Traversé par l’orage, charrue par la foudre, il s’exhausse
Dans le combat toujours recommencé avec la durée et le flux
D’une main dispensant la douceur et de l’autre le trouble
Coupés par l’éclair son visage, son corps et son cœur
Trahissent tour à tour la lumière et ses ombres
Sans jamais se défaire du poids de la destinée
Errant qui se recompose une figure
Au gré des routes et des métamorphoses
Alternant dans la chute et la remontée
Humant de son mufle entre terre et nuées
L’élémentaire ou par sa verge et ses pluies
Ressourçant l’inouï quand il se défigure
Le typhon a passé charriant ses noirceurs
Et le ciel s’est ouvert qu’il a écartelé
La chair et la vierge sont pâmées
Ayant fendu l’azur il leur ouvre
La porte de la mer et des fécondités
Elle est abandonnée, les jambes ouvertes
Comme un sillon propice et désirant
Au plus profond de son ventre éprouver
Le labour de l’amour
Extase et terreur
En son regard dissimulé par sa tête chavirée
Se mêlent et son corps adossé au Levant
Tremble dans la volupté d’un mal frissonnant
Ils ont, ainsi mêlés, les mêmes pensers
Suscitant l’ordure et la merveille
D’une main dispensant la douceur
Et de l’autre le trouble
Scindés par la foudre et l’éclair
Le même orage ambigu les consume
Un même feu sème la blancheur
Ouvrant pour eux les chemins de la mer
Entre le jour et la nuit, le nord et le midi
Ils s’établissent sans pouvoir se défaire
Du poids de la destinée
Sans renoncer pour autant à ce qui bouleverse
Les soleils impérieux du désir
Le travail de la foudre est de frapper
Et d’ouvrir en deux le cœur, le corps et la nuée
Sans pouvoir à jamais rédimer la durée
Soleil et ombre sans cesse recommencés
Leur beauté est vouée à ces métamorphoses
Qui ouvrent devant eux l’infini rivage
De la mer et de l’éphémère
(D’après Le Titien)