En guise de prélude à notre prochaine ode contre un anthropocide,

Les accords d’un vieil oud sur une longueur d’onde bien peu de propagande,

Puisés au fond de l’oued qui arrose Bagdad berceau des Abassides,

Adressent à votre bled secoué d’algarades allant jusqu’à l’immonde,

Hélas où tout se scinde en querelles morbides et funestes apartheids,

Ce chant bizarroïde lancé par un aède à sa Shéhérazade.

Qui où quand suis-je ? Capturé par la police des Affaires humanitaires et de l’Immigration, mon seul refuge est un asile intérieur en suspens hors l’espace et le temps. Je ne veux d’autre sépulture, pour ma geste ancestrale, que la langue des origines.

Vos tâtonnements à l’aveugle dans un labyrinthe sans issue, me suis-je entendu dire aux inspecteurs, ne devraient trop se fier à ce livre. Sur le bureau trônait une pile du Guide des Égarés. Je savais que cet ouvrage de Maïmonide, précis de judaïsme appelant à la mise à mort des enchanteurs et des sorcières, avait été le manuel du totalitarisme à l’aube de l’ère moderne, mais je découvrais que s’en était approprié le titre un célèbre auteur contemporain. Mon voyage à travers les siècles n’autorisait-il pas un regard indemne d’idées et préjugés du moment ? Voilà pourquoi j’ai résolu de prendre sur moi tous les péchés d’Israël… Inventer des fables, afin d’injecter un peu de vérité dans la fausseté du monde : n’est-ce pas la définition du mentir-vrai tel que l’illustra l’aède Aragon ? Ce fut ma ligne de défense, lors des interrogatoires musclés visant à établir mon identité, dans ce lieu de détention pour migrants sans papiers. Je me suis donc mis à leur expliquer, le plus calmement du monde, que les tribus d’Abraham quittèrent mon royaume plus d’un millénaire après l’écriture d’une épopée portant mon nom : la plus ancienne enregistrée dans la mémoire de l’humanité.

Tout au long des passages à tabac, les représentants de la loi furent secoués de mouvements rythmés par les éructations d’un chanteur, dont la voix leur inspirait des spasmes accentuant ou atténuant leur zèle au gré de l’humeur des rengaines. Je n’ai pas osé leur dire qu’il y avait là l’explosif et les munitions d’un bombardement des cerveaux remplissant énergiquement sa fonction, même si le rôle du beuglant dans une telle industrie serait assumé bientôt par des robots.

Car nul, sur les territoires fluctuants de Mésopotamie, n’accepte plus de croire vraie la manière dont s’agitent les instances régnant sur le globe. Leur crise prolongée témoigne d’un basculement de toute réalité dans l’irréel, sous prétexte de faire place à une réalité nouvelle.

Il n’était guère malaisé de comprendre que l’auteur ayant usurpé son titre à Maïmonide, et le chanteur faisant sacrifier mes inquisiteurs au culte de leur idole, venaient de quitter la scène. L’un tenant la plume et l’autre une guitare, ils avaient eu à combler le vide laissé béant par l’élimination d’un personnage – l’enchanteur – dont ils étaient l’ersatz. Pour avoir été le roi légendaire d’Uruk l’Enclos, je devinais que l’un et l’autre appartenaient à l’élite haut de gamme d’un personnel chargé de veiller sur l’enclos concentrationnaire, où ils avaient assuré chacun la fourniture d’une pâture nécessaire à la soumission du bétail.

Ainsi fonctionnèrent ces deux grands prêtres du clergé médiatique – voire de la curie – particulièrement rassembleurs du troupeau, si j’en jugeais par l’obstination qui était mise à distribuer le Guide des Égarés parmi le ramassis d’exilés qui partageaient mon sort, comme par le fanatisme à célébrer l’« idole des jeunes ».

Il m’apparut que ces deux marques de fabrique avaient interrompu leur production industrielle qui, sur plus d’un demi-siècle, offrit le bonheur et les larmes à des générations de concierges sentimentales. Ces dernières avaient-elles conscience des giclées déversées dans leurs cerveaux par les innombrables écrans dont je voyais équipés mes interrogateurs ? Ce que pouvait leur en dire un président de la République, dont le message réverbérait celui des écrans, semblait aux foules en extase une pitance bien suffisante en matière de mythologie. Pour tenter de faire comprendre aujourd’hui ce que peut signifier un regard vieux de cinq mille ans – me suis-je permis d’avouer sous la menace de coups redoublés – j’ai choisi comme ambassadeur le scribe le moins susceptible d’être compris par ses contemporains. N’a-t-il pas vécu son existence entière hors toute carrière ? Plus qu’un prince, moins qu’un manant : c’est son cri de guerre qui m’a fait traverser les millénaires, grâce à un secret élixir, messieurs les inspecteurs !

Ces mots devaient leur faire déployer une autre stratégie : la piétaille peu galonnée céda la place à l’Officier. Face à son regard amusé, j’ai cru bon de révéler que mon scribe était un expert en l’art de conserver mémoire d’événements n’ayant pas eu lieu dans l’Histoire. Ceux-ci forment pour lui la trame d’un monde parallèle, où règne l’invention d’histoires qui ne furent jamais vécues. Celle, par exemple, d’un roi babylonien, dont l’épopée tracée dans l’argile demeure la première légende universelle, revenant de nos jours parmi les humains.

L’Officier se distingue de ses collègues en uniformes par une courtoisie que souligne son costume civil. Dans le vaste espace qu’il occupe sont rangés, non une simple pile, mais plusieurs mètres cubes d’exemplaires du Guide des Égarés, qu’il m’offre l’occasion de feuilleter. Cet agrégat de banalités produit selon les critères exclusifs du marché, comment ni dans la presse, ni sur les plateaux des talk-shows où l’on est prompt à coiffer la kippa, nul n’a-t-il signalé qu’il dérobait son titre au prêcheur du massacre des enchanteurs – Maïmonide ?

N’est-ce pas la signature d’une époque où prospèrent les impostures, embaumant du parfum de fleurs artificielles un univers désenchanté ? L’auteur en question tirait gloire d’intituler ses derniers autres best-sellers en puisant dans les chants d’Aragon. Cet enchanteur, et son ensorcelante compagne Elsa Triolet, ne consacrèrent-ils pas des pages inoubliables au chanteur disparu, quand sa fougue juvénile semblait exprimer le cri d’une génération ? Je doute qu’un véritable barde, ou un authentique écrivain, eussent bénéficié de la réclame publicitaire qui fut réservée à Johnny Hallyday et à Jean d’Ormesson.

L’Officier m’écoute, mais qui a parlé ? Je n’aurais pas été capable de citer les deux noms prononcés. Mon scribe se serait-il emparé d’un esprit voyageur, quand celui-ci croyait en faire son docile messager ? Ne serais-je moi-même que le fruit de sa quête exploratrice, à lui qui se réclame de la littérature comme d’une épopée mythique ? Un autre en moi dit les mots recueillis par l’Officier, qui a mis en route une machine pour les enregistrer. Mais l’on ignore toujours mon élixir…

La Kulturindustrie vend les mythes au rabais. Rien de pire, pour une domination, que les manifestations hostiles sur la place publique ; rien de mieux que des attroupements favorables, comme ceux permis par ces doubles adieux à la plus fringante rock star des Lettres et à la plus vénérable des éminences yé-yé. Car nous sommes passés d’une libre circulation des biens à une libre circulation des maux, supposant une stricte coercition des mots. Pour que le chiffre d’affaires du livre soit dépassé par celui du jeu vidéo, le centre de gravité du marché culturel devait se déplacer vers celui des teenagers, moyennant une réduction des normes à un niveau primaire, autorisant que se côtoient La Gloire de l’Empire et Da Dou Ron Ron. Jean d’O. pouvait ainsi promouvoir à l’Académie française une stratégie Salut les Copains, quand Johnny se voyait assurer un rang prestigieux parmi les notables de la République.

À l’imagerie du jeune délinquant sauvé par la grâce du rock and roll, fait écho celle de l’aristocrate plébiscité pour ses hardiesses de voyou.

L’un aurait pu prendre part à la tournée « vieilles canailles » de l’autre, qui n’eût pas démérité de l’habit vert en faisant entonner Allumer le feu aux Immortels, jusqu’à incendier tous les fauteuils du Quai Conti. Leur accolade fut donc celle de bêtes de scène qui crèvent l’écran.

Par leur origine et leur éducation, l’un aurait fait un parfait cardinal, qui tint son rôle de diablotin sur les plateaux télévisés ; l’autre, voué à la criminalité des bas-fonds, finit encensé par un évêque, non sans avoir servi de modèle à des curés loubards en santiags et perfecto.

La marchandise vedette n’incarne-t-elle pas un négatif de l’eucharistie chrétienne dans un corps et une voix démoniaques, se substituant à la parole d’évangile tout en brandissant le crucifix ?

Quelle domination plus efficace que celle suscitant son désir par la séduction qu’elle exerce, faisant succomber à son charme les classes dominées… Celles-ci subissent un terrible revers, mais doivent l’ignorer par un art de la réversion qui inverse le sens des signes, convertissant le négatif en positif et le positif en négatif – sans médiation.

Tout l’enjeu médiatique est d’empêcher l’hypothèse d’une dialectique historique. Les cercles de l’enfer terrestre vénèrent en live un paradis profane peuplé d’élus proclamant, dans un show de chaque instant, que le marché contient l’infini : les chiffres des ventes en font foi.

Pareille scénographie ne transgresse aucunement les prescriptions de Maïmonide, condamnant avant tout les conciliabules d’outre-tombe réservés aux mystiques et aux fous – du genre de mon ambassadeur. D’où vient peut-être cet accès de lucidité manifesté par l’Académicien mondain, quand il avoua ne pouvoir guère se comparer à Chateaubriand. L’Officier qui enregistre ma déposition peut-il goûter le sel d’une telle situation ? Rien n’est de moi dans les dires d’un revenant vieux de cinq mille ans. De la poche intérieure de son veston, je le vois sortir une mince brochure qu’il parcourt négligemment. Sur la couverture sont imprimées les trois syllabes de mon nom. Le titre est de mon scribe : L’Ombre des Ancêtres Oubliés.

Cet interrogatoire se joue donc à trois. Secondaire apparaît désormais son prétexte officiel : vers quel pays me refouler ? Je suis un migrant parmi des milliards d’autres, sachant combien la vie humaine est une monnaie de singe au taux de change très variable. Ce gouvernement belge ne livre-t-il pas des armes à l’Arabie saoudite pour massacrer le Yémen en décrétant, avec Trump et Netanyahou, l’Iran coupable ? Toute puissance étatique rétive aux injonctions de l’Occident n’est-elle pas vouée à disparaître, afin que se poursuive la stratégie guerrière en Orient ?

Tel pays voisin, lors d’opérations militaires au Sahel, n’assassine-t-il pas davantage de soldats africains que de djihadistes financés par les monarchies pétrolières alliées ? Si l’humanité se définit par un jeu avec le feu, c’est un jeu dangereux que le vôtre, monsieur l’Officier.

Car il est une quintessence de sens dans la semence des morts.

Peut-il savoir que j’ai rencontré le ministre des Affaires humanitaires et de l’Immigration, juste avant que mon scribe n’imagine le présent interrogatoire ? Peut-il deviner les sortilèges dont me gratifie la déesse Ishtar, depuis nos origines antérieures à la Genèse ?

Que voulez-vous, monsieur l’Officier. Le ministre fasciste auquel vous obéissez fait le sale boulot, chacun fait mine de se pincer le nez, voire de le réprimander, mais tous opinent en silence car il y va de la défense d’un système, comme pour Trump et son coup de Jérusalem…

Cette prodigieuse machine à presser le monde pour en extraire le jus veut établir là sa capitale. Mais, dites-moi, s’est-il déjà produit qu’un chef d’État lance des menaces officielles contre tout pays s’opposant à son diktat lors d’un vote à l’Assemblée générale des Nations Unies ?

L’Officier scrute ce réfugié présentant le profil du parfait terroriste. Il ne dit mot, j’insiste. Jamais, avant ce coup de force contre la ville Trois Fois Sainte, sacralisant l’axe Washington-Jérusalem.

Dès lors, tous ces divertissements ne servent-ils pas de diversions aux stratagèmes de ceux qui jouent avec le feu ? Combien de temps avant l’explosion de la bulle ? Mon ambassadeur avait fait d’un personnage nommé Bubble Gum l’adversaire du héros de son premier roman, voici près de trente ans. Depuis lors vous avez réussi, grâce à de puissantes chimiothérapies, à extirper cette mortelle tumeur qu’était pour vous le communisme. Enfin votre système a retrouvé pleine santé : cancer de la finance, gangrène du corps social.

Ces mots sont avalés par la machine de l’Officier, pour aller se loger dans ce qui tient lieu de mémoire à une civilisation. Le même scribe inconnu, dans un cycle romanesque introuvable, n’avait-il pas fait de l’axe en question la structure d’un Nouvel Ordre Édénique, proposant l’acronyme NOE comme référence mythique planétaire ? Il se trouve que le déluge figure au nombre des récits dont se tisse mon épopée. Je suis donc bien placé pour juger de l’inanité des malédictions divines à l’encontre de Cham, dont la Bible me fait appartenir à la descendance.

Peut-on ne pas voir d’origine lévitique le sort des indigènes à Jérusalem, réduits à survivre dans des ghettos lépreux dignes de l’Afrique du Sud, en contrebas d’une forteresse protégée par des soudards surarmés ?

Car les puissances impériales et coloniales ayant fomenté le sionisme comme la nécessité d’un bastion de l’Occident en Orient, dès l’origine avaient une vision des peuplades locales comparable au regard que ces mêmes puissances portaient sur Nègres, Indiens ou Chinetoques : tous rejetons de l’engeance maudite. Quand Trump abroge le statut de protection accordé aux Haïtiens depuis le séisme d’il y a sept ans, c’est à nouveau le racisme à l’égard de Cham qui s’exprime avec vulgarité. Les suprémacistes juifs en Israël, arabes chez les Saoud, affirment une supériorité théologico-ontologique sur les populations autochtones qui ne sont pas de leur sang, par la grâce de cette éternelle malédiction. Colonialisme, Racisme, Impérialisme, Sionisme, Individuïsme, Sensationnisme : C R I S I S.

Jusqu’où ira le poète ? Sous cet intitulé publicitaire, la marque Hermès croit pouvoir s’autoriser une provocation au-dessus de ses moyens. Cet abus de langage, émanant de la première fortune de France (Bernard Arnault, LVMH), s’affiche en pleine page d’une réclame exhibée par l’Officier, qui déploie sous mes yeux le journal où voisine un éditorial vantant la « journée mondiale des migrants ». Selon les derniers tableaux d’honneur publiés dans toute la presse, dont lui appartient une part substantielle, ce magnat du faux luxe ne pesait l’année dernière encore que 1 000 tonnes du Veau d’Or, mais en vaut aujourd’hui le double.

Je continue de gloser, la machine enregistreuse fait son travail, l’Officier lit sa gazette. Au parc Maximilien, la soldatesque en plein hiver se livre à la traque de Cham. Devant la Cour européenne des Droits de l’Homme, le chef de la France parle d’une « révolution » pour justifier sa politique de pogroms, alors que le ministre allemand des Finances le compare à Arthur Rimbaud ! Ceux-là mêmes qui détruisent la sécurité sociale n’ont d’arguments que sécuritaires contre une insécurité qu’il fallait favoriser au moyen de tueries planifiées. Comme fut fabriqué le croque-mitaine Abou Bakr Al Baghdadi, dont nul n’interroge la soudaine évaporation.

Le pouvoir étant consubstantiel à la crainte qu’il inspire, si celle-ci vient à défaillir, il en sous-traite l’exercice à des firmes spécialisées qui répandront la peur avec un même zèle que les filiales garantissant la sécurité sous des formes policières et militaires. Qu’appelle-t-on dès lors populisme, sinon le cri d’une souffrance populaire sous le fouet de la loi du plus fort, une fois verrouillée toute hypothèse d’un devenir historique au-delà du capitalisme ? Celui-ci ne peut être vu comme le vieillard grabataire qu’il est, sous perfusion d’un sang puisé au cœur de l’humanité, grimé sous les dehors d’une verdeur incarnant l’avenir.

Parler paix, agir guerre. Demeurer fidèle à la maxime de Bonaparte imposait à l’Empire que s’accomplît le plan de Theodor Herzl, poursuivi par la déclaration de Lord Balfour au financier Rothschild juste après la révolution d’Octobre 1917, et scellé dans le contrat de complicité avec le clan Saoud en 1945, inaugurant l’ère du sionisme salafiste. Mais le rabbin David Meyer, professeur à l’Université grégorienne de Rome, ne dénonce-t-il pas dans le coup de Jérusalem une façon de conforter Israël dans sa relation idolâtre à la terre, à la sainteté et à l’Histoire ?

Si je suis apparu comme un roi plein d’arrogance, il me fut nécessaire de fuir le piège du pouvoir pour courir l’aventure hors l’enclos d’Uruk et devenir magicien d’Irak. J’ai trouvé mon frère en le sauvage Enkidu. Sa perte me ferait franchir l’abîme d’un océan lointain, pour cueillir en son fond l’herbe magique dissipant les illusions. C’est un élixir de cette herbe que contient cette fiole, dont je vous prie de goûter une rasade. Car le simple bon sens n’a plus aucun sens : ainsi se résume l’idéologie de la domination, qui préconise un sens unique dont chacun sait qu’il est un non-sens, mais que voulez-vous, chercher le sens n’a pas de sens, encore moins s’il s’agit du sens de l’Histoire, monsieur l’Officier. Je suis solidaire de tous ceux qui ont vécu des situations abominables, et n’ai rien vu de plus beau que l’éclosion de l’humanité n’ayant jamais vu la lumière du jour, dans une révolution. Quand on regarde l’Histoire dans une perspective de cinq millénaires, on aperçoit que ses feux les plus vifs convergent vers ces foyers que furent 1789 et 1917. Mon épopée, selon douze tablettes en argile qui en sont conservées, peut être définie comme un hymne à l’amour et à la fraternité. Aux deux révolutions de la liberté, puis de l’égalité, succédera donc celle de la fraternité sur le fleuve Congo en 2045, me souffle la déesse Ishtar. Avec elle et mon scribe, nous sommes quatre, monsieur l’Officier. Peut-être même cinq, si l’on compte l’autre en vous qui entonne, poing levé – grâce à mon élixir :

Debout, les élus de l’éther Debout, magnats et aigrefins.

Nos bombes creusent leurs cratères Pour semer un profit sans fin

Atomisons la populace Races élues, allons jusqu’au bout

Les damnés crient déjà grâce Ils ne sont rien, nous avons tout !

C’est la guerre totale Spéculons et demain

Les multinationales seront le genre humain !

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