On mange de ce pain

qui rend la langue vertueuse

le crâne étanche et malséant

Pas de prénom

pour la saison qui vient

lançant ses rides diluviennes

Les pieds dans l’auge

on ricane ou on chute

on s’ébroue jusqu’à l’os

Tous aux abris

tous aux abois

la grimace est plus belle

On fait l’inventaire

des grenailles oubliées

dans l’assiette des fauves

au mur de briques un chasseur avait cloué la cage petite porte et barreaux noirs

le pinson s’est envolé de sa belle mort le plancher meurtri a convoqué

le lierre un rouge-queue est venu cinq oisillons ont vu le jour

à présent tout le monde est parti restent le nid en boîte

le printemps ventre ouvert

On se dit

il faut éventrer le tableau

cracher le venin sur la toile

Mais les braises

celles qui rongent et ravagent

celles qui meurent vives ?

On s’en ira on se perdra

on ligotera les amarres

de nos veines élastiques

Puis on campera là

entre l’hiver et nos fêlures

sous les écailles nourricières

Vert poison

on échangera nos alliances

nos habits de reptiles

le jardin desséché est remis à neuf on a replanté vingt pommiers achetés loin d’ici

les pavés équarris tracent un large sentier on recherche

trois enfants évadés du centre de jour ils ont volé une canne à pêche

un panier tressé des cubes et les voilà sur l’herbe

attendant que ça morde et ça mord

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