Victime contre victime

Mauricio Ruiz,

traduit de l’anglais par Fabienne Gondrand

Ils étaient assis à une table dans le fond quand elle lui donna les raisons de son attitude pensive, à moitié absente. Sa voix ne trahit aucune hésitation, pas l’ombre d’un doute, égrenant les mots d’abord deux par deux, avant de ménager une pause, puis de débiter une phrase, cinglante.
Il encaissa le coup, comme un jet d’eau dont la force l’aurait plaqué au mur.
C’était une erreur, lui dit-elle. « Tom, s’il te plaît. Je ne sais pas quoi te dire d’autre. »
Berit lui annonça qu’elle voulait le garder. À son âge, ça devenait compliqué. Elle espérait qu’il comprendrait.
Il enleva ses lunettes et entreprit de se masser les paupières.
« C’était une erreur », répéta-t-elle.
Il essaya d’attirer l’attention du serveur. Il lui fallait de l’eau.
Elle tendit la main par-dessus la table et la posa sur la sienne. « Ça ne voulait rien dire. »
Un serveur chargé de deux plateaux hocha la tête à son intention mais s’éloigna en direction des cuisines.
— On peut surmonter ça, affirma-t-elle. Ensemble.
Une lueur apaisée, presque rêveuse, traversa son regard quand elle ajouta qu’elle l’aimait. Elle voulait être avec lui, personne d’autre.
Le restaurant du musée était quasiment complet. Les spectateurs étaient restés boire un verre après la représentation. Thomas chaussa ses lunettes, tenta de mettre de l’ordre dans ses pensées.
— Pourquoi ? parvint-il à articuler. Pourquoi tu as fait ça ?
Le serveur apparut en souriant, buste incliné en avant, mains croisées dans le dos.
— De l’eau, demanda Thomas. Pétillante.
L’homme opina du chef.
— Autre chose ?
— Un whisky, double. Sans glaçon.
Une fois le serveur parti, ils sombrèrent dans le silence. Thomas se refusait à répéter la dernière question. Elle avait entendu.
Alors Berit déclara :
— Je sais que ce n’est pas ce que tu as envie d’entendre, mais je me sentais seule, pas désirée. Je vois bien comment tu regardes les femmes plus jeunes, et ça ne me dérange pas. On gère tous comme on peut le fait de vieillir.
Elle s’interrompit pour avaler sa salive.
— Je pensais que c’était pour satisfaire mon ego, que je l’utilisais pour me booster le moral et que ça se terminerait par un baiser sur la joue. Il n’y avait rien d’autre.
— Jusqu’à ce que si.
— Le plus marrant, c’est que tu n’avais pas l’air de te rendre compte de la situation.
— Ah bon ?
— Exactement comme tu le fais encore maintenant.
— Combien de fois t’ai-je demandé : « Berit, tu as l’air absente, tu as l’esprit ailleurs. »
— Et je réagissais comment ?
— Ce n’était pas l’affaire d’une fois, une sortie bourrée entre potes. Tu es tombée enceinte.
Il sentit un picotement dans le coin de l’œil et détourna le regard.
Le serveur revint, déposa deux verres sur la table, un contenant l’alcool, l’autre vide. Il versa de l’eau dedans puis s’éclipsa.
Thomas souleva le whisky, se laissa aller contre le dossier de sa chaise et remua son verre d’un mouvement du poignet ; il huma la tourbe, le parfum de xérès des fûts de chêne.
— C’était qui ? demanda-t-il par-dessus son verre. Si tu me racontais comment ça s’est passé ?
— Non.
— Pardon ?
— Je ne vois pas l’utilité. Ça va te faire du mal, tout détruire. Pour quoi faire ?
Thomas étouffa un hoquet de surprise.
— C’est facile à dire, pour toi.
— Il n’est pas encore au courant. Je voulais d’abord en parler avec toi.
Il fit claquer sa langue et secoua la tête imperceptiblement. Il ne voulait pas céder à la tentation d’intenter des procès, d’avoir une parole qui dépasserait sa pensée, parce qu’il finirait par le regretter. Il n’était pas prêt à ce qu’elle sorte de sa vie. Il emplit ses poumons.
— Tu disais que tu songeais à le garder ?
Elle le dévisagea, les yeux plissés.
— Je cherche à comprendre, c’est tout, ajouta-t-il.
— Pourquoi tu fais toujours ça ? Tu sais très bien ce que j’ai dit.
Il y eut un silence.
— Est-ce qu’on pourrait essayer d’en parler, au moins ? Si on est un couple, j’ai quand même mon mot à dire, non ?
Elle étira son cou.
— Il faut que j’aille aux toilettes.
Elle se leva. Sa hanche effleura son blazer et il sentit son parfum, mélangé à de la laque, vraisemblablement une touche d’après-shampooing, mais cette fois-ci elle ne posa pas la main sur son épaule. Quand ils allaient au restaurant, qu’elle était assise face et lui dos à la salle, elle l’embrassait toujours sur la tempe quand elle allait aux toilettes, une bise rapide en passant, ou bien elle promenait ses ongles dans ses cheveux, juste au-dessus de son oreille, ou bien encore elle posait la main sur son épaule. Il pensa à l’autre homme, et se demanda si elle l’avait embrassé comme ils le faisaient tous les deux, quand elle enroulait ses jambes à sa taille, qu’elle enfonçait ses ongles dans son dos tandis qu’ils synchronisaient l’ondulation de leurs corps jusqu’à atteindre l’orgasme, pantelant comme des alpinistes hors d’haleine. Il sentit la colère lui vriller le cerveau, la fureur. C’était donc ça, l’impression d’une mort lente, à se noyer dans un océan de trahison ?
*
C’était lui qui avait proposé de passer la soirée au Centre d’art Henie-Onstad. Ce n’était pas loin, quelques kilomètres en voiture à l’extérieur d’Oslo mais l’endroit ne l’avait jamais emballée. Elle préférait sortir dîner dans un restaurant de Frogner ou Majorstua, éventuellement Aker Brygge. Allez, s’était-elle plainte. C’était vendredi soir, la fin d’une grosse semaine au boulot. Elle méritait un bon gueuleton, de dépenser tout l’argent qu’elle voulait pour s’octroyer un de ses rares plaisirs. Et souvent, ça finissait comme ça, ils faisaient ce qu’elle voulait, et ça ne le dérangeait pas. En réalité, c’était même ce qu’il trouvait séduisant, chez elle, son autoritarisme aigre-doux, et encore aujourd’hui, au bout de quatre années de relation, elle restait un mystère, un faisceau de contradictions plus irrésistibles les unes que les autres. Il admirait sa force, son combat pour que les femmes accèdent au sommet, avec son attitude parfois obstinée. Mais c’est encore autre chose qu’il avait vu en elle, une allégresse refoulée de longue date, et sans doute réprouvée, aussi. Elle lui avait dévoilé son manque d’assurance, ses peurs, parce qu’avec lui elle ne portait aucun masque. Il aurait donné tout l’air de ses poumons pour la voir rire, une telle joie, et ses dents, qu’il avait un jour qualifiées de trop grandes, étaient dignes à ses yeux d’une Madone des montagnes d’Italie ; il aimait l’abandon qu’il lisait dans son regard, l’indifférence qu’elle portait alors à son corps, sa peau flasque, les rides autour de ses paupières, rien de tout cela ne semblait revêtir d’importance ces matins-là quand ils étaient au lit, à demi au paradis, trempés de sueur, et qu’à sa physionomie on aurait dit qu’elle contemplait la naissance d’une étoile.
Il savait qu’elle voulait un enfant. Elle le lui avait dit au tout début, dès leur troisième rendez-vous et il voyait bien, à la façon qu’elle avait de regarder ses amies et leurs bébés, qu’elle ne ménagerait pas ses efforts pour arriver à ses fins. Cela ne laissait aucun doute dans son esprit. Un jour, au journal télévisé, ils avaient vu une femme désespérée : veuve et stérile, elle avait volé un bébé dans son landau. Le reportage montrait des gens en colère, des femmes la bave aux lèvres, qui traitaient la veuve de toutes sortes de noms ignobles, quelle cruauté, impardonnable. Berit s’était levée pour chercher à boire dans la cuisine ; il avait entendu l’eau couler dans l’évier, le bruit des tiroirs et des placards qu’on ouvre. À son retour, elle n’avait pas dit un mot ; elle était restée là, le verre contre ses lèvres. Il avait fait mine de ne pas la regarder.
*
Une représentation en deux actes, c’est ce que Thomas avait lu dans les journaux. Un homme palestinien, une femme israélienne. Victime contre victime, les deux devenant bourreaux. Deux corps comprimés l’un contre l’autre, enchevêtrés dans un monde de désespoir. Une incompréhension perpétuelle qui donnait l’impression – de quoi ? D’être miné par l’ennui, un océan de lassitude infinie. Thomas s’était décidé après avoir discuté avec une de ses amies, journaliste free-lance et danseuse, qui avait vu le spectacle et rédigé un article pour un magazine culturel. Ça avait créé des remous, fait la polémique, les gens en parlaient. « Il faut que tu le voies », lui avait-elle confié. « Il faut que vous le voyiez tous les deux. Je vais vous avoir des places. »
Ce soir-là, Berit était rentrée du travail les traits tirés, sa jupe de tailleur froissée, une tache blanche sur sa veste. Son poste de cadre supérieure impliquait de longues heures de travail, des conférences téléphoniques qui tombaient parfois le soir et le week-end, mais elle avait appris à gérer, à poser la limite quand c’était trop.
Elle retira ses chaussures, sortit le chemisier à sa taille et dénoua ses cheveux. Elle s’assit sur le canapé et alluma la télé, les pieds sur la table basse ; la tête en arrière, les yeux plissés. Elle se mit à zapper. On aurait dit une impératrice de Chine accablée de tristesse.
— Tu veux boire quelque chose ? demanda-t-il.
Elle lui répondit sans tourner la tête.
— Plein de glaçons.
Cela faisait un an qu’ils essayaient de faire un enfant ; Berit prenait sa température, le suppliait de se concentrer et d’aller jusqu’au bout. Elle pressait ses fesses entre ses mains, le tirait fermement en elle. Quand ses ongles s’enfonçaient dans sa peau, il arc-boutait les reins et souffrait en silence. C’était le seul moyen, faisait-elle valoir. Elle était plus âgée, presque six ans, et le temps était impitoyable, il le savait, mais le sexe, entre eux, n’était plus comme avant. Avant, elle le laissait déboutonner son pantalon tandis qu’elle hachait le persil, le laissait l’embrasser dans le cou et sur le lobe de l’oreille, humer ses cheveux, et puis elle étouffait un cri de surprise quand il glissait une main dans sa culotte.
À présent, tout était orchestré. Il s’était surpris à prêter davantage attention aux étudiantes à l’université, certaines filles se mettaient en quatre pour en savoir plus sur sa vie privée, aimait-il aller au cinéma ou au théâtre, s’intéressait-il au sport. L’une d’elles l’avait invité à boire une bière, plus d’une fois, l’avait convié à une fête, ça l’avait tenté, excité même, mais ce n’était qu’une histoire de désir, rien qui ne saurait durer, d’ailleurs il n’en avait pas envie, c’était purement physique, très loin de ce qu’il avait avec Berit. Mais l’idée persista. En serait-il capable, serait-il capable de baiser l’étudiante contre le mur des toilettes puis de rentrer chez lui et de s’allonger à côté de Berit comme si de rien n’était ? Cette seule pensée l’effrayait, qu’il eût ça en lui, qu’il pût faire comme son père, avec ses infidélités plus ou moins cachées. Peut-être était-il trop tard, déjà. Il avait senti son ventre frémir de désir, il avait fantasmé sur la fille. Cela ne le rendait-il pas tout aussi coupable qu’une femme qui par faiblesse couche avec un autre homme ?
*
Ils avaient passé tout le trajet en taxi vers le Centre d’art Henie-Onstad à distance l’un de l’autre, chacun regardant par sa vitre le défilé des maisons et des grands arbres, les stores à lattes, puis le corps flottant du silence, vêtu d’obscurité, lugubre, laissant derrière eux les sanglots lointains de la ville.
Le chauffeur les déposa à deux cents mètres du centre ; des dizaines de voitures étaient garées en rang sur la pelouse, d’autres en double file, les piétons se faufilant anxieusement entre les véhicules. Deux grandes affiches étaient accrochées à l’entrée ; l’une montrant un homme et une femme, l’autre deux femmes. Berit fronça les sourcils et secoua imperceptiblement la tête tandis qu’ils entraient dans le foyer. Au moment de quitter l’appartement, elle lui avait fait promettre de lui laisser le contrôle de la soirée. Même s’il espérait ne pas en arriver là, il comptait tenir sa promesse : dès l’instant où elle tapoterait son avant-bras, ils s’en iraient immédiatement. Pas d’excuse.
Au guichet, ils trouvèrent deux places, qui n’étaient pas côte à côte, mais dans la salle, trois femmes journalistes se décalèrent avant que Thomas n’eût à demander. Il aida Berit à retirer sa veste et jeta furtivement un œil aux rangées derrière eux, occupées pour la plupart par des femmes. Il y avait un programme, une brochure qui donnait des explications sur le projet mais Thomas secoua la tête, le refusa d’un geste de la main. Il voulait le voir, le sentir, être choqué par sa puissance.
Le premier acte, avec ces instants bien délimités, ne dura pas longtemps. Aucune autre explication n’était nécessaire. Une femme, une femme juive, jeune et belle, est méprisée, maltraitée chez elle, victime d’une oppression séculaire. Sa vie entière, son être intrinsèque piétinés par les hommes, par tout le monde autour d’elle. À présent, elle veut prendre sa revanche, ce n’est que justice, et elle choisit un homme, un homme palestinien pour payer la note, victime à son tour. Rabaissé, il ne lui reste plus rien, jeté dans l’abîme.
Du coin de l’œil, Thomas se rendait compte que Berit était fascinée. Elle opinait du chef, un fin sourire se dessinait sur son visage, même s’il ne savait pas trop pourquoi. Il l’entendit dire à voix basse : « Tant mieux pour elle. » Puis il y eut un tonnerre d’applaudissements et les deux artistes saluèrent avec humilité.
Le deuxième acte fut moins évident. Apparemment, l’homme était devenu une femme. Les deux avaient la peau sombre, à présent. Elles étaient noires. Leurs seins pendaient, elles étaient pieds nus, la tête courbée, les épaules voûtées. Elles ne se regardaient pas ; ne semblaient pas s’en préoccuper. Berit déplia le programme et lui murmura à l’oreille : « Elle est hutue. Lui, ou elle, est tutsi. » Elles se tenaient sur scène, deux corps distincts, obligées d’exister dans l’opposition. Sans bouger. Le temps s’écoulait sans s’écouler. Elles respiraient, elles clignaient des yeux : elles résistaient au temps. Dans l’air flottait un battement de cœur, une douleur refoulée, un nuage de tristesse collective. Lorsqu’elles se tournèrent pour faire face au public, elles prirent la parole à l’unisson, la voix teintée de chagrin. Elles demandèrent : « Peut-il y avoir un pardon ? »
*
Berit revint des toilettes et se rassit, son sac à main à côté d’elle. Il se demanda si elle avait appelé quelqu’un, sa sœur, une amie. Il la regarda fixement, pensif. Était-ce vrai que l’autre homme n’était pas au courant ?
Elle pinça le pied de son verre de vin entre ses doigts et le fit glisser vers lui.
— Tu veux autre chose ? demanda-t-il.
Elle secoua la tête, puis dégagea une mèche de cheveux tombée devant ses yeux.
Il tourna la tête, leva la main.
— Je vais demander l’addition, dans ce cas.
— Non, l’interrompit-elle. Pas encore.
Il posa les avant-bras sur la table et la dévisagea. Elle resta sans rien dire, les yeux rivés sur la table.
Il attendit. Il entendait le sang battre dans ses tympans.
Puis elle dit :
— Je suis sincèrement désolée.
Ses oreilles et ses joues avaient rougi, viré au pivoine, à moins que ce ne soit le contraste avec la blancheur de sa peau pâle et crémeuse.
Il soupira.
— Si tu veux partir, je comprendrai, affirma-t-elle.
— Bien sûr que non, je ne vais pas partir.
Elle gardait la tête baissée.
— Je me demande si on est suffisamment solides, je veux dire, si c’est vraiment possible de passer outre ce genre de chose ?
— Oui, dit-il d’une voix qui sembla dénuée de sincérité. Berit, s’il te plaît, regarde-moi.
— On pourra essayer d’en avoir un à nous plus tard, dit-elle. Je sais que tu le souhaites. On les élèvera ensemble.
Il baissa la tête, souffla.
— Tu es sûre d’avoir bien réfléchi ? s’enquit-il.
Elle leva les yeux sur lui sans rien dire de plus.
— Tout ce que je veux dire, c’est…
— Quoi ? Qu’est-ce que tu crèves d’envie de me dire ?
Il avala sa salive, inclina la tête sur le côté.
— Je ne vais pas te demander pourquoi tu l’as fait. On fait tous des erreurs, seulement, tu dis qu’on peut en avoir un autre plus tard. Je ne comprends pas.
— Qu’est-ce que tu ne comprends pas ?
— Cet homme va être présent dans nos vies, pendant les vacances, les sorties, les remises de diplômes. Tu te rends compte de ce que cela signifie, pour le restant de nos jours ?
Elle l’observa un moment. Son ton s’adoucit.
— Tom, je t’aime, mais tu as l’air d’oublier quelque chose. Tu te rends compte que c’est mon corps et que c’est moi qui décide ?
Le silence retomba.
Elle tendit la main pour toucher la sienne et demanda :
— Pourquoi tu compliques toujours tout ? Ce n’est pas une fatalité.
Il se vit en train d’élever un enfant, l’enfant d’un autre, puis porta le verre à ses lèvres et avala une gorgée.
Une fois l’addition réglée, il la suivit dans la boutique du musée ; certaines cartes postales iraient très bien sur le tableau d’affichage au travail, observa-t-elle. Il feuilleta les livres sur l’architecture et le design avant de jeter un œil à ceux traitant des expositions du musée, passées et actuelles. Il lut ce qui avait été écrit sur les œuvres des deux artistes venant d’Israël et de Palestine, la vie de porteur égarés du changement qui étaient la leur, ratée et mille fois ratée : ils se décrivaient comme des émeutiers contre la conformité. Puis il tomba sur des clichés de la représentation, les corps immobiles saisis en noir et blanc, la tristesse et l’espoir condensés en une image. Il était encore plongé dans sa contemplation lorsqu’il sentit qu’elle glissait sa main dans la sienne, leurs doigts s’entremêler, et qu’elle posait le menton sur son épaule. Ils restèrent ainsi à regarder la photo en silence. Un moment qui sembla persister à jamais dans son esprit, sur sa rétine, l’aspirant vers l’avenir.

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