Assis dans une flaque de soleil le vagabond s’est isolé du monde. Il ne prête même plus attention au gobelet de carton déposé à ses pieds. Sur le parvis de la banque il a écrit à la craie : « J’ai faim ».

Un jeune homme en costume noir, chemise blanche, cheveux coupés à la brosse avec houppette, s’arrête à hauteur du clochard avant de franchir la double porte de la Caisse de Retraite et Financements. Il laisse tomber une pièce. Le clochard lève les yeux de son bouquin et remercie l’homme pressé.

Ce dernier désigne l’inscription à la craie d’un mouvement de mallette.

« Hmm… A votre place, j’aurais écrit :

Presque arrivé à la fin de mon livre. Merci de me donner de quoi en acheter un autre. »

Il s’éloigne vers les portiques de sécurité qu’il traverse sans encombre.

Je m’approche à mon tour. En m’inclinant pour déposer une pièce, je déchiffre le titre du livre, un fort volume dont les pages jaunies se détachent de la reliure : le Livre des métaphores.

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