Il fait froid. Un été pourri s’annonce. Une lourde pluie bat les vitres. Je viens de vivre une semaine difficile et voilà qu’on me demande d’écrire un texte sur « l’été de tous les dangers ». Il est vrai qu’autour de moi, le monde semble poursuivre une course folle et effrénée, les événements se succèdent et se bousculent, plus graves et plus bouleversants les uns que les autres. La planète devient-elle folle ? Une terrible pesanteur semble s’être emparée des êtres et des choses, les vouant à une opacité et une violence sans remède. Dans notre petit coin privilégié du monde, il me semble pourtant qu’on se complaît parfois dans l’horreur… est-ce indispensable ? Faut-il nécessairement perdre tout goût du bonheur, quand on constate que chaque jour apporte son lot d’incertitudes et d’inquiétudes ?
Aujourd’hui, je suis chez moi, loin de ce vacarme fracassant. Je reproduis, en ce matin de printemps, des gestes quotidiens mille fois accomplis. Par les temps qui courent, ces gestes pourraient paraître dérisoires. Ils ont pour moi une valeur inestimable. Ils donnent à mes tâches quotidiennes un ancrage dans la réalité la plus simple et la plus substantielle. Ils ne sont nullement anodins, car ils sont la vie même, dans ses exigences et son épaisseur concrète : me lever, m’habiller, me préparer un café noir, des toasts, arroser les plantes… Lire la suite