Débris de Mank

Gwenaëlle Stubbe,

L’homme-blanc

C’est un homme dans une soupente où tout tombe et se déshabille.

L’homme-blanc est parti dans sa soupente persuadé que ses lucarnes ont une façon à elles d’être foule.

Certain de ça, il mange avec un esprit sur l’eau.

De temps en temps, il s’irrite quand un bec d’oiseau s’affaisse contre sa vitre cherchant encore du ciel.

Là, tel un sous-marin, il serpente sous des peaux. C’est sa façon de courir à l’éternité, en soupente, en esquille.

L’homme-gouttiére et l’homme-sac

L’homme-gouttière, on sait qu’il goutte, qu’il prend le pli de la gouttière, que dans la rue on peut dire : « Tiens, voilà un homme-gouttière ! »

Il lui faut un homme-sac pour se ramasser.

L’homme-sac a un sac de jute, dans son sac il cale des femmes qu’il promène. Ainsi, il instaure les prémices du tourisme, une forme de tourisme en jute.

C’est une époque envoûtante où chaque femme dévêtue trouve son sac.

Tout le monde s’habille de chacun.

L’homme du jour

Il veut vivre par des jours de petites tailles, entièrement à leur courir derrière. L’homme du jour n’a de bonheur que caressant la traîne du jour qui passe.

C’est un grand arbre de chêne dur et le jour au milieu crie en sève qui a perdu sa place.

L’homme du jour, c’est l’homme des chemises prêtes. L’homme des destinées en bougie. L’homme de toutes les hâtes, hâte foule, hâte chenille.

C’est l’homme au cœur courant. L’homme qui tresse la rue à sa nacelle décore d’yeux son ballon. C’est l’homme du non-regret qui va d’un pied tout court à un pied perdu. C’est l’homme qui quelquefois se sent tout bête d’être assis sur sa chaise.

C’est l’homme aux détails chantés, c’est l’homme remonté comme une mer se remontre. C’est l’homme tout court, et ses chaises autour.

Il parle à ses chaises dans ses habits de clarté lente.

L’homme-jour ne prend pas de nom. Rien ne prend de nom. Si le bitume prend un nom, il le sert au passant en gaufre.

Et le jour s’arrache de son landau, ses clavicules se remettent au soleil que le soleil consume en bijoux de cendre pour les enfants.

En haut du ciel bivouaque l’homme-jour, penché sur des écritures saintes, qui lance aux mouettes ses morceaux d’écriture.

Il a un nerf tendu dans le ciel, c’est son esprit en archet qui mesure les hommes, les oiseaux.

Et le long de sa manche mauve, il redescend sa tête jusqu’à nous et nous sourit sans retour d’un agréable sourire jaune.

C’est ça le chant du ciel et nous petits bougeoirs de cuivre nous sommes sur une nappe de bitume et conversons de ce que le ciel goutte, de ce que le soleil est aigu. Et marchons et tournons autour de quelques rails de tram comme une raie du milieu.

Gloire à l’homme-jour !

Gloire, nos gorges en coucou se tendent, nos sacs, nos paniers, dans la même prière.

L’homme-jour se répand en gouttelettes de cuivre, mouettes d’air qui éclatent tragiques, rieuses, petits grains que l’on craque au-dessus de nos têtes avant de venir au soir.

L’homme

Il reste sur sa manche en couleur de coin. C’est un individu bulot qui redit à sa façon cireuse bonjour, bonjour. Et qui incline son sourire, de façon à proposer un peu de bave.

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