Mon pote, l’Amour et moi

Françoise Pirart,

Cette nuit-là, dans un bar où nous avons nos habitudes mon pote et moi, il m’a dit : « Si tu savais le mal que l’on me fait. Mais, bordel, qu’on me donne l’obscurité puis la lumière ! Alors, ouais, j’aurai l’envie d’avoir envie ! »

Il s’est mis à pleurnicher : « Oh, Marie, Marie, si tu savais… » Marie-Anne, c’est sa copine. Depuis qu’elle l’a largué, il est carrément devenu un fou d’amour.

Moi, je suis sûr qu’à force de laisser la sueur brûler ses yeux, mon pote oubliera de vivre. J’ai le blues pour lui. Le blues, c’est toute la musique que j’aime, j’y mets mes joies, j’y mets mes peines. Ce bar, c’est mon pénitencier à moi, là où je finirai ma vie. J’y trouverai peut-être l’âme sœur. J’imagine une bombe, une beauté fatale à la bouche qui se fait douce et au corps qui se fait dur. Et mon corps sur son corps, lourd comme un cheval mort… Il suffira d’une étincelle pour allumer le feu de l’Amour.

On a continué à picoler et à fantasmer sur nos souvenirs-souvenirs.

Le barman nous écoutait tous les deux, mon pote et moi, comme si ce rêve en nous, c’était son cri à lui. Il avait les cheveux longs, des tatouages, une croix qui pendait sur son t-shirt : le look d’un chanteur abandonné, d’un type né dans la rue quoi. Son regard était d’un bleu comme il n’en existe nulle part.

Sans doute que je le reluquais avec trop d’insistance. Parce que quand il nous a flanqués dehors à quatre du mat’, il m’a lancé : « Quoi, ma gueule ? Qu’est-ce qu’elle a, ma gueule ? Elle ne te revient pas ? »

 

*Ce texte est un clin d’œil aux talentueux paroliers de l’idole des jeunes.

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