Bon ! ça démarre ! 5 heures du mat. Le premier client a passé la nuit dans une boîte. C’est évident, il pue l’alcool et la cigarette, il a dû se bagarrer car l’anneau dans l’oreille est tout croûteux de sang ! Pouah, je me dépêche de lui envoyer ses 60 euros pour qu’il disparaisse !…
Deux heures plus tard : un « cadre », il est jeune, pas trop « groupie », il ne se prend pas encore au sérieux, il n’a pas son G dans la ceinture. 200 euros, pour la semaine à venir, sans doute. Nous sommes lundi et il est raisonnable…
Mais quel est ce boucan ? Une 4×4 style corbillard à vitres fumées envahit brutalement le trottoir, on n’arrête pas le moteur, ce serait débile ! Le mec, des G, il en a deux, on s’attend à lui voir pousser une antenne derrière l’oreille, on imagine sa journée future à travers les nombreux tics qui déforment son visage. Il trépigne, je fais exprès de lambiner, ça lui apprendra, à ce sauvage ! En partant, il arrache presque le trottoir.
Puis, le calme. Une petite dame, vers 11 heures, elle hésite, elle ne voit pas très clair, déjà on sent que c’est toute une aventure pour elle de prendre ses sous hors d’une boîte !
Puis deux petites fofolles du lycée voisin, c’est la pause de midi ; sûrement qu’elles ont repéré une de ces petites jupes super dans une vitrine : 100 euros à elles deux, ça va ! Leur babil est divertissant, il s’agit d’un Cédric et d’un Thibaut, elles ne disent pas « putain ! » tous les six mots.
Le répit jusqu’à 16 heures, quelques collégiens sans importance : c’est fou ce qu’ils ont des sous, tous ces jeunes ! De mon temps !…
Et puis le tout-venant jusqu’au soir, des gens qui sont encore rétifs à tout payer avec la carte parce qu’ils se méfient : « Il paraît que dans certains restaurants ou boutiques, on copie votre carte en douce »… Les gens qui aiment payer avec leurs « sous-papiers » bien craquants…
Les gens, les gens, j’en vois de toutes les sortes, de toutes les couleurs, de tous les âges, dans tous leurs états, je pourrais écrire un livre…