Au jeu du plus malhonnête, ne nous leurrons pas

Au printemps 1973, je faisais une formation de type troisième cycle à « University of California, San Francisco ». Mon plus proche collègue américain (nous approchions tous deux la trentaine) était d’origine bostonienne, coloration politique : démocrate un rien « radical », tonalité mentale : « flower power, make love not war », véhicule : minibus VW années 50 sans pot d’échappement et carrosserie patchwork rouille et tags. Nous sommes vite devenus amis. Il passait toutes ses pauses de midi et beaucoup de ses soirées à suivre les audiences de la commission parlementaire sur l’affaire dite du « Watergate » avec une fascination jubilatoire. Un jour que je l’observais avec amusement boire du petit-lait à la vue de « Tricky Dicky » Nixon qui s’enfonçait progressivement, il me dit : « Tu comprends, c’est comme de voir mon pire ennemi à terre qui se fait piétiner, sans que je doive rien faire ». Lire la suite


Maigret raccompagna personnellement son collègue Buzzotti au train de Milan.

Le mélange de brume et de fine poussière de charbon fit tousser l’Italien et Maigret lui dit, gentiment ironique : « Vous allez regretter la fumée de ma pipe ». C’est vrai qu’il faisait encore plus suffocant sous la haute verrière de la gare de l’Est que dans le bureau du quai des Orfèvres où pourtant le vieux poêle bourré jusqu’à la gueule ronronnait ferme en ces sombres après-midi de décembre. Maigret salua cordialement son collègue italien ; les deux semaines de travail commun sur une affaire difficile leur avaient appris à s’estimer malgré la différence de leurs personnalités et de leurs méthodes. Et malgré leur insuccès, bougonna Maigret en rallumant péniblement sa pipe qui semblait avoir pris l’humidité de la gare comme les bronches de Buzzotti.

C’est en vain qu’ils avaient tenté d’identifier la mystérieuse Liliana, auteur présumée de plusieurs meurtres à Paris et à Milan, dont on ne savait qu’une chose : elle tuait toujours des hommes, toujours par empoisonnement, et laissait derrière elle une sorte de petit bristol portant le prénom « Liliana » et une formule chimique à chaque fois différente. Lire la suite