L’aube m’a toujours paru néfaste
surtout après le Macbeth de Polanski
mais les rayons du crépuscule filtraient encore
sous le grand arbre
près de l’île Robinson
Et les ennemis de Hugo
nous rassemblaient tous
devant Jean le bien-aimé
Et les observateurs étaient nouveaux
l’un avait même défroqué
Un alligator changeait de saucisson tous les soirs
le succès des caves ne devait rien au hasard
l’esprit frappait fort
et Julos au bout de la nuit
attendait son fils à la Grande Porte
près de la place de la Chapelle
avec entre autres un acteur franco-belge
dont le mollet s’enhardissait
au fur et à mesure que le jour pointait
les chaises depuis longtemps reposaient sur les tables
On apprit aussi dans la guerre et la paix
que Diderot se prénommait Pascal
la virgule avait été omise ce jour-là
le fou rire pas
Le rouge et le noir se fondaient
sur la porosité des briques nues
Et on mangeait des asperges à la flamande
près d’un basset râleur
qui avait tout à envier aux vieux labradors
de John Irving
Il y eut le moulin de Maud
submergé de digitales mauves
on aurait dû comprendre
quand elle se trompait de prénom
et l’aimer davantage
Et encore et toujours Molly
cherchait en vain à démolir
de son énorme bouche
les sentiments imbriqués
les uns dans les autres
comme des poupées russes
Dans un château au nom de fruit
indifférente aux ondes néfastes
d’une Roumaine à la blouse brodée
en mal de mal
le charat grandissait aux huîtres
sous les zézaiements d’un critique italien
pauvre Robbe-Grillet
qui réchauffait le nouveau roman
d’un feu qui ne prenait jamais
dans le grand salon bleu
et un autre Jean, R. celui-là,
qui baisait la fille de la châtelaine
vantait les mérites
de la prise du côté de la prose
Il y eut ce soir d’été à la campagne
où comme dans un film anglais
Pierre arpentait
– déjà – la frontière du jardin d’à côté
et choisissait – je crois – ce côté-ci
L’encre d’imprimerie graphologeait
les feuilles d’un journal crépusculaire
de quelques coquilles
qui agitaient les matins
Le Nil se descendait
sous les yeux chatoyants et tutélaires
des deux pharaonnes
Et les éditeurs paradaient
V. et D. et T. et C. toutes d’une même garnison
et les autres initiales perdues dans l’alphabet
ce Jaquot-ci (dit El Jacco)
n’est pas de Nantes
même s’il danse
sur les musiques de Michel Legrand
mais de la rue du soleil levant
et la courbe est encore longue
avant d’être pleine
Bon anniversaire
Je t’embrasse