Marc et Michèle, une love story

Claude Javeau,

Il paraît que Marc Dutroux a aimé Michèle Martin, et que celle-ci lui a rendu son amour. Marc a dit un jour à Michèle : « Tu as de beaux yeux, tu sais ». Et Michèle a dit à Marc : « Comme tu parles bien ! ».

Marc a pris Michèle dans ses bras, il l’a embrassée sur la bouche, et elle a senti basculer sa raison dans ce magma multicolore qu’on appelle l’amour.

Se tenant par la main, ils ont été dans un parc, et sur le tronc d’un arbre, Marc a gravé un cœur traversé d’une flèche, et les initiales de leurs prénoms, qui étaient identiques : M. et M. Cela les a fait sourire. Ils étaient vraiment faits l’un pour l’autre.

Quand les gens les voyaient passer dans la rue, ils disaient d’eux qu’ils formaient un joli petit couple.

Sur un lit, Marc a pénétré de son sexe durci par le désir le corps mince et souple de Michèle, et l’a fait gémir de plaisir. Lorsqu’il a éjaculé, il a poussé une espèce de grognement, puis il a murmuré : « Je t’aime ». Et elle a dit, en écho : « Moi aussi, je t’aime ».

Ensuite ils se sont mariés. La noce a été joyeuse. Michèle était très belle à regarder dans sa robe blanche.

Ils ont ensemble fait des enfants, qui ont grandi comme grandissent chez nous tous les enfants sans histoire.

Marc a eu des ennuis d’argent. Il a essayé d’en obtenir par des moyens pas très catholiques, et cela lui a valu des ennuis avec la Justice.

Il a fait de la prison, et elle l’a attendu, patiemment, en bonne petite femme patiente et soumise.

Soumise, oui, obnubilée même. Mais elle est loin d’être la seule dans ce cas. Marc avait su aliéner cette petite blonde un peu farouche qui ne partageait guère les jeux de ses petites camarades dans la cour de récréation.

Marc, rappelons-le, était avant tout un beau parleur.

Et puis il y a eu l’histoire des petites filles. Les deux plus petites, Michèle aurait dû les nourrir. Elle a pris peur, dit-elle, et ne s’est pas rendue à la maison où les gamines étaient recluses. Et où elles sont mortes de faim.

Et il y a eu la prison, les brimades, les avanies et les mauvais traitements des matonnes et des autres détenues.

Marc est dans une autre prison. Il écrit des tas de lettres, et même des lettres d’amour à des gamines de quinze ans.

Il va y avoir le procès d’assises. Marc ramassera la perpète. Michèle espère écoper de moins. Elle pourrait être libérée assez vite.

Attendra-t-elle Marc, une fois de plus ?

Si la grande Marguerite Duras vivait encore, elle aurait peut-être dit de Michèle : « Sublime, forcément sublime ».

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