Tu pars quand toi ? En septembre. Ah en septembre, seulement ! Combien de temps, trois mois ? Non, trois semaines. Ah, trois semaines, juste des vacances alors ? Et c’est quoi ton coin ? Et l’autre mi-agacé, mi-pudique, d’avoir à rendre public ce qu’il croyait encore secret, privé intime, mais énorme (quoi, son coin, comme s’il s’agissait d’un carré d’herbe en Bourgogne ou dans le Namurois, annexe ensoleillée d’un jardin quotidien option caravane), gêné comme si on lui demandait le montant d’une éventuelle bonne fortune, et ça en avait l’obscénité, il le savait, et répondit, atone : la Thaïlande. Oui, fait le premier, ça je sais – ouf, rien ne dut être dévoilé, le secret se savait, il n’y avait que bienveillance dans l’interrogation, mais l’autre, fatigué, triste peut-être de remuer tout ça, il me donne bien, à moi, des bouffées d’aéroport, d’air conditionné, de foule, de coriandre, de coco, de cumin et d’encens, de diesel, de rues enfumées par les bus et les took-tooks, alors lui, pas demander, avec ses gosses et sa femme qu’il ne reverra pas avant septembre, et son « coin », sa double vie incompréhensible et exotique, lâche, laconique et terminal : près du Cambodge. Lire la suite