Cette famille est une nichée de chiens
Je suis né dans cette famille
Et j’ai appris comme elle à mordre
Le vent à dilapider ce que je n’ai plus
Poussez sur les crassiers mangez l’air
Et la rouille enfoncez-vous dans le poussier
Cette terre est rongée par la lèpre
Je suis né sur cette terre de cicatrices
Comme elle je porte au visage la verrue
Des terrils des hangars vides et des carreaux cassés
Ma chair est rouge et noire sur laquelle pullulent
Les mouches : mouches à radios locales, mouches à
Voiries, mouches à mutuelles et à hospices, mouches
À sécurité sociale, mouches à hôpitaux et mouches
À bretelles d’autoroutes, mouches à permanences
Et mouches agronomes, mouches à football le dimanche
Après-midi quand les rues sont vides les buvettes pleines
Mouches d’industries mortes, d’entreprises bradées
Et de technologies de pointe, mouches à M.E.T.
Et mouches à poésie Le bruit que fait le cœur
Quand la grande usine à mouches a clos ses grilles
J’ai hiverné dans ce pays pluvieux Les sirènes se sont tues
D’autres sont venues avec d’autres cadences et la nuit
Était pleine de pneus hurlants et de verre brisé
Était pleine d’aiguilles, de seringues et d’overdoses
Zones zonings parkings Parquets surchargés paquets
De lessive, de crack, qui veut devenir millionnaire ?
Le secteur tertiaire est en pleine expansion
Dans le cimetière et la cave, la remise en planches
Au fond des jardins, avec l’œil blanc et le linceul
Des trottoirs, les arrière-cuisines et les lits-cages
Rouillés, les vasistas au ras de la rue où pue l’odeur
Du graillon avec le soir la luminescence des écrans
De TV, des boîtes à mouches de la grande distraction
Universelle ô qu’on me donne un chou-fleur
À la place du cœur et que j’habite le quartier des abattoirs
Où saignent les fins de journée en été quand la ville
Est déserte Chromos cartes postales Et le soleil est du sang
Répandu sur des rêves de pauvres Dernière lueur qui s’éteindra
Dans la mémoire soldée pendant que prolifèrent le vide absolu
La conscience très provisoire, les autobus, les automobiles
La généralisation de la construction des ronds-points est le signe
D’une société qui tourne en rond Nous avons fait de la quadrature
Institutionnelle du cercle la huitième merveille du monde
Cette terre est un palimpseste d’images diarrhéiques
Dans l’escalier occupant l’air fragments paralysés
On épie les soubassements – ni portes, ni fenêtres – le froid est absolu
Puis plusieurs fois, comme par rémanence, quand s’interrompt –
Grésillements, frissons électriques parcourant les nervures
Câbles qui pendent, arrêts sur focale : à chaque étape de la vie
Un partenaire crédit sûr et rapide Cette prospérité se développe-t-elle
Au détriment de… Comment comptez-vous obtenir satisfaction ?
Modules d’habitations et laboratoires Pochettes de silicone des sacs
D’os des anorexiques des zombies des déjantés errant comme parmi
Les poubelles radioactives où l’on n’existe que par abcès Dans le fond
L’insémination artificielle Des monorails trouant l’air à cent mètres du sol
Et des étoiles à cœur ouvert
L’aigu vrillant les tempes des annuaires des litanies sous
Les draps souillés Funérariums toutes les spirales les morts cachées
Enfouies dans les urnes Tous les arceaux tous les berceaux Les canules
Vaginales Nous atteignons à la vermine maximale Nous cultivons
En éprouvettes Munitions à l’uranium appauvri Perte des cheveux
Et des ongles La naissance est une maladie incurable et mortelle
Les enregistrements effacés On entend le souffle de la bande Des fractures
Des acides Le déchiffrement du vocabulaire génétique enfin accompli
Nous ne sommes pas des trafiquants Ne le répétez pas Was muss ich wissen
Um reich zu werden ? J’ai de la mémoire et je sais qui est qui Comme une ère
Encore inconnue on y fouille les viscères, les fresques monochromes frottées
Les décharges publiques devenues le refuge de milliers de laissés-pour-compte
Marée noire peste noire Idées noires Baignade interdite Pensée interdite
Les amants criminels Prémonitions Mauvaises fréquentations
L’homme de ma vie Ma meilleure ennemie Chili con carne
Les nuits de la présidente
L’infirmière est une salope Ma petite entreprise Mister Cool
D’une vie à l’autre
Danger immédiat Ça se discute Monica les aime longues On les entend dans le linge Ce qu’ils furent Les stries les rougeurs les rougeoiements filtrés
L’observateur non séparable de l’objet de son observation Par sauts quantiques par approximations réitérées par séries aléatoires Vibrant avec l’héroïne
Pleurant dans les strates Les micro-organismes dans les couches sur les lamelles microscopiques Quatre lunettes
Pour voir de près dont une paire pour lire au soleil Dans les magazines les chromos sur papier glacé en tonnes par forêts entières Sur les pellicules Potins popotins de stars Par microsecondes Des viandes électrocutées Époque épique Les programmes en boucle sont le signe
D’une pensée qui tourne en rond La décompression totale de l’imaginaire
Une esthétique de l’apparence Touche le fond ! Des programmes Des slogans
Un langage à tiroirs Renflouez les épaves Un réseau incontrôlable d’insignifiances Informations diffusion désinformation
Qu’est-ce qui
Irréversible remonte à la surface Vous êtes Koursk ! cadavres blêmes extraits avec le chiffre peaux promises à la dissolution Le mort habite Le mort voit
Ce qui vous devance Voit les écrans Entend dans les ondes Scrute à travers vos prunelles mortes À travers les blindages le ciel infini plein de nuages
Aux radiations délicates Vous êtes Koursk ! Biopsies Contractions Thromboses
Localisation intravasculaire Embolies Vous êtes Koursk ! Le mort voit le mort
Dans le coma de la conscience Des particules flottant à travers l’espace infini
Qui vous résorbera