La musique repose sur l’harmonie entre le ciel et la terre, sur l’accord entre l’obscurité et la lumière.

Les États décadents et les gens mûrs pour le déclin n’ignorent pas la musique, il est vrai, mais leur musique manque de sérénité. Aussi, plus la musique est bruyante et plus les gens deviennent mélancoliques, plus le pays est en danger et plus son prince tombe bas. De cette manière la musique se perd jusque dans son essence.

Le Printemps et l’Automne, de Lu Bou WÉ, cité par Herman Hesse dans Le Jeu des Perles de Verre

— Cet opéra, tu le trouves vraiment bon ?

Celui qui posait cette question s’appelait Antoine Van der Noot. Professeur de littérature et critique d’art, il couvrait les grands événements culturels de la ville. L’homme à qui il s’adressait tourna la tête et lui sourit. Hadrien Delstanches, avocat, était aussi administrateur de la Monnaie, l’opéra de Bruxelles. Ils occupaient, seuls, deux sièges au milieu du cinquième rang.

— Quand je l’ai découvert à Paris, il y a deux ans, je t’avoue qu’il ne m’avait pas fait vibrer. Mais quand notre directeur nous l’a proposé pour fêter le 59e anniversaire de l’empereur Guillaume, je dois bien reconnaître que ce choix m’a fait sourire. Daniel François Auber ne sera jamais l’égal de Mozart ou Monteverdi, mais sa Muette de Portici me paraît de circonstance. Lire la suite