Greta Thunberg et le Tour du monde en 80 jours

Edgar Kosma,

Chronique sur Radio Judaïca du 26/11/2019
Ce vendredi 22  novembre 2019, j’étais à une fête, dans des anciens bâtiments de la SNCB, gare du Midi. Il était près de 23 heures et dans cette salle sombre, il y avait un concert bruyant, des gens qui buvaient de la bière, fumaient et dansaient. À un moment, j’ai vu un petit garçon, à peine 2 ans, qui est sorti de la fumée, juste devant les baffles qui crachaient. À côté, sa mère, bobo flamboyante, se dandinait autour de lui comme si elle voulait faire tomber la pluie sur une pousse de chou kale.

C’est à cet instant que je me suis dit que la salle devait se diviser en deux catégories bien distinctes : les bobos qui sont plus bo que bo et qui trouvaient ça trop mignon ; les bobos qui sont eux plus bo que bo et qui eux pensaient que sa place était dans son lit.

Et moi, dans tout ça, je me suis aussi demandé si j’étais plus bo que bo. Mais sans réponse à cette question vertigineuse, je me suis soudainement mis à penser à Greta Thunberg. Oui, parce que dès qu’on parle de cette jeune activiste Suédoise, il y a toujours ceux qui la voient comme une héroïne du XXIe siècle ; et ceux qui trouvent qu’elle ferait bien d’aller à l’école et de laisser les adultes détruire le monde. Sans compter ceux qui la voient comme un être magique, voire maléfique.

Quelques jours plus tard, je me dis que c’est étrange qu’il y ait tant d’idées irrationnelles à son sujet, parce que Greta, tout ce qu’elle fait, c’est nous crier dessus, avec ses petits yeux d’ange ou de démon : « Mais allez-vous enfin écouter la parole rationnelle des scientifiques, nom d’Odin ? ! »

À propos de ses prétendus pouvoirs magiques, une photo de 1898 vient d’être découverte dans les archives de l’université de Washington, avant de faire le tour des réseaux sociaux. On y voit trois enfants en plein travail dans une mine d’or au Canada. Et l’enfant de gauche est soit Greta Thunberg en 1898 avec ses traits d’aujourd’hui ; soit une jeune fille à nattes de 1898 qui ressemble comme deux gouttes d’eau à notre Greta. (Biffez la mention inutile.) Quel que soit votre choix, une chose est sûre : quoi de mieux que ce genre de news pour les complotistes en tous genres qui vont jubiler à renforcer le côté extraordinaire de l’ado-Viking. Greta : prophète pour ses adulateurs ; sorcière pour ses détracteurs !

Je suis un homme rationnel et je ne vois là rien d’autre qu’une coïncidence. N’empêche ! Cette histoire de voyage dans le temps, c’est un peu troublant, non, me dis-je, à l’heure d’écrire ces lignes ?

Je m’explique : Greta a embarqué sur un voilier fin août 2019 afin de participer au sommet de l’ONU sur le changement climatique à New York. Et après une tournée nord-américaine, elle devait se rendre en bus à Santiago pour rejoindre la COP25. Mais pour des raisons d’instabilité politique au Chili, la COP25 a été déplacée à Madrid où elle a eu lieu début décembre 2019…

Imaginez-vous ce qu’elle a vécu depuis qu’elle a quitté l’Europe ? Traverser l’océan pendant des semaines puis, à peine arrivée, devoir faire le chemin inverse pour tenter d’arriver à Madrid le jour J… N’est-ce pas là un périple encore plus dingue que le Tour du Monde en 80 jours de notre vieil ami Phileas Fogg ?

Quand je pense à ce que cette jeune femme est en train de vivre, je ne peux m’empêcher de me demander : qui vit encore de telles expériences aujourd’hui ? Plus personne, je vous réponds !

Moi, ce que je vis de pire, dans ma vie d’homme blanc dominant en 2019, c’est, par exemple, d’être ajouté dans une conversation Messenger et ne pas oser la quitter, ou me retrouver sans batterie alors que je viens de partir de chez moi, ou encore commander un Uber et ne lui donner que 4 étoiles sur 5 car il y avait une drôle de tache sur la banquette arrière.

Alors, Greta, j’ai un message pour toi : si, comme tu nous le laisses croire, tu peux réellement voyager dans le temps, eh bien, plutôt que d’aller en 1898, ne serait-il pas plus malin de te rendre directement en 2098 ? Histoire de voir ce qu’il reste de la planète… Comme ça, au moins, de deux choses l’une : on sera fixés !

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