J’entends ses baskets racler le pavement. La porte se referme. Plus personne dans la salle d’attente. Clore un instant les yeux…
Mais peine perdue, son regard vrillé sous mes paupières.
Hagard. Buté. Dépossédé.
Il est rentré chez lui, des mois, des années, des siècles déjà, femme et enfants partis, envolés, disparus, pas un mot, pas une adresse, rien, le trou, noir, puis rouge, alors il frappe, il frappe, il n’a jamais su que frapper, mais plus personne pour encaisser, alors n’importe quoi, les meubles, les murs, jusqu’au sang, qu’il suce avant de se ruer dehors, apostropher les passants, les menacer du poing, rouge le poing, rouge, terrifiant, on géhèssème, pimpon, camisole, hôpital, piqûre, femme en blanc qui demande, quoi, quoi, une femme, une femme, qu’est-ce qu’une femme… ?
— Bien sûr, Monsieur Bennasri, vous n’êtes pas en état de travailler, soignez-vous et ne vous inquiétez pas, votre dossier est en ordre, nous continuons de vous indemniser…
Mes paroles dans un vide sidéral.
Et les mains qui se tordent, et le tremblement des doigts, et les saccades de la tête, du torse, des épaules, violence enkystée, mal, par les neuroleptiques.
Et ce regard surtout, ce regard, qui me rappelle…
Mon rêve, cette nuit…
Enfin ça commence en rêve, puis j’émerge, plonge à nouveau, refais surface, toute la nuit… Mohamed Atta, cet Égyptien de trente-trois ans, l’âge du Christ, qui a crashé le premier Boeing sur le WTC. Aussi sec dans l’au-delà et les 77 vierges promises qui l’attendent en se trémoussant, pas voilées celles-là, mais alors pas du tout, à poil comme dans les cassettes pornos qu’importent par cargaisons entières les émirs à pétrole et qui l’aidaient à se branler du temps où il étudiait à Hambourg. Il se précipite, les yeux exorbités, ces mêmes yeux que mon schizophrène, et paumes grandes ouvertes vers les lunes de leurs seins…
Refermées sur le néant, serres d’un aigle qui a manqué sa proie. Mais les femmes, toujours, ballet, tourbillon, chevelures en marée, tailles de lianes, pubis foisonnants, pulpe des hanches… Il repart à l’assaut, glaive érigé… Le vide !
Et ces rires, ces brocards, ces quolibets…
Il tombe à genoux, bascule, s’effondre, se recroqueville, contenir l’expansion du désir, la souffrance du désir…
Un homme l’apostrophe avec un fort accent yankee.
— Hello ! Je suis ton mentor dans l’en deçà ! Si tu as des questions profites-en, parce que je n’en ai plus pour une éternité !
— Pourquoi ? Mais pourquoi mes promises se refusent-elles ? N’ai-je pas mérité le Paradis d’Allah, sacrifié ma vie pour combattre les infidèles ?
— Mais parce qu’elles n’existent pas, tes promises, pas plus que ton Paradis, ton Allah, tous les dieux que s’inventent les hommes ! Elles sont rémanence de tes illusions, qui s’accrochent à ta conscience et l’empêchent de se refondre à l’océan des possibles. Elles te feront souffrir d’autant plus que tu les auras nourries au lieu de les combattre, qu’elles auront obnubilé ta vie, l’auront détournée de son cours. C’est seulement après leur dissolution que tu pourras toi-même retourner au néant comme je vais le faire, à présent qu’enfin mes propres illusions se sont dissoutes.
— Mais qui es-tu, et de quelles illusions parles-tu ?
— Là-bas, ils m’appelaient Tibbets, et comme toi j’étais pilote. Aux commandes de mon B-29, le 6 août 1945, j’ai lâché sur Hiroshima une bombe qui a fait cent quarante mille victimes innocentes, du moins aussi innocentes que ne l’étaient les six mille tiennes, c’est-à-dire coupables d’aveuglement et de lâcheté comme la plupart des humains. Quant à mes propres illusions, j’en ai tout oublié. Je sais seulement qu’elles m’ont torturé moins longtemps que ne le feront les tiennes, parce que, de ce qu’il m’est resté à survivre, je n’ai cessé d’expier mon acte…
Déchirure du réveil, tâtonner, merde mes lunettes, sur le tapis heureusement, la journée qui commence au radar, attendre le tram sous le crachin, paperasses courtelinesques, sandwich et verre d’eau sans même lever la tête, puis recrachin jusqu’au métro, et cette consultation de médecin-conseil dans une mutuelle, pesante, particulièrement pesante aujourd’hui.
Bon, inscrire les absents, ranger les dossiers. Seize heures, et cinquante minutes avant d’être chez moi, d’encore me coltiner les rapports des invalides, une vraie litanie, j’en ai jusqu’aux infos, quelques bombes sur les talibans, un kamikaze du Hamas, deux ou trois Palestiniens liquidés par Tsahal, après ça lessivé je serai, pas encore ce soir que je m’attellerai à mon texte pour Marginales. D’ailleurs, que raconter sur l’après-11 septembre, tellement flou, enchevêtré, tant d’éléments nous font défaut, ça plane à des années-lumière au-dessus de ma petite cervelle, rien à fantasmer sur la barbe de Ben Laden, je suis écrivain de témoignage, moi, ni théoricien ni adepte de la Nouvelle Fiction…
Relire le récapitulatif avant de le signer. Pas à dire, c’était gratiné ! Fatima, cinq moutards, cent vingt kilos pour un mètre soixante, un an comme nettoyeuse, puis chômage dès la première grossesse, jamais recherché de boulot, va se faire virer, alors rentre un certificat, forcément un début de diabète, et la thyroïde ne suit plus, et la colonne demande grâce, mais comment lui faire comprendre qu’elle n’a rien de grave, que je peux lui accorder un délai mais qu’elle doit se prendre en mains, régime, exercice, parce qu’à trente-sept ans, même si elle en paraît cinquante, je ne pourrai pas la garder jusqu’à la pension. Indignée, moi mâlâd’, moi mâlâd’… La maladie, ça vous tombe dessus, on n’y peut mais, aux toubibs de la guérir mais qu’on ne compte pas sur elle pour lever le petit doigt ! L’impuissance m’envahit. Allez, je me secoue. Lui fait suite Samira, employée, vingt-deux ans, premier bébé, va trouver un docteur-certificat pour qu’il prolonge son congé de maternité, accouchement normal, pas l’ombre d’une pathologie, l’enfant se porte comme un charme, elle allaite, veut prolonger la symbiose, alors elle s’invente une déprimette ; d’habitude ça se passe bien, je montre que je ne suis pas dupe mais je reste cool, risette au poupon, elle a gagné trois semaines en attendant le contrôle, faut bien reprendre un jour, si elle en rajoute elle se fera virer à la première restructuration, ça va, je laisse une semaine de rabiot et on se quitte bons copains. Mais Samira ne l’entend pas de cette oreille, mince de furie, si je ne la crois pas c’est qu’elle est Arabe et moi raciste, pas question de reprendre le travail, elle va se plaindre au syndicat, allaiter son enfant c’est sa culture à elle, pas à moi d’en juger… Pour ne pas disjoncter je rétorque mentalement que la solidarité sociale par contre c’est ma culture à moi, que dans un état de droit elle est définie par des lois qui s’appliquent à tous, que c’est un peu facile de jouer sur les deux tableaux, qu’on m’a confié la responsabilité d’en juger, que je le fais avec un maximum d’indulgence mais qu’il y a des limites, que si on abuse de la sécu elle va se casser la gueule et bonjour les dégâts… Mais surtout n’en rien montrer, archi-poli, à peine glacial, j’enverrai le document de reprise par recommandé, j’en serai quitte pour un tribunal du travail, encore une heure de paperasses, et même si le juge me donne raison la mutuelle payera la procédure… Elle sort en prenant la salle d’attente à témoin. Bon, relax, un verre d’eau avant le suivant. Nordine, le suivant, qui disjoncte après une banale collision, pas de choc violent, quelques jours de repos et il ne devrait plus y paraître, mais voilà ça dérape, la tête qui chauffe et tourne, examens bien sûr négatifs, à l’hôpital on lui dit qu’il n’a rien, pour le rassurer croit-on mais il prend ça pour une insulte, rien quand il ne se reconnaît plus, comme si un autre avait pris possession de son corps, alors il se calfeutre, ne veut plus voir personne, prostré avec des bouffées de rage, lui qui était doux comme un agneau cogne sa femme, ses gosses, pour des bêtises, un murmure, un rire… Tout ça pour de la tôle froissée… ! Pourquoi cette vulnérabilité psychique chez tant d’immigrés maghrébins ? Image de soi mal érigée, structures mentales fragiles fichées dans un sol trop meuble, un WTC bâti avec un acier mal trempé sur un vieux marécage, et qui s’effondrerait après le crash d’un ULM… Pas le temps de philosopher que des effluves de chlore annoncent Abderrahmane. La trentaine, carrossier, mal au dos, à la maison depuis deux mois et bien sûr il a oublié ses radios, le docteur a prescrit des massages, non, pas encore commencé, il doit prendre rendez-vous… Il grimace en se déshabillant mais se tient sans peine sur un pied pour enlever le pantalon, il se tortille pour s’installer sur la table d’examen, hurle avant que je ne l’effleure… Je réprime un mouvement d’humeur, lui montre ses mains, écrevissées par un brossage agressif qui n’a pu effacer le cambouis des sillons. Ça ? Tombé en panne en venant, a dû réparer. Et il avait un bidon de Javel et une brosse à ongles dans le coffre ? Mais quelle Javel, quoi de la Javel ? Je signe le document de reprise que bien sûr il refuse. La main sur la clenche, il se retourne d’un bloc, oublié le mal de dos, les yeux comme des cimeterres, et me fait du plat de la main le signe de me trancher la gorge.
Va te faire foutre, eh, Ben Laden à la manque !
In petto bien entendu, avant d’appeler mon schizophrène pour la bonne bouche.
Enfin, mes sur le râble, je traverse le cours Saint-Guidon vers la station de métro, dont quatre Beurs en jogging soutiennent de leur échine les parois vitrées, apostrophant les filles, expulsant de leur bouche de pleins jets de salive. Merde, on n’est plus au Moyen Âge, un demi-siècle d’éducation sanitaire mis à mal, niet spuwen dans les trams, et on s’étonne que la tuberculose reflambe ! Sur le quai, deux jeunes du même look allument leur clope sous le sigle interdisant de fumer. Attitudes menaçantes à la régalade, tous les regards ailleurs et le mien itou. Pour me soulager la bile, je me les représente dans vingt-cinq ans, les artères bouchées, crachant leurs poumons, avec un peu de chance un cancer… Ils montent dans la même rame, s’affalent sur un siège, posent sur celui d’en face leurs Nike boueuses. Moues scandalisées mais nulle remarque, on sent trop qu’ils n’attendent que ça…
Bon, si le MRAX, la Ligue, Écoles Sans racisme ou Amnesty pouvaient déchiffrer mes pensées en ce moment, je me ferais virer aussi sec de leurs rangs. Mais je plaide les circonstances atténuantes, je ne suis pas un surhomme, nerfs soumis à rude épreuve, que le Vlaams Blok tombe sur mes dossiers de cet après-midi et il double son score aux prochaines élections… !
Mon voisin déploie ostensiblement son journal pour exhiber à la cantonade le grand titre en première page : DES SOLDATS AMÉRICAINS ONT PÉNÉTRÉ EN AFGHANISTAN. Des têtes approbatives se hochent, des sourires en coin apparaissent…
Et soudain je frissonne. Quelque chose est en train de se passer. Dans ce métro, mais aussi en moi-même, à mon psychisme défendant, un psychisme décérébré par la tension du jour. Quelque chose qui me révulse, contre lequel celui que j’aspire à être se révolte enfin. L’acte de brandir ce journal comme une bannière, je sens qu’il clame « Cocorico, on les aura ! ». Et ce « les », aux Ben Laden, talibans, CIA, iceberg universel d’imbéciles fanatiques dont la composante islamiste est la partie visible, assimile ces deux petits crétins, ou ces adolescents qui se comportent comme de petits crétins – mais quelle adolescence en mal d’affirmation n’est pas capable de crétinisme –, inconscients que, depuis le 11 septembre, une tension sourde, une angoisse inexprimée ont changé les regards. Qu’une autre tour s’effondre, qu’un peu plus de charbon s’éparpille, que les manifestations d’une poignée d’excités soient montées en épingle, et de tels comportements pourraient déclencher l’horreur, les ratonnades, les pogromes. Ces deux-là n’ont commis aucune violence hormis cette provocation, stupide et vénielle, mais si un groupe de fachos saisissaient le prétexte pour les tabasser personne n’interviendrait, beaucoup applaudiraient. Puis que se passerait-il si lesdits fachos s’en prenaient aux autres immigrés de la rame, cette femme en noir de la tête aux pieds, avec sous le voile un délicat profil de madone, bébé dans les bras et fillette à la main, ou cet homme en complet-cravate-attaché-case qui à la vue du tableau s’est mordu les lèvres et a tourné le dos, regard braqué sur ses chaussures ? Comme si, parce qu’un Dutroux, un Derochette, sont Gaulois bon teint, on me tenait coresponsable de pédophilie et d’assassinat !
Urgent de remettre ma pendule à l’heure ! Cette proportion plus grande sur mes listes de travailleurs issus de l’immigration, elle s’explique largement par des mécanismes sociaux, méfiance, rejet, boulots ingrats et sous-payés… Bien sûr, il y a des aspects culturels, grossesses multiples, culte de l’obésité, infériorité de la femme, violence conjugale fréquente, ego hypertrophié sur une assise psychique fragile pour nombre d’hommes, résultat d’une éducation où le petit mâle est roi mais aussi d’une société qui vous méprise. Puis une vie sans perspectives dans des quartiers dépressogènes, des écoles délabrées où s’apprend la violence plus que le goût de l’effort… Mais ce recours exagéré à la sécurité sociale est le fait d’une minorité, ceux que j’observe en toute une année portent moins préjudice à la collectivité qu’un seul client véreux de la KB-Lux… Et les autres, tous les autres, nous sommes tellement habitués à leur présence que nous oublions de les voir, ces médecins des hôpitaux, ces aides soignantes dont le sourire et la gentillesse illuminent les dernières années de nos vieux, ces épiceries ouvertes jour et nuit, ces rues commerçantes qui ressuscitent, d’une vie que mémoire de Bruxellois ne leur avait jamais connue…
Ma réaction de rejet, l’aurais-je vécue voici quelques semaines ? Il n’a pas raté son coup, Ben Laden, le monde risque de chavirer, les Américains bombardent Kaboul et la tension nerveuse nos cerveaux, les musulmans se cabrent et les tolérances vacillent. Bush et consorts ont beau s’afficher dans une mosquée, avec la moue de politiciens en campagne mêlant à la foule des quartiers prolétaires des militants aux mains lavées pour pouvoir les leur serrer, on sent que l’amalgame progresse, chez les uns comme chez les autres. Pas étonnant, sitôt que des hommes s’unissent autour d’une conception du monde ou de ce qui les dépasse, ils se mettent à déconner. Ben Laden est inscrit dans le Coran comme la « Sainte » Inquisition dans l’Évangile, Staline et Hitler dans la scientolâtrie. Si je ne crois en nul dieu, je respecte le musulman, le chrétien, le juif qui Le prie. Mais je respecterai l’islam le jour où une imamesse, après s’être adressée à l’ineffable qu’elle nomme Allah, pourra sans se faire lapider s’adonner aux joies du nudisme dans un jardin de La Mecque en dégustant un verre d’excellent vin, je respecterai l’Église catholique et apostolique le jour où la papesse Jeanne-Pauline Ière proclamera urbi et orbi que la sexualité, la contraception, la décision d’abréger ou non ses souffrances en fin de vie, ressortissent à l’intime conviction de chacun et non pas à un dogme, je respecterai la mondialisation le jour où un organisme démocratique pourra forcer les multinationales pharmaceutiques à investir dans la recherche contre le paludisme.
Ouf, ça va mieux, le cerveau reprend ses droits, mes idées leur place. Les deux ados s’en vont à la station Beekkant, laissant leurs traces de boue sur la banquette où personne ne s’installe, paysage pelé après le passage d’une tornade. Elle n’a pas éclaté, la tornade, et le monsieur cocorico replie son journal pour descendre à Sainte-Catherine. L’homme en complet relève la tête, un cahot projette la mère en noir contre une vieille dame qui la retient, sourit au bébé, caresse les cheveux de la gamine. Allons, rien n’est perdu, on vit ensemble depuis si longtemps, et ça peut être si agréable de vivre ensemble que tous les Ben Laden ne nous sépareront pas. Je me souviens de ce jour où les footballeurs écossais ont rencontré les nôtres. Le premier supporter croisé en ville m’a semblé si cocasse, avec ses jambes velues entre kilt et chaussettes et sa pantagruélique bedaine, que j’ai dû me détourner, pour me trouver face à face avec une Maghrébine en falbalas qui avait eu le même réflexe. Nous avons pouffé de concert, comme nous reconnaissant du même monde face à l’intrusion de l’insolite. Pas du tout vexé, l’Écossais a joint son hilarité à la nôtre. Nous étions là, tellement dissemblables, à rire comme de vieux complices, ah la belle Europe que nous construisions tous trois !
Ma défaillance de cet après-midi, cette éclipse de la raison, je suis content de m’être abandonné à la vivre, j’en avais besoin pour comprendre. Le jour de malheur où ce serait indispensable, je pourrais ainsi mieux combattre, mais sans les juger ni les haïr, ceux que la peur et la propagande auraient précipités dans la haine. Et si vraiment ça tournait mal, j’aurais eu le temps de m’y préparer. Aurais-je thésaurisé en moi suffisamment de force morale pour être de ceux-là qui naguère, étouffant leur angoisse, ont sauvé de la paranoïa criminelle ne fût-ce qu’un enfant juif ?
Sautant sur le quai à De Brouckère, je repense au regard de mon schizophrène, hagard, buté, dépossédé, pareil à celui prêté par mon rêve à un Mohamed Atta que torturaient dans l’autre monde ses illusions assassines, le même que je prête à tous ceux qui laissent se refermer en eux l’éventail des richesses, qui se laissent encager dans leurs médiocres certitudes, fanatiques religieux et pseudo-philosophes, businessmen à courte vue, ou simplement ceux qu’ont décérébrés le stress quotidien, la violence à la petite semaine. Le 71 est au départ, bondé, à peine m’y suis-je engouffré qu’il démarre, Blacks, Beurs et Gaulois s’ensardinent pour me faire place, avec une œillade ou un rire complices quand un cahot nous tasse les uns contre les autres. Vingt minutes et je serai rendu, je rédigerai mes dossiers pour que les invalides soient payés sans retard, je boycotterai les infos pour m’atteler quand même à ce texte pour Marginales. Parce qu’il me faut témoigner, témoigner sans relâche, qu’à travers nos faiblesses, nos lâchetés, nos défaillances, un peu de cet humain auquel je crois, un peu de cet humain auquel j’aspire, s’inscrit toujours en filigrane.