Estivales didascalies

Claude Javeau,

(Côté jardin, une porte donne sur ce qui est censé être une salle de bains. Dans le fond se découpe la porte d’entrée de l’appartement ; à la droite de celle-ci, un lit est collé contre le mur, dans une sorte d’alcôve : il est occupé par une personne dont on devine qu’elle est fort âgée. Côté cour, une baie vitrée donne sur une terrasse. L’appartement est meublé de manière banale, plutôt branchée ; un réfrigérateur trône de l’autre côté de la porte d’entrée).

(Une femme sort de la salle de bains, elle est nue sauf une serviette nouée autour de ses cheveux, qu’elle vient de laver. Elle court vers la baie ouverte sur la terrasse, en s’éventant vigoureusement avec un magazine).

(Un homme assez jeune sort de la terrasse, habillé d’un short et d’un maillot de corps. Il se dirige vers le réfrigérateur, l’ouvre et en sort une canette de bière qu’il se met à boire goulûment).

(La femme reparaît et court en sens inverse vers la salle de bains. Elle ne cesse pas de s’éventer avec le même magazine).

(L homme repart vers la terrasse, la canette à la main, en soupirant bruyamment).

(La femme ressort de la salle de bains, habillée d’un peignoir. Elle s’est débarrassée de la serviette qu’elle portait sur la tête, mais s’évente toujours du même magazine. Elle se dirige aussi vers le réfrigérateur, l’ouvre et y prend une bouteille d’eau minérale, qu’elle se met à boire au goulot. Elle repart ensuite vers la terrasse).

(L’homme revient de la terrasse, en soupirant bruyamment et en s’épongeant le front avec ostentation. Il se dirige vers le réfrigérateur, l’ouvre et y prend une canette de bière, qu’il se met à boire goulûment. Il se rend à son tour vers la salle de bains).

(La femme sort de la terrasse, la bouteille d’eau minérale à la main. Elle s affale en soupirant dans un fauteuil, tout en continuant de s’éventer avec le magazine et en portant régulièrement la bouteille à la bouche. Elle boit à larges lampées).

(On sonne. L’homme sort de la salle de bains, habillé d’un costume clair d’été. Il va ouvrir. Deux hommes noirs vêtus entrent, portant un cercueil. Ils posent le cercueil au sol et y insèrent le vieillard qui était couché dans le lit à côté de la porte. Ils referment le cercueil et sortent. L homme ferme la porte derrière eux. Il va vers le réfrigérateur, en soupirant bruyamment, l’ouvre et y prend une canette de bière, qu’il se met à boire goulûment. La femme, dans le fauteuil, n’a pas bougé. Elle continue à boire au goulot de la bouteille d’eau minérale et à s’éventer avec le magazine).

RIDEAU

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