Dieu ne joue pas aux boules !

Jean-Pierre Berckmans,

Dieu ne joue pas aux dés.

Albert Einstein

Elle est assise bien droite et porte le voile, comme 80 % des filles dans cette portion du métro, à cette heure-là. Comme 80 % des filles, elle a des écouteurs high-tech enfoncés dans les oreilles. Comme 80 % des filles, elle est penchée sur son smartphone à écran géant, mais comme 0 % des filles, elle regarde un film en noir et blanc. C’est fou comme, à notre époque numérique, ces images froides et sautillantes attirent toutes les attentions. En me penchant par-dessus son épaule, oh très légèrement, je reconnais Charlot soldat ; il ne porte plus son costume de gentleman vagabond mais un uniforme de l’armée américaine de la Première Guerre mondiale — la « première », on savait donc qu’il y en aurait d’autres ? Elle devine mon regard, jette vers moi un œil trop maquillé de khôl comme les speakerines d’Al Jazeera, j’ai même l’impression qu’elle tourne l’écran de quelques millimètres dans ma direction. Je souris sans qu’elle me voie pour créer une complicité connue de moi seul, un secret entre me and myself (les mieux gardés !) J’ai toujours adoré Charlot, sa timidité insolente, sa douceur et sa violence libératoire. Il ne reste pas longtemps dans les tranchées, il se déguise en arbre-espion, puis en Prussien pour enlever le Kaiser, mais surtout pour empêcher le probable viol d’une jolie Française qu’il tient à garder pour son usage exclusif, comme dans tous ses films (et comme dans sa vie). Pour donner le change, Charlot-prussien botte le cul de son meilleur pote, le bouscule avec violence, déguise la Française en soldat allemand à la moustache ambiguë qu’il trace lui-même au cirage.

Les genoux de la jeune musulmane s’agitent, sa jolie bouche s’entrouvre et j’entends son rire qu’elle n’entend pas, comme elle n’entend pas le bruit de la rame qui entre en station, comme elle n’entend pas la musique du groupe bulgare, comme elle n’entend pas les engueulades de deux grands blacks habillés en rouge et noir. Elle n’entend que la musique du piano joyeux qui accompagne Charlot note après note. Finalement, Charlie emmène tout ce vilain monde dans son camp et gagne la guerre déguisé en ennemi et j’adore cette fin : là où les assauts incessants de milliers d’hommes ont échoué, un petit mec malin et moustachu triomphe sans tirer un coup de feu. Superbe « twist » final ! J’applaudis silencieusement et là, la mahométane cinéphile se lève et quitte la rame de métro en passant devant moi sans me regarder mais sûre que je la suis. (Ceux qui ont vécu à Téhéran me comprennent !). Et nous savons tous les deux que nous allons nous revoir et nous aimer, moi, le chrétien libanais, survivant de guerre civile, aux yeux clairs, et elle l’étudiante iranienne, aux yeux de gazelle, comme disait le prophète. Elle qui croit en Allah, le juste et le miséricordieux, et moi, pilote de drones à l’OTAN, que le Big Brother US épie sans cesse au point qu’avant de sortir du métro je souris avec complicité à la caméra de surveillance.

Deux mois plus tard nous sommes tous les deux dans un lit secret. Pour nous retrouver, je me transforme au point de me surprendre dans le miroir et Shahla (c’est son nom) porte un niqab qui ne dévoile que son regard dissimulé derrière des lunettes noires.

Elle me dit que pour certains mollahs, il est interdit à la femme de prendre un sexe d’homme (son mari bien sûr) dans sa bouche qui doit prononcer les mots de la prière. D’autres affirment que rien n’est haram (impur) ni le sperme, ni l’urine, ni même les excréments puisque créés par Dieu. Tout est donc permis dans la relation sexuelle entre le mari et son épouse et ils affirment : « Lorsque l’homme et la femme cohabitent (s’aiment charnellement) deux anges se penchent au-dessus d’eux. »

Moi : Oui mais je ne suis pas ton mari !

Shahla : Tu le seras un jour, je le sais, ici ou au paradis.

Elle m’embrasse sur les lèvres et ajoute : « En attendant on fera un “sigheh”, un mariage temporaire, un mariage de plaisir.

— Je croyais le sigheh réservé aux combattants d’Allah, aux “mjâhid”.

— Tu es un mjâhid, mais tu ne le sais pas encore.

— Je ne crois pas en Dieu et toute ma famille est chrétienne, plutôt orthodoxe, je suis un impie. »

J’ajoute « comme vous dites », en souriant tristement.

Shahla s’approche de moi avec une gravité bizarre et laisse tomber, en détachant chaque mot : « Celui qui ne croit en rien croit à tous les dieux et Allah le reconnaîtra comme un des siens. » Elle ajoute en riant : « Surtout s’il fait jouir une fille du prophète », puis elle prend ma queue entre ses lèvres et se met à me sucer. Lorsque je suis suffisamment dur, elle relève la tête et me demande de la prévenir avant d’éjaculer parce qu’elle ne peut pas avaler le sperme qui n’est pas hallal.

Plus tard, elle me dit que, la sodomie (livata) n’est pas permise : « “C’est un grave péché que de cohabiter par les fesses avec sa femme”, a jugé l’un des hadiths et un docteur de la foi, le célèbre Tirmizi, ajoute : “Allah omniscient et sage, n’a pas pitié de celui qui sodomise sa femme ; s’il lui demande, elle doit se refuser.” » Je lui raconte qu’un mollah, extrêmement sage, mais non omniscient, et dont j’ai oublié le nom a écrit : « Si la femme ne veut plus d’enfants, son mari peut la cohabiter par les fesses. » Shahla rit et précise : « C’est tout notre problème. Tout semble permis parce que chez nous dès qu’un savant en religion dit quelque chose, un autre affirme le contraire et ça se termine par : Dieu tranchera au grand jugement. Mais pour nous, les chiites, le prophète, qu’Allah le protège, a dit qu’un savant qui interprète le Coran ne se trompait jamais totalement, alors Inch’Allah ! »

On passait des heures à discuter de tous ces interdits puis, échauffés par les détails (attention à ce que tu lèches ! Combien de doigts peux-tu mettre dans le vagin ? etc.), on faisait comme si le péché n’existait pas, comme si personne ne nous regardait. Non seulement Dieu, le prophète, les sages, les saints, les anges mais aussi les satellites qui nous scrutent, les drones — dernière génération — qui nous scannent (yes we scan !) et même les OVNI et leurs aliens qui, d’après certains, viennent, les nuits obscures, baiser les plus belles Terriennes.

Quand, dans mon bureau, je télé-pilote mon drone je ne passe jamais au-dessus de notre cachette. Je crains que les multiples palpeurs, les caméras infrarouges, les processeurs de reconnaissance vocale, faciale, comportementale, parviennent à se glisser dans une faille temporelle, nous surprennent, en marge de l’espace et du temps, en pleine scène biblique et pornographique.

Et puis se déclencha le début de la Xe « guerre des pauvres ». Le deuxième conflit de civilisation après celui des Twin Towers.

C’est une belle soirée de mai. Le ciel est d’un bleu sombre et éclatant comme rarement en Belgique. À 20 h 10 précises, les cinq bombes humaines déclenchent leurs charges de plastic c4 dans les quatre bras de liaison du gigantesque bibelot de 3 400 tonnes représentant un atome de cristal de fer agrandi 165 milliards de fois et qu’on avait baptisé « Atomium » en 1958, à la belle époque de l’équilibre de la terreur, du plein-emploi, des colonies bien chaudes et de la guerre bien froide. Avec la statue d’un petit garçon nu, qui compisse le monde, l’Atomium et son architecture de bande dessinée est le symbole de Bruxelles, capitale administrative de l’Europe, siège du Parlement de l’Union et de l’OTAN. Une ville alignant le plus grand nombre de groupes de pression et de lobbyistes au monde.

Les explosions libèrent brutalement les neuf sphères de dix-huit mètres de diamètre ornées de 2 970 lampes clignotantes (représentant les électrons) et l’énorme atome d’inox brillant s’écroule sur lui-même et sur la délégation sénatoriale US menée par l’ex-secrétaire d’État Hillary Clinton, dont le convoi officiel vient de s’arrêter au pied de l’extravagant totem dont l’ascenseur doit l’emmener en vingt secondes à cent mètres de hauteur où trône le restaurant de luxe Window of Europe.

Comme dans un jeu de pétanque géant, les boules d’acier se mettent à rouler, aplatissant les limousines au passage, dévalant les pentes du plateau du Heysel vers les constructions voisines : la mini Europe (eh oui !), un parc d’attractions aquatique (l’Océade), un maxi-complexe de cinéma (Kinépolis) et le stade Roi-Baudouin où, lors d’un match de foot, Angleterre-Italie, en 1985, (il y a tout juste vingt-neuf ans), les supporters bagarreurs des deux camps affichèrent trente-neuf morts et six cents blessés au marquoir, avant le début de la compétition, ce qui n’avait pas empêché la poursuite des festivités selon la devise hollywoodienne : The show must go on !

Du côté de l’Atomium, c’est le même slogan : the show must go on… Les boules poursuivent leur inexorable cheminement. L’une d’elle atteint les monuments de l’Europe Lilliput, écrabouille la tour Eiffel et finit le travail du temps entamé sur la tour de Pise. Sa masse envahit les canaux d’Amsterdam, la place Saint-Marc, le château de Chenonceaux et la porte de Brandebourg, réduit en poussière la Prague des savants, l’Athènes des philosophes, la City of big money et son « T. Bridge » des vieillards les plus riches de la planète. Elle transforme en ruines minuscules les monuments emblématiques de l’Europe et poursuit sa route vers les dizaines de voitures qui semblent soudain des jouets face à sa démesure.

Une autre sphère se dirige vers Kinépolis, jamais aussi bien nommé. Dans la salle n° 7, huit cents spectateurs, lunettes 3d sur le nez ; huit cents insectes scotchés vers la lumière, bouche bée, suivent les aventures d’une cosmonette perdue dans l’espace. Soudain (comme dit Eisenstein dans la séquence dite des « escaliers d’Odessa »), dans un bruit effrayant mais qui n’étonne personne à l’époque du superdolby digital surround Bose system (Reg. Trademark), l’écran éclate en morceaux sous la pression d’une planète de ferraille qui surgit dans le cosmos, vrai relief dans le faux relief. Un OOOh !!! d’admiration se transforme en AAAh !!! de terreur quand la lune métallique écrase les cinq premiers rangs de spectateurs qui, pendant une demi-seconde, sont (enfin !) les mieux placés pour apprécier « l’image envahissant la salle » promise par la pub d’Universal mais qui ne pourront, hélas, participer au bouche-à-oreille tellement important pour l’économie de l’audiovisuel. Imperturbable sur la surface sphérique, Sandra Bullock essaie de forcer la porte du sas de la station spatiale russe alors que la foule affolée force les portes et foule la moquette du hall-boutique, piétine des millions de pop-corn et de caramels fruités, renverse des hectolitres de coca-cola, creusant ainsi un trou sans fond dans les revenus de la deuxième semaine du mois de mai du méga-complexe.

La boule supérieure, celle du restaurant étoilé, roule sur elle-même, charriant le long de ses parois les tables nappées de dentelles, les bouteilles de Veuve Cliquot (faisant d’autres veuves aussitôt) et de romanée-conti, mixant les homards et les grains de caviar ainsi que leurs prédateurs consommateurs. Les malheureux (façon de parler) se traînent quelques secondes au sol pour se retrouver au plafond un bref moment avant de retomber, après une glissade spectaculaire sur les fenêtres de plexiglas, avant de rejoindre le parquet hérissé de morceaux de cristal et de glace pilée. Un maître d’hôtel courant à toute allure tel un hamster travesti parvient, de façon magique, à marcher sur les murs et à zigzaguer parmi les lustres vénitiens, un plateau d’argent posé sur ses gants blancs, avant de s’écrouler dans la masse informe en glissant sur un turbot sauce hollandaise.

Poursuivant son mouvement, se dirigeant vers un cochonnet imaginaire, la boule restaurant percute la baie vitrée de l’Océade au moment où des dizaines de jeunes demi-nus applaudissent la mise en action de la machine à vagues dans la piscine en forme de lagon polynésien. Le mascaret attendu avec sourire et excitation se transforme en tsunami de cinq mètres de haut balayant les couples hilares, les play-boys de plages artificiels, les cover-girls d’un soir et leurs amours débutantes dans un même maelström, bien loin de la voix chaude et rythmée de Stromae que les haut-parleurs déversent dans la piscine dévastée.

Deux boules esseulées ont slalomé dans les parkings et se dirigent vers le stade où soixante mille fans communient en agitant leurs briquets jetables pour le concert d’adieu (mais faut-il y croire ?) de Johnny
Hallyday. La star n’a pas encore fait son entrée et le public est debout, martelant son nom, Johnny ! Johnny !… quand les spectateurs les plus haut placés (c’est-à-dire les plus mal placés) voient arriver vers la scène des masses rondes scintillant de mille feux, ils rugissent de joie : la star a trouvé une nouvelle façon d’apparaître, un nouveau trucage extraordinaire dont il a le secret ! D’ailleurs il approche, suspendu à un hélicoptère au-dessus de la pelouse, mais une boule lumineuse s’appuyant sur sa sœur jumelle franchit l’enceinte du stade, bondit de gradins en gradins, accroche le chanteur au passage, enroule le câble et entraîne dans son mouvement l’hélico déséquilibré dont les pales folles fauchent les têtes des spectateurs les mieux placés, collés à la scène et décollés tous ensemble comme la répétition accélérée d’une nouvelle terreur révolutionnaire.

Ainsi la boule, fatale et juste, entraîne dans un même mouvement catastrophique la star et ses fans les plus fidèles et les plus friqués, causant la panique. Une bousculade mortelle se répand lentement de proche en proche comme une onde dans un bassin de marbre.

Le « désastre de l’Atomium » comme le baptisa la presse, fit 269 (« deux sans 69 » titra un journal satirique) morts et 2 277 blessés mais les médias parlèrent surtout de la disparition d’Hillary Clinton et de Johnny Hallyday. Le monde entier compara l’attentat à celui du World Trade Center, surtout par son impact symbolique : l’image de l’atome se désagrégeant, se fractionnant et donnant la mort (ce qui était finalement logique !) Un communiqué émanant d’un « groupe révolutionnaire de protection du Prophète » revendiqua la juste action des croyants contre la confiscation de l’arme nucléaire par les forces impies et sataniques. L’ONU reconnut donc unanimement (sauf quelques voix) la responsabilité de « l’Iran et de ses affidés ».

Les États-Unis suivis par leurs caniches anglais proposèrent de venger la Belgique et la famille Clinton (ignorant la famille Hallyday) en bombardant intensivement Téhéran, mais Poutine s’y opposa, proposant plutôt de raser quelques villes « islamistes » du Daguestan, pour se débarrasser du foutu « Shariat Jamaat » ce que, même les Pussy Riots (qu’il avait baptisés les Clito Riots) auraient apprécié. Quant aux Chinois, ils sentaient que la grande muraille était sérieusement menacée par les « ennemis de l’intérieur » et autres partisans du dalaï-lama… mais c’était le cœur de l’Europe qui avait été touché et c’était donc à l’Europe de réagir, ce qu’elle s’empressa, faute d’unanimité, de confier à l’OTAN aidée par la NSA.

Je suis dans le bureau de Mark (pseudo), chef des « opérations spéciales », les opérations dont personne ne parle, les opérations qui n’ont pas existé et qui n’existeront jamais. Qui, mieux que moi, me dit-il, pourrait comprendre les familles des victimes ? Alors que mon père et mon frère aîné ont été tués dans un attentat du Hezbollah à Beyrouth ? Ici, à Bruxelles, une nouvelle guerre sainte (il ne dit pas Jihad) a commencé. Les services secrets ont repéré un groupe extrémiste chiite lié à l’attentat de l’Atomium. Moi et mon drone allons les neutraliser. Mes supérieurs me font confiance pour mener à bien cette mission délicate, une première en Belgique. Attention, les dommages collatéraux seraient catastrophiques ! Il me serre la main, « Bonne chance ! », puis, souriant comme Brad Pitt, les yeux mi-clos, il ajoute : « Bonne chasse ! »

Depuis l’affaire de l’Atomium et l’hyper-surveillance qui l’a suivie je n’ai pas pu parler ni même téléphoner à Shahla, pas pu lui envoyer un SMS ni un mail. Le moindre geste entre nous la ferait soupçonner, interroger, mettrait les autres au courant de notre « liaison satanique ». Toutes les conversations sont écoutées, tous les mails sont lus, tous les visages photographiés, scannés, classés et expulsés si affinités. Nous pouvons simplement nous croiser et nous regarder sans même esquisser un sourire. Je sais (ou plutôt je sens) qu’elle n’y est pour rien, ni sa famille, ni sa tribu (!?), ni ses amis (que je ne connais pas) mais je suis, hélas, le seul à le savoir.

Je suis devant mes télécommandes, en face des images HD que me fournissent les caméras de mon drone dernière génération, un engin programmé pour voir, calculer, penser à ma place et me fournir des « opportunités de tirs » prémâchées, prédigérées. Tout en télépilotant, j’essaie de ne pas penser à Shahla, de contourner son image. Je sais qu’en face de moi une caméra scrute mon regard, saisit le moindre cillement, la moindre hésitation, peut-être mon émotion la plus intime… Je revois le métro sans elle, simplement l’écran de la tablette numérique et le film muet Charlot soldat. Et soudain je comprends : Charlot déguisé en ennemi c’est ce qui se passe hic et nunc. Ces groupes « islamistes » qui se contredisent mutuellement, se surveillent, se jalousent, se font concurrence, se méfient de tout et de tous. Comment imaginer qu’ils pourraient mettre au point une opération aussi calculée, aussi minutieuse et surtout aussi bien documentée sans l’assistance, l’aide, la suggestion, la manipulation de « mon » camp ? Les « terroristes » étaient comme mon drone, de petites machines télécommandées de loin par les « opérations secrètes », par nous (par moi ?).

Sans me le dire, sans le montrer, je sais que je ne vais pas « neutraliser » ces jeunes « chevaux d’Allah » aux ordres de vieillards discutant les hadiths du prophète à longueur de jour depuis la nuit des temps. Je vais frapper (mais il ne faut pas y penser) les vrais coupables assis à quelques mètres de moi. Rien dans mon esprit ne doit l’indiquer. Je dois imaginer autre chose, cacher la moindre hostilité pendant que je programme la frappe sur l’ordinateur. Si j’évoque l’image, même floue, de Shahla, le senseur de reconnaissance émotionnelle découvrira la jeune Iranienne et mettra fin à ma mission, débranchera tous les circuits de ma mini-machine de guerre volante silencieuse et mortelle.

Alors j’imagine une autre bombe humaine, (une bombasse comme on dit sur Facebook). Une grande (1,80 m) rousse flamboyante, aux yeux verts, au corps (98-63-95) constellé de taches de rousseurs qui, sans cesser de me regarder, cambre ses fesses, les écarte de ses longues mains aux ongles lilas et me murmure comme dans les films X : « Prends-moi et encule-moi. Vas-y ! » Mes mains pianotent sur le clavier, la caméra me scrute. Le drone se positionne en m’envoyant des demandes de confirmation d’objectif. Seule la testostérone qui noie l’action dans le sexe peut tromper le robot inquisiteur. Je poursuis mon imaginaire et intime secret pour mieux cacher ma décision ultime. Mon sexe agace le sien, elle va et vient sur ma queue, elle dresse son cul le plus haut possible. Je confirme la cible à toute allure sur l’ordinateur de tir. Je m’appuie sur mes jambes au-dessus de sa croupe, elle pousse des petits gémissements rauques, sa main prend ma bitte et la guide vers son anus étoilé de rose, je m’enfonce en elle et j’enfonce le bouton rouge de lancement du missile, direction l’OTAN, nos bureaux, nous autres, Mark et moi.

Il me reste trois secondes pour revoir, sans peur des flics électroniques qui comprendront trop tard, Shahla, ma charmeuse princesse chiite sa bouche gourmande, ses yeux bruns, sa peau mate et ambrée, ses jeunes seins tendres aux pointes sombres, sa mince taille enchaînée d’or, ses fesses de bronze, l’astrakan noir de son pubis, son orchidée humide et mauve… Et juste avant l’impact final je pense comme l’imam Ali que « la femme est un scorpion dont la morsure est agréable ».

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