Faut-il croire à la prémonition ou aux coïncidences ? Toujours est-il que dans la nuit du 11 au 12 avril, j’ai fait un rêve… En guise d’adieu je te le livre ici, mon cher Jacques. Tout y est dit.

 

Je me tenais debout sur une grande terrasse d’où l’on découvrait le quartier d’Uccle. Jacques était à mes côtés, nous attendions tous les deux la chute d’un météore, annoncée la veille à la radio. Nous espérions qu’il ne tomberait pas sur la terre mais tout au plus la frôlerait. À minuit pile, le météore traversa l’atmosphère devant nos yeux émerveillés. Nous laissant indemnes.

Jacques me prit dans ses bras comme il le fait toujours quand nous sommes témoins à deux d’un beau grand événement. Puis il me demanda de le raccompagner, comme toujours. Il ne voulut pas prendre place à ma droite, la place du mort. Depuis son accident de voiture, il avait peur. Il s’assit donc à l’arrière. Dans le rétroviseur, je voyais Jacques. Et, chose étrange, il ne gardait pas le même visage, comme si le rétroviseur parcourait le passé, son passé, notre passé : il était là avec sa penne d’étudiant, puis avec l’air sérieux du chroniqueur, puis tout souriant, à côté de la mariée, puis avec l’air encore plus sérieux de l’académicien, puis il avait le visage heureux que je lui avais vu au Collège de Seneffe quand nous l’avions inauguré à deux, puis, avec ce sourire si doux et ironique à la fois que j’aimais tant. Parfois, le rétroviseur ne me renvoyait que ses yeux, son regard, si particulier quand il riait, ses yeux plissés et presque moqueurs, mais étincelants. Cette fois plus que jamais.

Jacques conduisait en paroles avec moi, il me guidait, comme il l’a toujours fait d’ailleurs, attirant mon attention sur tel danger ou m’enjoignant de tourner là plutôt qu’ici.

À un moment donné, il me dit de m’arrêter. Devant une porte que je ne connaissais pas. Ce n’était pas chez lui. Une immense porte avec de multiples battants, blanche. Il descendit, à travers la vitre je lus sur ses lèvres, car je n’entendais plus sa voix. Je lus quelque chose comme : merci, à la prochaine ?

Bien sûr, Jacques, oui bien sûr… à la prochaine…

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