Un océan en incendie.

Et une glace, désormais, industrialisée pour les apéritifs.

Protocole d’une séduction.

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Il n’y aura jamais de nom pour ce qui dépasse les espérances ni pour ce qui détourne le quotidien.

Par-delà l’inquiétude, les territoires demeurent inconnus.

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Régner s’appuie parfois, et d’abord, sur des probabilités constitutionnelles.

Imaginaire du législateur et ses limites.

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Au moment de s’endormir, préférer, toutefois, que la situation soit bien en mains — quelles qu’elles soient.

Y compris gantées.

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Savoir l’exact nombre de pas pour le protocole, mais penser, d’est en ouest, à toute la longueur du pays et étudier, de l’intérieur, les possibilités d’exil.

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Jamais il n’est question du billot après l’exécution.

Eh quoi ! S’il y restait une arête ?

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Des formes d’ombres, perçues quoiqu’à peine et nommées « grises ».

Cette sorte d’insistance derrière les mêmes portes. Un maintien des magiciens.

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Gouverneur d’un territoire.

D’où viendra l’ennemi si tant est qu’il ose approcher malgré les déserts et les ordres impatients, s’il n’est pas d’une race déjà présente aux lieux sensibles, si grandir ne sera pas sa folie prochaine aux lieux qu’il nommera révolution à moins que, par d’autres moyens, ne se retrouvent que des propriétés.

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Savoir les pouvoirs et les forces de frappe, même à distance.

Hésiter toutefois devant les habituels regards, face caméra.

Dire néanmoins, de manière à semer le doute.

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À peine une seule chaise pour toutes les délégations.

Aucun espace laissé pour les marionnettes, pourtant nombreuses.

Reviendras-tu, Ghelderode, écrire cette nouvelle page d’histoire et de fantaisie ?

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De pouvoirs connus, mais d’identité indécise.

Nommer le saumon, mais sans savoir comment il saute et où il échoit dans la rivière turbulente.

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Une indolence dans les instances.

Cette manière, tant de fois racontée par l’Histoire, de ne rien vouloir contre un pouvoir.

Ce reno incliné qui délègue la puissance. Un armistice avant la menace. Une épreuve de force dans la phrase.

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À l’échelle, ce serait comme, de part et d’autre de ma table, jouer les pilules blanches contre les médicaments roses.

Puis, quoi qu’il en soit, les avaler tous les deux.

Sans apaisement — estomac lourd.

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En Suisse, l’habitude est lente et paisible, posée, de créer des montres.

Et de regarder le monde dans ses bras de fer avec les agendas ou les questions dites urgentes. Aucune trotteuse ne s’inquiète dans sa douille de métal.

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Jamais de face-à-face, toujours une tangente — ce machin aux formules mathématiques peu claires que personne n’arrive à calculer.

À mettre toutefois, et en toutes circonstances, dans la perspective du discours.

Nommer menace un simple coup de fil.

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Brûler des livres en Ukraine ou soutenir les banques du New Jersey.

Manifester dans les rues et, sur les places ou dans les parcs, au centre des villes, s’en remettre aux icônes, aux abribustes, aux largeurs d’épaules.

Économiser sur les idées, ne rien dépenser pour une décision.

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Aucune inquiétude pour la montée des eaux.

Il reste du budget pour les contre-expertises favorables.

Et assez d’innocence pour penser que le temps de grand-père va encore trouver des débouchés. Que la colère est justifiante.

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Forme de poker.

Faire jouer ceux qui peuvent bluffer et ceux qui peuvent combiner les règles. Ceux aussi qui emportent la mise, peu importe la quantité de fumée dans la pièce ou le temps de la partie.

Le sourire carnassier se voit alors toujours dédié au créateur du tapis.

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Rien à attendre d’un vieil empire, ni d’une sauvage et trop neuve démocratie.

Libre cours des armes, où qu’elles soient. Et d’une fermeté de la bouche dans le discours égale à celle de la joue muette où s’appuie la crosse.

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Réglementer la passion de l’autre.

Sans concession.

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À l’inverse d’un carnaval, au temps calculé, n’avoir ni tradition ni règles établies, y compris dans les débordements. Laisser passer des mois dans le défilé du discours et mettre plutôt de la courtoisie là où nous aurions l’habitude d’un masque.

Confetti des protocoles. Cortège qui vise l’usure.

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Rien d’hostile, juste conquérant.

Et, pour justification, adossé à l’histoire — qu’importe la profondeur du remords de ceux qui n’en ont pas, ou si peu.

Pour chacun, selon les communiqués, les temps se montrent difficiles. En conquête ou en défaite.

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Des continents futiles.

Des incendiaires de salon.

Des coups de poing inachevés.

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Dans la mémoire savante des enfants, inscrire, par enseignement, le juste et le définitif.

L’établi ne sert qu’aux rognures, aux retouches distraites.

Le livre en consultation, gardé dans les archives, ne sera pas ouvert.

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Aucune fiction ne résiste aux parodies si bien organisées.

Le protocole de la rhétorique s’agenouille devant le tapis rouge étalé.

Tout se traite en quelques mètres d’un seul passage.

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Ramer, les deux mains pleines, jusqu’à la source des innocences insoupçonnables.

Donner l’image publique d’un évitement des torrents et, aux géographes, l’injonction de redessiner le cours.

De l’huile de coude pour reformuler la carte.

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En désordre et à l’inverse du quotidien, constater ce qui se fait au vu et au su de tous, dans le contraire des lois.

Effacer ce qui a été écrit — pourvu que le texte soit parvenu à cette résolution.

Imposer une longue neige.

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Comment dessiner encore les frontières s’il y a des parachutages ?

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Les traîtres ne travaillent qu’à l’intérieur.

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Lune pleine ou étoile filante, quelle lumière ?

Ce n’est pas que faire le vide pour changer, ce sont quarante ans de plein qu’il faut déménager.

Abandonner les enfants et la tombe de la mère.

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Pas de travers.

Sortir de l’escorte, être effacé de l’image avant de s’en trouver caviardé.

Anonyme qui aurait approuvé.

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Frontières qui n’ont de traces que sur le papier.

Pouvoir de lire ou la limite ou l’attente.

En aucun cas, n’abandonner la partie. Garder en main les dés qui permettent d’avancer les pions.

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Une forme de cinéma dans les ambassades ou les communiqués de presse.

Mettre en scène une détermination de la douleur. Reprendre une autre vodka, accueillir un nouvel acteur, jouer à la guerre.

Sourires, regards tendus, blindés dispersés.

En plein jour et sans artifice, nommer le chemin à venir. Parcours décidé, quoi qu’il en coûte.

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Une puissance n’a nulle autre forme que cet étalage de verbe qu’elle agrémente à loisir.

Étalage d’un fait.

Toutefois, ne pas rester dans la possible trajectoire d’un obus.

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Mourir avec un passeport blême.

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Aucun miracle, toutes les mesures.

Cagoules et canons en risque.

Des déchirements en héritage, ou financés en sous-main.

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Pour l’épisode, laisser la fin ouverte, l’histoire recommencera.

Laisser aux autres le soin d’envisager les miracles et de compiler les outrages.

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Rendre grâce à la Suède de se maintenir comme dernier recours.

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