Âlif

El-Djazaïr, 7 Chaaban 1412

« Par le Temps ! », s’était exclamé le Prophète qui écrivait la Sourate 103 – Al-Asr. « Par le Temps ! L’homme est certes en perdition, sauf s’il accomplit les bonnes œuvres. » Et pourtant, que ne nous en libère-t-il, du Temps, Allah le Tout Miséricordieux qui a créé les cieux et la terre en six jours équivalant sans doute chacun à mille ans de notre calcul ! Que ne nous en libère-t-il, nous qui vivons chaque jour la fin du monde !

Plus d’eau. La Casbah est à sec. Les gorges s’assèchent. Les esprits se dessèchent. Les cœurs plus encore. La querelle est partout, et ne respecte plus rien. Même le soir de l’Aïd-el-Kebir les cagoulés ne nous ont pas laissé sacrifier le mouton en paix : notre Loubna (les Roumis savent-ils que ce beau nom signifie « arbrisseau de benjoin » ?), la chère enfant que Dieu nous a donnée, est rentrée en pleurs tant les crépitements des armes automatiques l’avaient effrayée en chemin. Lire la suite