Au-delà du monothéisme

Claire Lejeune,

Le verbe de la femme donne naissance à l’inespéré mieux que n’importe quelle aurore.

René Char

De la maladie du manque à la santé de l’excès

Et si au lieu de faire état des manifestations de la psychopathologie de la vie quotidienne on témoignait de sa santé ?

Si au lieu de donner la parole au mal, on la donnait au remède ?

À l’écriture en tant qu’elle est action guérisseuse ?

Freud a montré comment le rêve était la voie royale d’accès à l’inconscient. Il dessine dans cet ouvrage de 1901 d’autres chemins vers cette part qui échappe à notre contrôle et qui, par ses manifestations, traduit nos désirs.

Et si on disait que la pensée poétique est la voie naturelle d’accès à l’inconscient : la poésie en tant qu’elle est expérience intérieure, démystification, déconditionnement, éveil de soi comme lieu commun de je et de l’autre ; en tant qu’elle œuvre inlassablement, de jour et de nuit, à la désoccultation d’Éros, au désenfouissement du soleil de la chair. Elle ne s’en tient pas, comme le rêve, à traduire nos désirs pour que nous puissions mieux les satisfaire, les « gérer » ou les sublimer. Sa visée ultime est la libération des sources vives du réel. Ce qui suppose qu’elle franchisse les limites du « champ freudien », qu’elle transgresse l’interdit fondateur du monothéisme, qu’elle retrouve la mémoire du paradis utérin d’avant sa colonisation.

Non sans remercier Freud de lui avoir, avant de prendre congé, légué sa célèbre interrogation : que veut une femme ? C’est l’hommage – femmage ? – que je voudrais lui rendre ici.

Se poser la question (il ne la posait pas à elle), c’était ouvrir au risque de la pensée des femmes le champ de la réponse à la vertigineuse question du manque. De quel manque essentiel, de quel non-dit, de quel inconsolable deuil la pathologie de l’âme veut-elle nous faire part à travers ses symptômes ?

Ce texte n’est pas une fiction, c’est le témoignage d’un pas au-delà de l’histoire monothéiste qui a déjà eu lieu dans l’œuvre d’une poète. Témoignage de la jouissance de soi – de nous – telle qu’elle s’inscrit dans la vie quotidienne d’une femme qui a passé, corps et esprit, outre l’ère thanatologique du désir, au-delà du phallus, dira plus tard Jacques Lacan dans le fameux Livre XX intitulé « Encore » où la jouissance des femmes est l’objet de la question à laquelle le psychanalyste ira jusqu’à les « supplier » de répondre. Nommé par « le maître », l’objet en question cesse virtuellement d’être innommable, honteux, fatalement sous-entendu.

Signe avoué que ça titille son oreille… Par les temps de surdité qui courent, ce n’est pas négligeable ! Au-delà des réponses masculines, voire insidieusement misogynes qu’il apporte, que je suis loin d’avoir toutes comprises, je me souviens d’avoir accueilli ce texte comme une provocation salutaire, un encouragement de l’impudeur à s’écrire, à s’autoriser. L’en remercier, lui aussi, comme il se doit.

Comment sortir de « l’histoire thanatologique du désir » ? Comment le dernier scellé de l’autocensure vient-il à se briser ? Comment le fond du non-dit vient-il à se dire ? À s’écrire ?

Par la brèche qu’ouvre dans l’économie quotidienne d’une vie sa rupture ultime avec la monologique de l’Histoire.

Comment passer du royaume de Thanatos à la république d’Éros ? Non pas u-topiquement, seulement la tête tandis que le cœur et le corps demeurent prisonniers du malheur, mais y avoir lieu tout entière, occuper affectivement et physiquement le territoire, y bâtir sa maison.

Ce grand déménagement ne peut pas être l’exploit d’une idée mais d’un fait réel, d’un événement, d’un accident.

Il faut qu’il arrive quelque chose d’irrévocable, un fait catastrophique dont on ne peut que prendre acte. Un séisme de magnitude absolue qui change la vie de fond en comble.

Dès lors, témoigner commence par le récit de l’expérience. Par le partage avec le lecteur des circonstances littéralement dramatiques où s’est produite l’ultime rupture.

À l’origine de ce récit, il y a la commande qui me fut faite au printemps de 1999, d’une pièce de théâtre sur le motif de saint Georges et le dragon, mythe fondateur dont la mémoire de ma cité natale est imprégnée. Profondément angoissée par la mort programmée de la nature, par l’inéluctable avènement du règne de Big Brother, tourmentée par la croissance accélérée du taux de suicide des jeunes, ma pensée s’investissait à l’époque dans la quête du remède à la grande maladie dont sont atteints les enfants de ce siècle. Bref, à travers le personnage d’Hélène, je poursuivrais dans l’écriture de cette pièce intitulée Le chant du dragon, le travail de guérison de la mémoire commencé par la poésie dès mon premier livre.

Le lien entre la maladie de la mort et son possible remède est incarné dans cette pièce par le fantôme du jeune Diego qui trouve, au-delà du suicide, les mots pour dire le non-dit dont la quête abyssale lui fut fatale ; pour dire la nature édénique de la lumière dont sa vie avait mortellement manqué d’être nourrie : la parole du corps de sa mère tôt disparue en le livrant à l’unique autorité de la raison du Père, en l’occurrence Georges, le héros pourfendeur des puissances occultes de l’inconscient.

Ce qui ne s’était jamais dit entre le père et le fils (ardent défenseur du dragon) vient à la parole dans un dialogue bouleversant du revenant et du survivant.

À la faveur de ce dialogue d’outre-tombe a lieu la rupture avec l’interprétation traditionnelle du mythe, rupture que signifie la victoire du dragon sur le héros chrétien rituellement chargé de l’abattre pour sauver la princesse des griffes de la « bête immonde ». Cette victoire de la nature sur la culture, de l’instinct de vie sur la raison guerrière entraîne irrésistiblement l’abolition de la fatalité sacrificielle, la libération d’Éros dans le coup de foudre qui embrase le corps de la bête et celui de la pucelle.

Entre eux se revit l’instant d’immémoriale enfance où l’homme et la femme, la bête, l’arbre, la rivière et le rocher sont encore magiquement liés.

Libération d’une puissance antérieure à la séparation de l’animal et de l’humain, le retour fulgurant d’un sacré antérieur à toute écriture, à toute religion.

L’ardeur qui animait Lilith, la mère obscure, impure entre les impures, maudite entre les maudites, sommeillait enchaînée depuis la nuit des temps dans le fond du cœur de la pucelle. Elle se réveilla à l’instant même où la belle et la bête se reconnurent dans les yeux l’une de l’autre.

Soudain, la langue qu’ils parlaient avant la malédiction se délia.

Soudaine résurgence de la poésie sourcière. Victoire fulgurante d’Éros sur Thanatos : s’y libéra la langue maudite de la mère originelle, langue rituellement coupée au nom de la seule autorité de la genèse biblique : « au commencement était le verbe de Dieu ».

Sur le plateau du théâtre fit irruption le récit apocalyptique de la genèse selon ELLE.

L’incarnation et la distribution du verbe d’ELLE entre les personnages du drame créa l’espace-temps relationnel, la scène actuelle où l’amour originel eut lieu public de resurgir au cœur même de la vie citoyenne ; scène où l’outrage de la raison « œdipienne » eut lieu psychique et physique de se produire.

L’écriture poétique ayant la propriété de faire corps avec le corps de son auteure, cette fulgurante résurgence de la pensée sauvage se produisit simultanément dans le ventre du texte et dans le mien.

Ma raison « phallique » (le peu qui m’en restait) en fut totalement sinistrée.

La brèche s’était ouverte par où les sources versent, par où le non-dit n’en finirait plus de s’écrire ; par où ma vie passerait tout entière de l’économie du désert à celle de l’abondance.

*

Ici, le lecteur de ce récit s’attend raisonnablement à ce que la poète « maudite » ait inexorablement basculé du côté de la folie.

Et si on commençait par la fin de l’histoire ?

Et si cette perte totale de raison historique était le commencement d’une sagesse trans-historique ?

Et si ce récit apocalyptique, au lieu de se dénouer tragiquement s’ouvrait sur la perspective d’un « heureux événement » ? Sur la possible renaissance d’Éros ?

Et si l’heureuse issue à l’impasse surréaliste était l’ouvrage du verbe de la femme ?

Ayant fait le récit des circonstances de ma rupture décisive avec le vieux monde, témoigner de ce qui se vit, de qui se sent après qu’elle a eu lieu, partager avec le lecteur ce qui se découvre prospectivement et rétrospectivement dans l’inconnu du nouveau monde. C’est l’ouvrage quotidien de l’écriture en cours. L’ailleurs, c’est ici maintenant.

Le remède à la maladie du manque ? Briser le silence de la mère, délivrer la pensée reptilienne, délier la langue de l’instinct de vie – l’amour fou – qui lie à jamais Lilith androgyne (femme/ homme) au fils androgyne (homme/femme) qui naît de son utérus avant que le verbe du phallus divin y fonde le règne de son « bon plaisir ».

De la résurgence du verbe pré-hystérique adviennent simultanément la fin de l’histoire mono-logique et le commencement de l’ère dia-logique.

L’Objet réel de la passion de la mère, c’est la délivrance du verbe d’Éros, l’éternel enfant.

Dès l’instant où Éros resurgit dans le royaume de Thanatos, nous entrons dans l’ère de la trans-histoire du désir, de la possible trans-mission du verbe de l’amour inconditionnel – la poésie même – qui relie le corps de la mère et le corps de l’enfant. Lien sacré, antérieur à toute religion, dont la puissance menace en permanence l’empire de Dieu dans les mentalités. D’où la terreur meurtrière qu’il inspire aux intégrismes religieux et politiques.

De la coïncidence des contraires, de la simultanéité de la joie et de la douleur extrêmes, s’excède la lettre d’amour de Lilith à l’enfant du paradis qu’elle a perdu, au fils-amant dont sa chair porte le deuil depuis l’instant où ils furent coupés l’un de l’autre : instant fatal où, sacrifié à la royauté de Dieu, Éros vint à nous manquer.

Remonter le cours de la mémoire jusqu’à faire corps avec la femme originelle. De là, oser regarder en face l’absence de soleil – le manque à s’éblouir – dont la chair de la civilisée reste inconsolable. Y cerner le non-lieu d’Éros, désirer son retour plus que n’importe quel bien, le supplier d’y refaire acte de présence, d’y reprendre la place que Dieu lui avait volée pour y fonder son royaume sur la terre. Coûte que coûte réparer l’injustice divine, telle est la dernière volonté d’une femme.

Sonder l’insondable chagrin des femmes, le laisser monter en moi, le faire mien, l’éprouver jusqu’à ce qu’il déborde dans mes propres larmes et dans les mots d’une langue dé-bridée.

La résurgence torrentielle de la parole du ventre, le défoncement de l’autocensure où elle est emmurée ne va pas sans cruauté, sans que se commette le dernier outrage de la vieille moi pudibonde.

*

Dans une existence en manque d’amour de soi, c’est-à-dire de nous, tout acte est déterminé par ce manque, par le besoin conscient et inconscient de le tromper ou de le compenser. Jusqu’au jour où, à bout d’expédients – et ayant virtuellement lu tous les livres -, elle ose enfin descendre au fond d’elle-même, y cerner la tristesse de sa chair, la conscientiser jusqu’à reconnaître pour sienne la blessure commune qui en est la cause, lui donner lieu de s’écrire, de se pleurer. C’est de cet acte de lucidité désespérée que naît le verbe de l’inespéré.

La blessure natale n’est pas incurable. La coupure est réparable.

Tant que la chair est triste il n’y a pas d’amour heureux.

Le lien d’amour inconditionnel – cette mémoire d’éternité – qui manque mortellement à la conscience de notre temps n’a lieu de se retisser que dans l’écriture de la lettre d’amour qu’adresse, de la nuit des temps, la mère archaïque à ses enfants atteints de la grande maladie du XXe siècle. Réhabilitation de la postérité commune de la femme et du dragon-serpent. Telle est la matière érotique – le sacré subversif de toute écriture sainte – du livre à venir.

La poésie qui se pense et s’écrit à la santé du serpent est jouissance intégrale de soi, c’est-à-dire de nous. Parole du manque rompant avec la fatalité du manque s’excédant soi-même le terme venu.

Le plaisir n’est pas l’ultime objet du désir. Le désir de la Vie n’a d’autre objet que lui-même, d’autre visée que l’éternité de son verbe, d’autre fin que son infinie génération à travers la succession des naissances et des morts de l’amour. Reconnus, éveillés, troués par la poésie elle-même, nos corps androgynes lui sont lieux d’incarnation.

Que désire Lilith ? Réenfanter le soleil de la chair, érotiser – renaturer – toute relation terrestre. C’est dans l’instant de fusion du sujet et de l’objet du désir (l’instant fulgurant du double dédoublement de je et de l’autre) que se conçoit le nous quadrisexuel, la conscience quadridimensionnelle dont le verbe de la communauté transhistorique – la cinquième dimension de l’être – a lieu d’advenir. Il n’y a de communauté créatrice que des différents.

*

Un philosophe écrit, commentant la pensée d’Emmanuel Lévinas : « Nous commençons tous dans et par la guerre : voilà ce dont nous sommes contraints de prendre acte ».

Poète féminin, je réponds qu’enfants de la mère, notre existence à tous commence avant que soit la guerre. Mais pour assurer la pérennité du Dieu qui la cautionne – Gott mit uns, God with us… -, notre origine fusionnelle doit à jamais nous demeurer inconsciente, interdite à la pensée.

Au nom de la patrie fatalement fratricide, la matrie est condamnée à la mystification.

Où se conçoit la vie, la guerre est la chose même de l’inconcevable.

De cela aussi, nous avons à prendre acte. De toute urgence.

Ce qui fait la différence entre la raison philosophique et la lucidité poétique, c’est que l’éthique de l’une se fonde sur la reconnaissance de la fatalité terrestre du mal que sont la guerre, le meurtre, l’injustice, donc sur le devoir humain de les combattre indéfiniment ; l’éthique de l’autre, sur la non-reconnaissance de cette fatalité sacrificielle.

Les lumières de la raison et de la foi sont culturelles, celle dont se fait la poésie est la lumière-nature. D’où leur vieil antagonisme.

Entre notre commencement biologique et notre commencement historique, entre matrie et patrie, se creuse l’abîme labyrinthique de l’inconscient. Le franchir, c’est l’explorer, le démystifier, le délivrer de la colonisation théologique de manière à pouvoir l’occuper lucidement ; tirer des fils de pensée, tisser des réseaux textuels inédits entre tous ses temps et tous ses lieux, l’aménager en communauté habitable, en fratrie planétaire.

La conscientisation de l’inconscient suppose l’avènement d’une tout autre économie de la vie quotidienne, d’une tout autre citoyenneté.

Prendre acte du fait que cette désaliénation de soi désastre nécessairement l’économie du moi historique en ce sens qu’elle libère l’énergie de fusion – la foudre originelle – dans sa matérialité même.

Lorsque nous nous réapproprions la puissance du verbe attribuée par l’Histoire à la surnature de Dieu, elle devient l’attribut même — l’inépuisable ressource naturelle — de l’humanité transhistorique.

Le problème qui se pose immédiatement à l’humain désaliéné est celui de la dépense de cette énergie débordante, son investissement dans la pensée-action quotidienne. Où manque le manque, l’acte n’a plus lieu de se manquer. Il est destiné à s’accomplir. Éveillés, nous sommes voués à la création continue du monde. Quand le temps n’est plus au manque, il n’est plus à la psychopathologie.

Mais à l’instant où le péril cesse d’être le défaut d’amour, il devient celui de l’excès. Pour conjurer la menace de retour du chaos, il faut que l’imaginaire du manque se convertisse immédiatement en imaginaire de l’excès ; que la santé du malheur qui nous conditionnait jusque-là se transmue en santé du bonheur.

Dans l’économie du manque d’amour de soi, le peu s’affecte avaricieusement à la conservation du moi-je, à l’exaltation maladive de son narcissisme compensatoire. Dans l’économie de l’excès, le trop-plein déborde généreusement en termes d’épanouissement du nous. Don vital de l’excédent de soi, sans le moindre mérite dont on lui soit redevable, la moindre « sainteté » dont il ait à se glorifier : il n’a pas d’autre issue que le partage, d’autre voie de canalisation que l’irrigation de la communauté des différents. Il ne peut pas faire autrement que s’y prodiguer.

L’existence ne s’investit plus dans la communauté transhistorique comme elle s’investissait dans l’impossible communauté de l’Histoire. Perdant son hystérie compensatoire, le profit à tout prix cesse d’y être le moteur de l’action. D’où l’effondrement prévisible du grand marché !

Le « budget » des ressources et des dépenses d’énergie vitale ayant totalement changé, c’est d’une véritable mutation de l’économie humaine qu’il s’agit !

Le souci de nous pose quotidiennement le problème de la solidarité non seulement des hommes, des femmes et des enfants, mais de tous les êtres animés et inanimés : animaux, végétaux, minéraux.

À vrai dire, problème d’écologie planétaire s’il en est !

Ayant perdu sa caution théologique, la logique de guerre – logique identitaire qui justifie le sexisme, le racisme, toutes les formes d’exclusion de l’étrangeté – ne peut survivre à la fin de l’Histoire dans une conscience. La dépression du phallus y est inéluctable. Il faut y lire le symptôme de la maturité de soi, le signe d’avènement de sa grande santé.

Dès que nous nous rendons justice à nous-mêmes et les uns aux autres, dès que les sources de la Vie jaillissent librement du noyau de notre être, il n’y a plus lieu de perdre sa propre vie à fuir les supplices du manque dans la jouissance compensatoire du pouvoir, de l’avoir et du savoir. De s’étourdir dans les simulacres ou de s’abrutir dans l’ivresse des « paradis artificiels ». Où l’injustice fondatrice de l’Histoire est levée, où la coupure est réparée, il n’y a plus lieu de s’incriminer soi-même ni d’incriminer les autres.

Avec la perte du ressentiment, disparaît le désir de se venger. Perdant son objet, la vengeance perd son sens. Nous saluant, nous parlant, nous écoutant, nous nous désarmons les uns les autres. L’énorme énergie que mobilisait en nous le combat moral contre la loi du talion se démobilise, devient elle aussi investissable en termes de création.

Lorsque la réparation devient la solution quotidienne la plus juste, la plus « écologique » au problème du tort que nous nous faisons les uns aux autres, la comédie de l’impossible pardon n’a plus lieu de se jouer. Place à l’imagination sans limites de la justice humaine ! Elle est à inventer.

Ayant fait le pas au-delà du monothéisme, nous devenons de plus en plus pauvres de haine et de plus en plus riches d’amour : c’est cette fortune-là que nous avons à investir dans la communauté réelle, dans la santé privée comme dans la santé publique.

Dès que nous prenons conscience du pouvoir économique inouï de l’écriture, se troue la chape écrasante du sentiment d’impuissance que fait peser sur nous le totalitarisme mortifère des réseaux planétaires de l’argent virtualisé, dématérialisé, déifié.

Agrandir cette trouée-là pour en faire une véritable issue à la mondialisation de la dictature marchande.

Comment ? Par l’imagination et la réalisation de nouvelles alliances locales, ponctuelles, circonstancielles de l’écriture, de la lecture, de l’édition et de la critique désormais conscientes des pouvoirs de désaliénation qu’elles détiennent. Procéder par multiplication des trouées, par différenciation des passes dans le dispositif global de l’impasse monologique.

Que son mur finisse en dentelle…

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