Douce matière irisée

Concrétion dure et froide

Tu emprisonnes le feu

Tu l’emblaves de gel

Aux champs de betteraves

Tu confères une dimension inouïe

Qui se dit au diapason du silence et de l’infini

Dans la munificence des matins

Encapuchonnés de blanc

Nichée au cœur même des combes

Éparpillée sur un tas de cailloux

Pétrifiés soudain d’être anoblis

Nue et irradiante

Mystère jamais abdiqué

Ton corps de gel et de feu

Brûle et enchante mes mains

D’un toucher inflammable

Pour mon regard à tout jamais fasciné

Pour mes paumes couvertes d’engelures

Guère atteinte par les vagues du temps humain

Tu t’enchâsses gemme froide

Dans des décors aux lignes impaludées

La lumière réfractée dans tes paumes

Est un vibrato de plissures soyeux

Blessée fissurée ou craquelée

Lumineuse grise ou boueuse

Pétrifiée étalée ou veinulée de silence

Tu es neige pour l’éternité

Dans la munificence des matins en blancs manteaux

Dans les hivers frileux chapés de silence

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