Alphabet des limbes

Jack Keguenne,

À quand la récolte de l’abîme ?

René Char

1.

promeneur inaccompli

à chercher la trace d’anciens nuages

à prodiguer pour l’or

les ressources de la fièvre et des sueurs

sous les charpentes de l’azur

l’éphémère souverain veille le fragile

les sentinelles s’émeuvent de transparence

2.

nulle princesse n’évolue sous le voile

l’obscurité fomente dans les outrages soyeux

la déchirure sans retour des pleurs

une poussière de sel à meubler les ruines

contre la résignation des gouffres

iriser le lexique des chaînes

en relevailles pour la beauté mutilée

3.

porter la chaleur du doute

au lieu même où les certitudes aboient

forger un piaffement de vent

à la verticale de l’ordre des drapeaux

derrière la douceur des paupières

l’engagement maintient fervente la vigilance

et assume la chronique d’une étincelle

4.

ce n’est pas la feuille qui s’attache

mais l’arbre qui retient encore

lors des saisons sauvages du repli

les racines s’effondrent en solitude folle

sur l’eau claire des sources inassouvies

les reflets lancent des commentaires d’améthyste

mais la sève ne connaît pas d’estuaire

5.

prendre d’assaut les dynasties couronnées

comme l’épiderme ridé renverse l’enfance

privilège du mot à prononcer la déchéance

et vérifier le vertige à l’envergure de sa chute

dans les résidences d’exil

le cygne passe blanc sans trouble pour l’étang

et la victoire porte ses ailes à bout de bras

6.

il ne faut accorder au nombre indistinct

que vaine tentative à béquiller les astres

un tarot issu du ventre des corneilles

se plisse dans les jachères naïves de la langue

l’éveil a des allures de pente

de clarté longue face au brasier de menthe

et les fenêtres s’informent d’une moisson d’horizons

7.

bourrasques là où foisonne la fleur d’hortensia

écueils d’été à la vertu double

l’orient bascule en larguant des rafales aux frontières

et quelques incantations creusent une improbable perspective

puisque rien ne sortira de la lumière

ni dentelles d’étoiles ni foudre d’avenir

accumuler les baisers souples de la rencontre

Partager