Le tableau est posé par terre, appuyé contre une bibliothèque, dans une pièce encombrée d’un fatras de livres. Deux adolescents – jeunes adultes ? – côte à côte, une fratrie représentée par le père.

Rigueur et fraîcheur, déjà, à l’heure d’une ouverture de destins. Et la peinture conserve la mémoire d’un enthousiasme.

*

La maison est mitoyenne du parking du supermarché.

Lieu d’archives, logis d’un veilleur aux aguets de l’air du temps, un rempart à la consommation facile.

*

C’est curieux cette idée d’aimer lire dans sa baignoire.

Il y a cette même douceur, cette même bienveillance que celles vouées par Pierre Bonnard à Marthe dans sa salle de bains.

Cette manière délicate de faire passer la lumière.

*

Ce sont trois lettres, trois initiales, au bas d’un article relatant l’essentiel d’une remise de prix de poésie. Trois lettres bien connues, emblématiques, dont on sait qu’elles marquent de leur sceau une attention, une exigence du regard, une ouverture d’horizon.

Le papier du journal a beau jaunir, il laisse des traces.

*

La voix est posée, tranquille, sûre des mots à venir. Elle traduit une érudition souriante qui en laisse entendre bien plus souvent qu’elle ne dit. Parfois même, retenue, elle se défend d’avoir toutes les apparences qu’on lui prête.

Il faut imaginer comment elle organise le sens, voir comment elle se promène avec esprit dans le labyrinthe des langues, comment elle maintient d’aplomb la tour de Babel.

*

Scruter des paysages intérieurs, puis inciter à la promenade.

Ou, dit autrement, n’être que de passage dans le quotidien des lettres, des rencontres, et insuffler une manière d’éternité.

*

On peut toujours penser que l’apparition dans un sourire, à l’image du chat de Chester – évidence de la comparaison –, cache un mystère et, de même, disparaître dans un sourire effacerait les traces d’un esprit.

Dans ces surgissements, il faut envisager diverses configurations d’une présence sensible.

*

Il reste à laisser vierges les pages où viendront s’accumuler les souvenirs et s’inscrire l’élan des enthousiasmes.

Partager