Dans le lointain, larges accents de trombone saluant

à grands gestes depuis la benne d’un camion noir

Graveyard Stomp à retourner les morts –

debout, Louis,

les saints sont de retour !

*

Jazz : cœur tambour cordes nerfs

poumons de cuivre, plaque sensible

Dans Perdido la note bleue de Duke

puis qui se perd,

plus haut dans plus de bleu

Lui qui couvrait, dansant des miles dans le ciel

dans un bruit de tonnerre sur la pointe des pieds

*

« Regardez, dit l’oiseau musicien je m’en vais »

… leurs yeux cherchent encore le trou dans le ciel

« Écoutez, dit l’oiseau musicien je suis là »

… tous guettent encore le dernier mot : vol d’

*

Le son, la note

que le ténor cherchait, l’a-t-il trouvée ?

écoute : on n’entend plus

Trane, traînée de glace dans l’espace

comme il fonçait vers plus de lumière

*

Omette le charbonneur herschant sans boiser

remontant les blocs d’ombre où méditait le feu

*

Quelque chose de fuligineux qui était aussi chez Mingus :

l’ombre comme part du feu, la nuit veillant tel un ascète

Contrebasse lance-missiles

le batteur martelant comme aux portes de la ville

la trompette cherchant son Jéricho

*

Enserré de lianes de cuivre,

tronc infirme mais debout qui dansait –

Roland à l’olifant, enraciné à l’air tout entier

Pulsée du fond du ventre jusqu’on ne sait où

musique colonne d’air avec sa cime en lui

Sphère intelligible

au seul danseur dans le trou noir

ses silences rapprochés plus compacts vers le cœur

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