Mon premier Tour de France

Rose-Marie François,

L’itinéraire était tracé

Pour endiguer ces hordes — femmes,

Enfants, nourrissons, vieilles gens —

Qui avaient tout abandonné

Et fuyaient, fonçant vers nulle part,

Laissant vélos, landaus, fardeaux

Disparaître dans le peloton

Du tour de France de mai 1940.

Mais où étaient partis les hommes ?

Il faisait beau. Du ciel tout bleu

Tombaient des bombes. Lors, plaqués

Au sol, le nez dans les orties,

Sous le vacarme des Stukas

On entendait vrombir la peur

Marteler les tympans du cœur.

Les bébés hurlaient à la vie.

Mais qu’étaient devenus les hommes ?

Fureur d’éclairs et de tonnerre…

Marcher la nuit avançait peu.

L’itinéraire tournait en rond

Le temps que les soldats d’ici

S’apprêtent à tirer sur ceux

Qui tiraient, tiraient sur nous

Bouclier humain qu’on était.

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