la porte, il s’était accroché au dos un bout de ciel lumineux comme on en trouve rarement ici, que faites-vous là, que voulez-vous, Schwarzie ne semble pas m’entendre. Je relance ma question, le coin de ciel bleu me la renvoie, mon propos s’écrase à mes pieds sans que Schwarzie n’ait fait le moindre effort pour paraître humain, pour dire quelque chose d’humain, un simple bonjour Monsieur, je suis Arnold Schwarzie, par exemple. Même si – reconnaissons-le – cette présentation était superflue (je suis parfaitement capable de reconnaître Schwarzie quand je le vois), une pareille entrée en matière m’aurait rassuré, je ne suis pas inquiet, la soirée était formidable, Dominique vient d’appeler pour me le dire. Le dîner, les invités, notre fin de nuit : très bien (impression immédiate de figurer aux quatre étoiles d’un guide des soirées mondaines), Dominique trouve tout formidable. Si, comme moi, elle ouvrait une porte et trouvait Schwarzie devant elle, elle dirait « formidable » (avec la lippe gourmande qu’elle montre dans ces moments-là). Je ne suis pas inquiet, mais une apparition de cette importance soulève des questions, peut-être des objections ! Essayez de vous mettre dans la situation : Schwarzie turgescent, Schwarzie de ciel vêtu, (on perd automatiquement 80 % de chance de comprendre ce que Schwarzie fait là si on n’associe pas le garde-à-vous de Schwarzie et le ciel bleu). Lorsqu’une porte ouverte vous met en présence d’un visiteur inattendu, la surprise est pour vous (surtout si le visiteur s’est fait accompagner d’une portion de ciel bleu), est-ce pour autant une bonne surprise ? Je n’ai plus l’âge de croire que toutes les surprises sont agréables, j’en ai connu de sacrément funestes, et devant une présence inattendue (néanmoins familière comme peut l’être celle de Schwarzie), la première réaction humaine devrait être l’inquiétude, voilà, le mot est lâché ! Lire la suite