L’eur du temps (2008-2030)

François Harray,

les vertus normées

le raboteur d’aspérités

la normalisation

la standardisation

l’uniformisation

la parole réactionnaire

le laminage des minorités

l’exclusion

le sens commun

le moralisateur

le bien-pensant

le boy-scout

le politiquement correct

le déterminisme social et religieux

l’obscurantisme

la vision réductrice hétéronormative

le conformisme

le puritanisme

l’hygiénisme

le nationalisme

formater

castrer

gommer les différences

être raisonnable

être conforme

la pudibonderie

le droit chemin

la pensée unique

les moutons

la norme

les rôles sociaux assignés

la censure

la façon de faire

la règle

L’ORDRE MORAL

le porte-drapeau

le donneur de leçons

la sécurité

l’autodafé

au pilori les fumeurs et les chômeurs

nettoyons au Karcher

les inutiles

les autres

les étrangers

les réfugiés

les tamponnés de la vie

les drogués

les alcooliques

les prostitué.e.s

les malades mentaux

les femmes

les gentils

les sensibles

les faibles

les homosexuel.les

les moins que rien

les SDF

les artistes

les intellectuels…

 

puis s’impose un optimiste…

 

Dans sa ville urbaine entourée d’un désert, il retourne dans l’université de sa jeunesse, s’y camoufle et exhorte quelques étudiants à devenir les combattants d’un nouveau bataillon. Grâce à une arme secrète infaillible et une demi–décennie d’entraînement, ce bataillon, qui va compter jusqu’à trois cents soldats de tous genres, laminera une grosse partie de la vulgarité terrestre au pouvoir. Des bruits vont circuler sur leur existence et se répercuter par dizaines de milliers, mais personne ne pourra avancer de certitudes. Seule une évidence deviendra salvatrice : les pantins dodus des financiers disparaissent les uns après les autres en faisant le moins de vagues possible. Comme des verres de cristal qui se brisent, presque en silence, face à un rouleau de métal  issu de l’ombre. Les journalistes et autres chroniqueurs ne trouvent aucun indice si ce n’est le visage d’une terreur silencieuse. Certains présidents à vie et autres dictateurs, religieux ou non, se suicident. D’autres vident leurs comptes et brûlent leurs avoirs puis se rendent, nus, et se mettent à genoux face à leur peuple sur les places de leurs anciens royaumes.

Les vrais riches, qui vivent au-dessus de leurs politicards en toute discrétion, courent dans tous les sens pour préserver ce qui reste à protéger ou pour disparaître. Ils font sauter les tours dorées de leur vanité. La plupart s’enfuient en hélicoptère ou avion vers un endroit secret où les attend une fusée capable d’atteindre Mars. D’autres, se font manger par leur petit personnel. Le cannibalisme se substitue aux attaques des bataillons.

Le mot d’ordre : Mangeons les riches !

Une des hypothèses les plus folles concernant ces combattants inconnus se porte sur l’ancien KGB (l’actuel FSB), au vu de leur style de fonctionnement, et ce, bien que leur président fût l’un des premiers à disparaître des radars.

Personne n’identifiera l’existence de ce commando spécial qui, du jour au lendemain, va interrompre sa mission et se réfugier dans les sous-sols blindés et hypersécurisés de son université : lieu organisé pour une survie en autarcie.

Quelques jours plus tard, après le décollage d’une fusée dans le désert de Gobi, une explosion titanesque dévaste la croûte terrestre, suivie d’un tsunami planétaire qui va éliminer en quelques jours quasi tout élément de vie sur la planète.

Vu le niveau d’irradiations, il faudra plusieurs années avant que les troupes de l’optimiste sortent de terre.

Une eur inédite commence.

Ces quelques humains vont-ils survivre ou bien la terre va-t-elle s’en débarrasser une fois pour toutes et passer à autre chose ?

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