« À Lorenzo il Magnifico ! » Les verres de spumante furent brandis et à toutes les tables on porta un toast vibrant au premier enfant et petit-enfant des exploitants de l‘albergo dette Terme à Bagno Vignoni. La succession était assurée. On apporta des plats fumants et des bouteilles sombres pour des hommes vêtus de costumes brillants et des femmes tapissées de tout ce qui peut s’accrocher. Le lieu de l’action : la terrasse en plein air de l’hôtel, avec vue sur un bassin de quarante mètres sur vingt. Un bassin remplace ici la place du marché.

Luigi m’avait conduit en voiture depuis Pozzuolo, un village donnant sur le lac Trasimène. Nous passâmes par Montepulciano, puis Pienza, où il n’était jamais allé. Le paysan était intarissable sur la terre aride, sans arbres ni buissons, de Val d’Orcia. La photographie d’art toscane était le cadet de ses soucis. Nous parlâmes des vendanges, de la qualité probable de la récolte de l’année du jubilé 2000. Il livre ses raisins à la Cantina de Montepulciano : raisins ombriens qui deviendront un Vino Nobile toscan. Au sujet de son fils, qui prépare l’examen d’État, il déclara : « Si ça ne tenait qu’à lui, il continuerait à étudier pour l’éternité. » Il le dit avec la résignation mélancolique d’un père qui évalue la distance entre sa vie et celle d’un fils qui ne sera pas un successeur. C’est pourquoi Luigi loue maintenant des chambres à des touristes et a installé une piscine où les villageois peuvent venir nager le dimanche ; en outre, il tolère des Allemands sur ses champs. Lire la suite