La crise des années vingt-vingt

Jean-Pierre Berckmans,

Dès que cette fille bronzée, aux longues jambes, aux yeux brun vert, s’est approchée de moi, je me suis dit que je n’aurais jamais dû m’asseoir à cette terrasse, à cette heure de la journée, que malgré le soleil de cette fin d’après-midi il ne fallait pas porter des lunettes noires, que je devais me lever et partir… mais c’était trop tard.

Elle est là, devant moi, elle me regarde, je prends mon verre de vodka tonic et me concentre sur les glaçons qui tournent lentement devant mes yeux, mais j’aperçois quand même ses seins ronds qui dessinent le décolleté de sa courte robe brillante, du même gris acier que la carrosserie de ma nouvelle Porsche. Elle désigne le siège inoccupé en face de moi : « Vous permettez ? » Je détourne la tête : « Non, désolé ! » Elle tire le siège vers elle et s’assied. Je pense : « Elle n’a pas l’air d’une pro mais elle agit exactement comme si elle l’était », et j’évite son regard et sa bouche. Elle pose la main sur mon verre et l’écarte de mon visage. Je suis en tee-shirt et en jean, je porte un blouson métallisé, je suis mince et je me teins les cheveux. Je ne devrais pas paraître mes cinquante-quatre ans mais mes mains, peut-être ? Ou alors cet air agacé que j’ai pris trop vite ? Ou alors la vodka ? Mais c’est incolore et inodore, et c’est pourquoi j’en bois.

Elle se penche sur mon épaule : « J’habite près d’ici, j’ai déjà payé votre verre, partons ! J’ai très envie de baiser » ; elle hésite et ajoute : « Avec vous ».

Je ricane :

« Avec moi c’est foutu, j’ai quarante-deux ans… et je suis homosexuel.

— Vous mentez ! »

Elle sourit et m’enlève rapidement mes lunettes solaires, me montre son smartphone :

« Je vous connais… Je sais tout sur vous, en tout cas je sais que vous avez plus de cinquante ans !

— Alors vous devriez vous lever et partir, je suis aussi stressé et dépressif, je n’ai aucune envie de baiser. »

Elle me regarde ironique. J’ajoute :

« J’ai un rendez-vous important dans deux minutes.

— On peut faire ça dans les toilettes, je vous suce, après vous pouvez m’enculer. » Elle murmure : « Je suis certaine que ça vous plaît » ; elle fait une pause : « En plus, je vous donne mille euros… pour dix minutes de baise c’est pas mal ! »

Après avoir entendu ça, j’arrête de jouer : « Et pourquoi pas deux mille euros, et dans deux jours trois mille, et dans une semaine cinq mille ? Les prix montent tout le temps pour les sperm runners comme vous ! »

Elle me dévisage, furieuse.

« Je ne suis pas sperm runner, je suis amateure, pure amateure. »

J’éclate de rire :

« Pure amateure (j’insiste sur le « pure »), on peut dire ça comme ça. »

Depuis le printemps 2021, les activités des professionnelles du sperm running s’étaient développées partout mais bien des jeunes femmes le pratiquaient pour arrondir leurs fins de mois et le problème, c’est que j’en étais totalement responsable.

2020 marqua l’année de la soudaine dégénérescence des spermatozoïdes des hommes de moins de cinquante ans sur la planète entière. Les hommes des nouvelles générations étaient dans l’impossibilité d’avoir des enfants, leur sperme était totalement infécond, et aucun scientifique, aucun chercheur ne pouvait expliquer le phénomène, ni surtout trouver un moyen d’y remédier.

Ceux qui avaient imaginé l’homme détruisant son environnement et disparaissant faute de nourriture et d’air respirable, cuit par le réchauffement climatique ou réduit en poussière par les armes de destruction massive, tous ces savants annonciateurs de catastrophes s’étaient lourdement trompés. L’humanité allait bêtement disparaître, non par sa folie mais simplement parce qu’elle ne pourrait plus se reproduire. Et cela, personne ne l’avait prévu ou même imaginé. D’où une ruée sur la reproduction immédiate et la disparition de la pilule devenue d’abord inutile puis franchement grotesque.

À l’époque, j’étais administrateur pour le parti socio-écolo (pour une écologie économiquement responsable), à l’Office de régulation fédéral de la fertilité francophone, c’est-à-dire la banque de sperme de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Les dons de sperme de volontaires parlant le français comme langue principale étaient gratuits et les femmes qui souhaitaient un bébé de culture potentiellement francophone pouvaient avoir accès à des spermatozoïdes congelés en échange d’une somme symbolique couvrant les frais administratifs.

Lorsque, en 2020, surgit la crise de la dégénérescence, une enquête révéla que de nombreuses paillettes de sperme avaient été mal congelées, donc inutilisables, que certaines épouses de cadre s’étaient servies dans le stock en sélectionnant les donneurs et même que certains donneurs charismatiques étaient membres de partis flamands extrémistes.

Le scandale éclaboussa tous les partis au pouvoir et les problèmes budgétaires amenèrent la privatisation de la structure et ma nomination à la tête du nouveau groupe baptisé la BRIC, Banque régionale d’investissement créationnel, nom trouvé par une agence de pub d’un de mes amis qui avait accepté de travailler gratos en attendant la suite !

Dès le premier conseil d’administration, les conflits commencèrent : pour certains la situation critique impliquait que nous devions sauvegarder coûte que coûte la gratuité des dons et des inséminations.

Diplômé de Solvay, je fis remarquer que cette crise frappait de plein fouet notre « cœur de cible » autant d’un côté que de l’autre. Que les dons allaient vite disparaître : qui allait offrir gracieusement son liquide spermatique alors que la rareté du produit faisait monter sa valeur en flèche ? Ce produit allait devenir le plus précieux du monde, il ne fallait pas nous faire court-circuiter par un marché parallèle. Ce sperme était notre « or blanc ». « Oui ! Il ne faut pas se faire voler nos liquidités », pouffa quelqu’un. Nous devions rester la référence absolue. La BRIC serait synonyme de qualité, de sécurité mais aussi de rentabilité.

Quelques plaisanteries fusèrent : « le Belge a une BRIC dans le bas-ventre ! » et « Nous vidons les bourses mondiales pour remplir les nôtres ! »

Je mis fin à ce festival de blagues estudiantines, chères aux politiques de toutes tendances, en passant au vote.

La disparition de la gratuité et l’augmentation spectaculaire des prix — tant pour la demande que pour l’offre — furent acquises à une écrasante majorité. Les néolibéraux stigmatisèrent « ce capitalisme régional et son cortège d’atteinte à la libre concurrence », mais cela provoqua l’hilarité générale et leur opposition cessa avec l’explosion des bouchons de champagne offerts par l’un de nos sponsors qui, lors du conseil, venait de se transformer en actionnaire.

Très rapidement nous avons lancé une campagne de communication incitant les « plus de cinquante ans » à faire preuve de responsabilité et à investir dans l’avenir de l’humanité en nous confiant (on ne voulait plus parler de « don ») leur « capital génétique ». Ils seraient rémunérés un « juste prix » fixé jour après jour par le marché international du sperme — on parlait même de prix de l’éprouvette comme on parlait du prix du baril — et deviendraient également « coopérateurs » de notre filiale luxembourgeoise dont les statuts précisaient qu’elle gérait « l’achat et la gestion du capital génétique du groupe BRIC ».

Une autre filiale monégasque s’occupait de la commercialisation de nos produits : paillettes congelées communes, paillettes congelées garanties, paillettes congelées sélectionnées, et, nec plus ultra, paillettes congelées personnalisées issues de « donneurs exceptionnels » par leur beauté, leur QI, leurs performances dans des domaines précis. Les prix évoluaient avec la demande croissante — on pouvait parler de tsunami de désir d’enfant — mais aussi avec la réduction de l’offre puisque les « coopérateurs » étaient tous destinés à mourir, à échéance variable, de cancer, d’attaque cardiaque ou de dégénérescences diverses.

La « communication » est vite devenue de la pub avec affichage géant numérique, spot radio et TV et surtout campagne virale sur le net, puisqu’on s’était aperçu que les « + de 50 » passaient la plupart de leur temps libre à surfer des sites de rencontres aux sites « d’accomplissement personnel », des sites pornos aux sites d’étude des religions ésotériques.

L’agence qui avait amicalement trouvé le nom de la BRIC se surpassa dans la créativité. L’un des spots montrait Georges Clooney — dont le récent lifting ne se voyait pas — mimant une masturbation dans sa salle de bains puis se tournant en souriant vers la caméra, déclarant : « Quelques petits gestes pour un homme, un grand geste pour l’humanité », puis il susurrait le claim final : « BRIC, what else ? »

Les « + de 50 » étaient les nouveaux dieux des années 2020 — on disait les années vingt-vingt, et pour mieux les qualifier, on les écrivait souvent : vain-vain.

On les chouchoutait, les couvait, et surtout on les draguait outrageusement. La fellation était devenue pour toute une série de filles la meilleure façon de leur soutirer la matière première, devenue la plus rare au monde alors qu’elle était la plus commune avant la crise mondiale de 2020.

Les mâles « plus que cinquantenaires » en étaient conscients et faisaient monter les enchères en même temps que leur sève. Jamais le terme « rapport sexuel » n’avait si justement qualifié l’acte du même nom !

Il ne suffisait pas de leur procurer du plaisir mais il fallait aussi les payer pour leurs services sexuels, d’où la création d’agences d’escortes qui organisaient des rendez-vous. De véritables rabatteurs (euses) qui chassaient les meilleures opportunités de « rentabilisation » de l’énorme potentiel des retraités dont la non-activité augmentait considérablement l’activité sexuelle.

Les fellatrices avaient toutes les astuces pour se procurer le précieux nectar (comme disait le divin marquis) : préservatifs cachés sous la langue, réceptacles divers toujours prêts à recueillir un discret crachat, structures malléables qui s’adaptent à tous les orifices, simulacres d’ingurgitation avec planquage dans la joue. Certaines parvenaient même à régurgiter plusieurs minutes plus tard une grande partie de leur prélèvement comme le font les hirondelles pour nourrir leurs hirondeaux, d’où leur surnom de « trisseusses » (l’hirondelle « trisse » pour communiquer). Quant aux autres on les désignait internationalement par le terme des médias US : sperm runner, ce qui avait l’avantage de qualifier les hommes comme les femmes puisque beaucoup d’homos se livraient également à cette chasse au trésor effrénée.

En plus des professionnels, chacun avait l’occasion de se faire des « extras ». Les infirmiers (ières) bien sûr et tout le personnel soignant, les serveurs (euses), les coiffeurs (euses), les chauffeurs (euses) de taxi et même plusieurs psychiatres dont certains (nes) célèbres. Pour mémoire on citera les acteurs (trices), mais cette activité existait chez eux bien avant 2020. Quant aux policiers (cières), ils étaient les seuls, comme d’habitude, à ne rien payer.

Bref quand on était plus-que-cinquantenaire, il fallait être constamment sur ses gardes. Un sourire, un geste amical, une aide désintéressée, un simple regard, tout pouvait mener à brève échéance à une fellation « à la fois surprenante et prévisible » comme doit être une scène réussie dans les cours de scénario de l’American Film Institute.

Toutes ces activités de « pompage parallèle » (comme dirait le groupe pétrolier Total) entamaient notre chiffre d’affaires et comme le résuma le vice-président de la BRIC : « Toutes ces tailleuses de pipe vont nous sucer la moelle des os » ! Il ajouta : « Ces grosses salopes vont nous mettre sur la foutue paille. » Nous le regardions, consternés, et joyeux de voir qu’il pétait les plombs. Il se reprit et dit en réajustant sa cravate : « Il nous faut trouver d’urgence d’autres sources de liquidités. »

Un silence d’approbation parcourut la salle de réunion, un écrasant silence.

Le jeune génie était assis face à moi.

Il avait trente-cinq ans — il ne souffrait donc pas de multiples tentatives de séduction ouvertement sexuelles en tous lieux et à toute heure —, déjà des cheveux argentés (dangereux pour lui, c’est un signal) mais loin de le vieillir cela lui donnait une force et une tonicité particulières (ouf !).

Je lui avais demandé de plancher sur la question des nouveaux revenus et je ne m’attendais pas à une réponse aussi rapide : « Notre stock n’augmentera pas, au contraire, il va immanquablement se tarir, mais pour le moment il vaut de l’or, nous devons donc monter en Bourse. »

Je souris : « C’est un jeu de mots que l’on m’a fait cent fois. »

Il montra un très léger agacement, comme si un moustique tournait autour de lui : « C’est une progression incontournable, nous allons créer des produits financiers basés sur la valeur de notre produit de référence : le capital génétique. » Il précisa : « Le sperme, moins il y en aura, plus il montera et plus nous émettrons de titres, c’est un glamour stock, comme le cinéma ou les médias, tout le monde en voudra. »

Je dis au jeune génie aux cheveux gris qu’il était un génie mais j’évitai de préciser qu’il aurait pu être mon fils.

Nous avons émis une série de produits financiers sophistiqués : on gagnait à la baisse des stocks mais aussi à la hausse des prix (comme le pétrole). On avait créé des fonds de pension pour nos donneurs ou plutôt nos « chers coopérateurs » que nous avions tout intérêt à maintenir le plus longtemps possible en vie et en bonne santé. Nos filiales « défiscalisées » nous envoyaient des factures énormes et investissaient dans l’immobilier, ce qui augmentait nos bénéfices et nous autorisait à nous auto-accorder des bonus que certains pisse-froid auraient qualifiés d’extravagants, mais que nous considérions comme le juste prix de nos efforts incessants pour développer le potentiel génétique et « créationnel » de la BRIC.

Et puis éclata, dans ce ciel d’un bleu monégasque et tropézien, l’orage de la « crise des sous-spermes ».

En plus de nos coopérateurs nous étions de plus en plus obligés de racheter notre précieux produit aux très nombreuses sperm runners et même aux dizaines de milliers d’amateurs et amatrices (comme on dit en Belgique et au Québec).

Nous n’avions ni l’argent ni le temps — ni surtout la volonté — de contrôler la qualité de tous ces liquides séminaux qui nous arrivaient chaque jour par hectolitres. Des fuites, au sein de notre banque, avaient permis à un grand nombre de ces suceuses de bittes — eh oui, appelons un chat, un chat, à la fin — de profiter de la situation et de nous fournir du sperme issu de « – de 50 ans », donc inopérant, poussant parfois le vice jusqu’à le mélanger à du yaourt, comme dans les films pornos américains des années 1960.

Nous nous sommes empressés de vendre nos actions avant que notre bulle de sperme n’éclate mais les rumeurs se répandirent encore plus vite que le précieux liquide dans les bordels mexicains et bientôt les médias ne parlèrent que de la « crise du sous-sperme », un sperme de mauvaise qualité qu’ils finirent par baptiser : « sperme toxique ».

Autre catastrophe annoncée : des chercheurs, arrosés de crédits d’état illimités, avaient réussi à isoler le gène de l’infertilité. On pouvait imaginer que, dans dix ou vingt ans, ils parviendraient à rendre les moins de cinquante ans à nouveau opérationnels dans la reproduction de l’espèce. Ce serait la fin de notre fonds de commerce.

La Banque régionale d’investissement créationnel, que les tabloïds avaient finement qualifiée de « suce-sexe story de la Wallonie », la BRIC, le fleuron européen du sperme congelé, filait droit à la faillite.

Le ministère fit la sourde oreille, ce n’était pas le rôle de l’État de refinancer une structure majoritairement privée, les citoyens n’allaient pas payer deux fois ! Une première fois pour avoir un enfant et une seconde pour aider une banque de sperme à assurer son avenir compromis par une gestion calamiteuse et irresponsable. Non ! Dix fois non ! Nous ne devions compter que sur nos propres forces et nos propres fonds, nous pouvions même réinvestir nos primes, acquises avec la sueur (ce n’était pas le même liquide) de tous les citoyens et bla-bla-bla et bla-bla-bla…

J’obtins une audience. Le ministre me reçut avec gravité et une certaine distance hautaine.

Alors je lui dis que je n’en avais rien à faire de la BRIC, que nous en avions assez de traire les queues de ces centaines de milliers de pré-vieillards pour sauver l’humanité, que nous allions balancer tout ce sperme dans les égouts où, sans nous, il aurait fini de toute évidence. Que, dorénavant, les bébés francophones ou papous il les ferait à l’ancienne : vieux papa dans jeune maman, et que, quand il aurait besoin de militaires ou de militants, il irait les chercher dans les chiottes, là où il les avait laissé tomber. Que nous allions nous saborder, comme le cuirassé Graf Spee, faire tout péter en une seule fois ! Ce ne serait pas la marche blanche mais la marée blanche qui se répandrait dans les rues de Bruxelles ! Que pensera la population de ces centaines de milliers d’enfants en devenir, sacrifiés au nom de l’avarice administrative de quelques-uns ?

Timidement, le ministre évoqua nos bonus : ne pourrions-nous pas faire un geste ? Je répondis du tac au tac : « Quels bonus ? » Il s’agissait de « rémunérations exceptionnelles différées ». Quand le pays s’était retrouvé sans gouvernement pendant un an et demi, les ministres et secrétaires d’État qui n’avaient rien fait ni rien dit pendant toute cette (longue) période avaient-ils remboursé leurs émoluments ? Cette dernière remarque clôtura la discussion. Je ressortis avec quarante milliards d’euros pour sauver la BRIC et protéger ainsi le capital créationnel de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

À la terrasse, elle se tient toujours devant moi, provocatrice, vaguement furieuse mais toujours prête à conclure l’affaire. Je cesse de rire et m’appuie sur le dossier du siège. « Regarde-moi bien, pétasse, je suis l’un des mecs qui ont provoqué la crise. Nous ne sommes qu’une poignée à avoir tout déclenché. Mais tu sais quoi ? Je m’en fous ! Tu peux sucer tous les mecs de cette terrasse, tu ne te feras jamais autant de pognon en un an que je m’en fais en trois jours, et tout ça avec ton blé et celui de tous les connards qui nous entourent. »

Elle ne se trouble pas plus que ça, elle devient aussi vulgaire que moi : « Je n’ai pas besoin de tes confessions merdiques, ce n’est pas ta foutue vie qui m’intéresse mais ton foutre. »

Je lui fais un grand rictus : « Je te propose un deal : je pars ce soir pour Saint-Barth, tu peux venir avec moi, je te baiserai de toutes les façons possibles mais tu n’auras pas une goutte de ce que tu veux, je suis un expert en tricherie… pas-une-goutte ! » J’appuie sur chaque mot. « Je te mets au défi, c’est excitant, non ? »

Elle se lève, elle est élégante et elle n’a rien d’une pétasse ; elle se penche légèrement vers moi et me crache au visage, puis elle pivote, sa jupe tournoie, elle s’éloigne.

Les vers de Baudelaire me reviennent :

Quand l’eau de ta bouche remonte

Au bord de tes dents.

J’essuie la salive de mon front du revers de la main et je l’examine longuement, combien d’informations, de secrets contenus dans cette infime sécrétion des femmes et des hommes.

Il doit y avoir un paquet de fric à se faire avec la salive, un monstrueux business à développer, et ce ne sera que le début, le reste du corps suivra.

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