pour Jacques De Decker

… et puis la ville, comme un grand vent battant les murs ; hommes debout sur les maisons, attendant l’orage, collés aux façades, hallucinés ou morts, en érection, debout sur les toits et humant les fumées, dans le vacarme montant des rues, parmi les cheminées et les antennes, les capteurs, les épis de faîtages, dominant les cours et les jardins pelés où les petits garçons se montrent le zizi, puis courant et sautant d’une terrasse à l’autre, comme poursuivis, et tombant à travers les tabatières sur les couples endormis enlacés, pétant entre eux, enfin dévalant les étages et se retrouvant dans les voitures au milieu du tintamarre avant de se réfugier dans les caboulots paisibles où les pensées toutes faites s’enroulent dans l’odeur de bière et de tabac froid ; la ville, sans lendemain ni passé, grelottant sur ses bases, sur les débris informes à jamais enfouis, se déplaçant sournoisement de maison en maison, brouillant les pistes de boue, les murs et les pavages flottant dans ce magma, fracassant des fragments de ponts, des tours de garde, des boutiques entières de poterie ; soudain envahie de cendres et de cris, moule abject de la terreur – and I laid here, with my lover – alors que le vent soulève la poussière des siècles, sous l’œil des guides jaloux de ne perdre personne, voire d’agglutiner de nouvelles victimes, futurs rois, futures reines, dames d’atour et malfrats lâchés du haut des donjons ou des planches, des tremplins réservés aux mutins, muscadins et masques, lanceurs d’oranges sèches, ivrognes de circonstance déboulant entre les façades grillagées (comme les tambours pénètrent jusqu’aux tripes), lâchant les chiens, crevant les nuées, piétinant, piétinés, féroces : la ville au petit matin, silencieuse, embrumée, douillette – et puis les chiens encore, les chiens libres et rapides, flairant, laissant, léchant, filant : l’heure des chiens, la ville des chiens, le territoire quadrillé de vent, quelques minutes avant les savonnées, les vapeurs, les remugles. Alors les hommes remontent aux façades, hissés sur les toits, attendant la nuit, les projecteurs et la neige.


Beau comme la rencontre de Mozart et de Rembrandt sur une table de dissection, le regard de Joachim Pressler semble avoir jusqu’à présent échappé au commentaire. Le génial inventeur de l’orthographe pincée (imité par les zélateurs de l’écriture poinçonnée) a sans doute dû son anonymat quasi-total à l’obscurité de sa naissance, à celle de sa vie tout entière et à une mort parfaitement conforme à celle-ci puisque, semblable à de nombreux contemporains, il passa de vie à trépas sans insister. Lire la suite


Je me suis longtemps exprimé, naguère, sur ce qu’il convenait de penser de la vache[1]. En résumé : rien du tout.

Pour le veau, on pourra penser la même chose, mais en plus petit.

Il est déconseillé de rassembler les cochons et les couvées, cela salit les nichoirs en éberluant la volaille.

On trouve d’admirables couvées dans la région du lac de Virelles.

Je m’en tiendrai là pour cette fois. Allez en paix, et que les compilateurs d’ysopets vous protègent.

[1] In : Des vaches et d’autres, La Louvière, Daily Bul, 2000, pp. 105-106.