Water

Poolside…

Even the insistent tune of crickets

suddenly silenced.

My wet body on hot bricks,

face down, by the pool,

eyes clouded by warm vapors.

Water from my hair trickles down the neck,

feeds into a puddle

which cools my burning cheek.

Gentle splashes sprinkle

cold tickling drops along my legs.

I knew the movement of leaves above.

Stillness absorbed all sounds.

It felt good having a body then.

Eau

Piscine…

Même le chant insistant des criquets

soudain se taisait.

Mon corps humide sur les briques chaudes,

face au sol, au bord de l’eau,

yeux brouillés par les vapeurs.

L’eau de mes cheveux coule sur la nuque,

vient nourrir une petite mare

qui rafraîchit ma joue brûlante.

Des éclaboussements m’aspergent

de gouttes froides qui chatouillent les jambes.

Je savais, au-dessus, le mouvement des feuilles.

Une tranquillité absorbait tous les sons.

Qu’il était bon, alors, de se sentir un corps.

Keeping Vigil

Frogs were green, with a little red

when we smashed them against a stone wall,

and only a brown heap after

they had fallen below.

I could not go into the water

even if the big frog now no longer

terrorized the pool with

its scouting-round-glassy eyes,

so I kept vigil

over the raw guilty body

amid dusty pebbles and

trailing black ants.

Qui-vive

Vertes, les grenouilles, avec un peu de rouge

quand on les claquait contre un mur de pierre

et juste une masse brune après

leur chute.

Je ne pouvais pas entrer dans l’eau

même si, maintenant, l’énorme grenouille

ne terrorisait plus la piscine

avec ses yeux de verre mobiles

alors je montais la garde

sur le corps abîmé, honteux

parmi les cailloux sales et

les rampantes fourmis noires

The Life of Small Ones

I – Starfish

Like a gem fallen out of the night sky,

then ejected from the ocean,

hard-spined, yet obsolete,

the starfish weighs lightly on the sand.

Gulls flip it in glee

and stare inside its limbs :

exposed, provoked and pained by the new glare,

the starfish lets out an insistent scent of sea,

the way madmen tenaciously repeat a single word

that names the hollow they feel inside.

II – Dark Ants

Watch for thieves prostrate in idolatrous covenants,

disjointed in their appeals for the recovery of vice,

like dark ants that indiscriminately sting

to delineate their zones of control.

They scurry about with bounty bigger than themselves

that they must at last deliver to a live treasure chest –

a queen that daily swells from greed and glee.

III – Fireflies

An evanescent summer dance of fireflies

is a charm exquisite and light. Well-intended

with built-in bulbs,

they finger the air in zigzags

without an apparent plan.

But when the hour has come

and their senses are informed by darkness,

funny that it should be from their poor-in-spirit

rear-ends, that a designed illumination bursts forth.

Petites vies

I – Étoile de mer

Gemme tombée du ciel de nuit,

puis chassée de l’océan,

dure, et pourtant périmée,

l’étoile de mer pèse légèrement sur le sable.

Les goélands la retournent avec délices

et leurs yeux plongent dans ses entrailles :

à ce regard neuf exposée, provoquée, meurtrie,

l’étoile de mer exhale une senteur marine, entêtante,

comme les fous, tenaces, rabâchent un mot, toujours le même,

nommant le creux qu’ils sentent à l’intérieur.

II – Fourmis noires

Attention aux voleuses prostrées en d’idolâtres serments

incohérentes en leur plaidoyer pour le vice

comme des fourmis noires qui piquent à tout va

pour délimiter leur territoire.

Elles filent surchargées d’abondance

à livrer sans délai au vivant coffre-fort –

une reine qui enfle, jour après jour, d’avide jouissance.

III – Lucioles

Danse d’été de lucioles, évanescente,

charme exquis et léger. Bien conçues,

avec leurs ampoules intégrées,

elles arpentent l’air en zigzag

sans projet apparent.

Mais quand l’heure est venue

et leurs sens sont informés par l’ombre,

c’est drôle que ce soit de leurs obscurs

arrière-trains, que jaillisse une illumination inspirée.

Chopin and You

There is a black and white photograph of Chopin

taken shortly before he passed.

‘Ill’, they say he looked then. But, no –

there comes a time in a man’s mind

when readiness to die transforms the face.

It is neither pallor, nor grayness, nor sinking –

it is other-worldly detachment –

the Being moves within new sensations,

not pressed by the colors of matter.

The face is newly touched

by hands that distort and imprint

new reminiscence of an ancient realm.

Gravity no longer dictates to the body

which now loses its peremptory position –

it trembles, shivers and loosens the skin ;

it creates an opening for the escape.

This, I see in your face already

each time you are at your piano –

the keys are heaven’s black and white steps

that elevate your touch

and ridicule the might

of any earthly disgrace you may have known.

Chopin et toi

Il y a cette photo noir et blanc de Chopin

prise peu avant sa mort.

« Malade », ils disent, qu’il était. Mais, non –

il vient un temps dans l’esprit d’un homme

où la mort acceptée altère le visage.

Et ce n’est ni pâleur, ni grisaille, ou naufrage –

c’est détachement de ce monde –

l’Être évolue dans de nouvelles sensations,

il n’est plus comprimé par les couleurs de la matière.

Le visage vient d’être touché

par des mains qui déforment et impriment

le souvenir nouveau d’un très ancien royaume.

La pesanteur a cessé de commander au corps

et le voilà qui perd sa position formelle –

il tremble, il frémit et sa peau se détend ;

il s’ouvre un chemin pour le passage.

Cela, je le vois sur ton visage, déjà

chaque fois que tu es au piano –

les touches sont les marches noires et blanches du ciel

qui élèvent ton jeu

et réduisent à rien la puissance

de quelque déshonneur que tu aies pu connaître ici-bas.

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