Chaque année l’on peut voir

en nos télévisions

de tristes bêtisiers

où l’être humain s’affiche.

Chutes des plus grotesques,

ratages en tout genre,

grimaces et lapsus

nous font rire à foison.

C’est que tout le sérieux

vole alors en éclats,

tout l’effort du paraître

est réduit à néant

et notre hilarité

n’étant plus qu’un grand spasme

nous fait dire en ce souffle

qui semble le dernier :

Nous n’étions que cela.

 

Eh bien il en est un

que j’attends impatient :

le plus grand bêtisier

du monde et de l’histoire.

On le projettera

sur la voûte du ciel,

j’ai nommé Le Bilan

des Actes d’Ici-bas.

Ma scène préférée

sans nul doute sera

cette porte trop lourde

menant à une cache

et que Dame Martin

ne savait pas ouvrir.

Comme elle a dû pester

– son mari justement

avait dû s’absenter –

de ne pas parvenir

à transmettre à ses hôtes

les douces victuailles

qu’elle avait apportées.

C’est que les contenus

allaient tôt se gâter !

Et celui de la cache,

et celui du panier !

Appeler un voisin

eût été malvenu.

« Tant pis pour les gamines !

Allons, n’y pensons plus ;

si l’endroit reste clos,

l’incident l’est aussi. »

 

Par chance ces petites

ont de quoi s’occuper :

la peur à ruminer,

puis des jeux vidéo.

Leurs scores sont immenses

– entraînement oblige –

mirant Mario Bros

passant de monde en monde

et elles de rêver

s’évader avec lui…

J’imagine leur mort,

blotties l’une dans l’autre,

en guise de berceuse

ces bruits électroniques,

sur l’écran Game Over,

deux petits cœurs s’endorment.

Au-dehors c’est la pluie,

un peu froide, un peu grise

tombant sur les jardins

frileux de Marcinelle.

Ah !

Il me fera rire

ce bon gros bêtisier !

Si pas mourir de rire,

au moins rire à pleurer.

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