Tout était écrit comme dans « le livre ». Ma mère m’avait prévenu : « ils vont abuser de toi, de ta jeunesse, de ta force, méfie-toi d’eux ». Mais je haussais les épaules.

Et ce soir, sur 50 mètres carrés d’Europe, je vais me faire enculer par Mike. Je pourrais refuser, dire : non, ah non ! pas ça. Mais… c’est compliqué, mon sexe va et vient entre les fesses de sa femme et elle me dit : oui, oh oui ! Vas-y ! Et ça me fait sourire…

Vas-y ! Je me répétais ça tous les jours, ne reste pas ici, quitte ce foutu pays où tout le monde trahit tout le monde, où on ne sait jamais qui tire sur qui, ni pourquoi ? Ni quand ? Où est la révolte ? Où est la révolution ? Qui sont les justes et les salauds ? Où est l’espoir ? Quel est l’avenir de cette nation en confettis de clans, de religions, d’obédiences ? Qui sont les amis ? les ennemis ? Les protecteurs successifs qui ne protègent que leurs intérêts ? Qui crie « Allah akbar » à chaque explosion amie ou ennemie ?

Je suis à l’université mais les professeurs disparaissent, emprisonnés, en fuite ou dans la résistance (mais laquelle ?). Je finirai sans doute par acheter mon diplôme à un fonctionnaire corrompu (pléonasme régional). Et un diplôme pour quoi faire ? Quand ma vie peut être reprise à tout moment, par un obus de char, une mine, une rafale de kalachnikov, un patient sniper ou, plus bêtement, une bombe (américaine ? européenne ? russe ? syrienne ?) larguée de 2000 mètres d’altitude.

Je me suis décidé. Je partirai, mais pas n’importe comment, pas comme ceux que je vois sur la toile et sur mon smartphone. Sûrement pas… Pas de gros sac à dos, pas de vêtements sportifs au rabais qui nous font ressembler à des Tziganes sur les routes européennes errant de parking en parking. Pas de canots pneumatiques volontairement pourris pour provoquer l’intervention des sauveteurs. Pas de gang de passeurs professionnels qui jouent double jeu et informent les gardes frontières de notre passage. Comme disent les Américains : no more bullshit.

Ici, en Syrie, on achète de très convaincants faux polos Ralph Lauren, de faux jeans Tommy Hilfiger, de faux sacs de sport de marque pour quelques euros. La mode et la classe, low budget. Alors j’ai décidé de rester élégant, de dépenser mon petit pécule de 5 000 euros selon mes règles, de la jouer cool et de faire les bons choix comme dans le monde merveilleux de la pub des chaînes d’infos qui parlent de nous en pleurnichant alors que les spectateurs se foutent totalement de nos destins de « losers parmi les losers ».

C’est l’effet boomerang de la mondialisation, à force d’exporter sa vie facile et luxueuse, l’Occident a donné au monde entier l’envie de s’y vautrer et nous comptons bien y arriver, même si la condition d’accueil sine qua non pour l’Europe c’est notre « danger de mort imminente ».

J’ai acheté, trois cents euros, un vrai-faux passeport libanais pour me faciliter la vie en Turquie et garder mon passeport syrien pour rester réfugié de guerre ailleurs. J’ai emporté une petite croix dorée que m’a donnée un ami arménien pour rassurer les Européens de base qui n’aiment les Arabes que s’ils sont chrétiens.

Au lieu de faire la queue pendant des heures au soleil et subir les vexations des autorités turques, j’ai pris un taxi à Alep (où j’habite) pour passer la frontière. L’idée était de rester seul ; dès qu’on fait partie d’une foule, on vous traite comme du bétail. Cinquante euros glissés dans mon passeport libanais ont facilité les choses et très vite je me suis retrouvé à Iskenderun (138 km, 2 h 15), puis en bus jusqu’à Antalya (9 h) sans autre problème que le ronflement de mon voisin et les arrêts intempestifs pour d’obscures raisons liées au copinage du chauffeur avec les commerçants kurdes.

Je repère la zone Wifi d’un hôtel. J’allume mon smartphone mais pas pour donner des nouvelles à ma famille restée à Alep (le numérique nous sert à bien d’autres choses !). Je tapote sur la petite flamme rouge de Tinder. Dans cette zone touristique ce n’est pas difficile de trouver des étrangères qui cherchent des rencontres « exotiques », ou plutôt un couple moins craintif que les femmes seules. Un Syrien peut s’appeler Georges ou Henri, moi j’ai gardé mon nom, Farid, parce qu’il va bien avec mon physique. Ou alors il fallait surjouer et prendre carrément Sultan of love. Il ne s’agit pas de se cacher mais de se montrer sinon de se vendre. Après une demi-heure j’ai un match avec deux jeunes femmes et un couple. Après les échanges de messages je me concentre sur le couple Mike et Fay. Elle a la quarantaine, elle ressemble à la star US : blonde, un sourire californien et un regard ambigu, un beau cul et des seins apparemment naturels. Mike, plus âgé, les cheveux poivre et sel, musclé mais un peu enrobé. Mais ce qui m’intéresse vraiment c’est qu’ils sont à bord de leur voilier de 42 pieds immatriculé en Belgique.

*

On avait peur des émigrés, on les évitait soigneusement. Mon mari, Raphaël, calculait les trajectoires pour ne pas les rencontrer. En mer, si on croise une embarcation en perdition, on est obligé de porter secours. C’est la loi. Elle précise aussi « sans mettre son bateau en péril ». Alors combien de personnes peut-on accueillir à bord d’un voilier de 14 mètres sans prendre de risques ? Ça se discute, mais si les Grecs ou les Turcs qui sont les champions de la location de voiliers peuvent emmerder un propriétaire étranger, ils ne vont pas se priver. En cas de doute : confiscation ou caution énorme. Bref comme dirait Raphaël : du racket maritime comme au temps des flottilles barbaresques.

On avait décidé de ne pas trop s’approcher des côtes turques sauf des zones touristiques où nous jetions l’ancre en évitant les ports et les mouillages encombrés pour sauvegarder notre intimité. Raphaël-Mike adore me prendre en levrette dans le cockpit au soleil ou sous les étoiles mais il se méfie des jumelles pointées sur nous. Nous cherchions à pimenter un peu nos jeux. Nous avons activé Tinder pour trouver un autre couple acceptable et motivé. On utilise toujours l’anglais, ainsi pas besoin de choisir entre le vous et le tu. Dans la vie je suis Marthe mais sur le net je suis Fay et Raphaël a choisi Mike qui d’après lui sonne plus viril. On voulait des pseudos hollywoodiens et faciles à retenir. Ça marche très bien, merci. Je dois avouer que j’ai vraiment flashé sur le message de ce jeune Arabe qui se faisait appeler Farid (c’est nul comme pseudo !) C’était comme dans la chanson de Barbara « si la photo est bonne, qu’on m’amène ce jeune homme ». Des yeux très sombres, la peau mate, un air un peu voyou, très mince, de longs muscles, tout le contraire de Raphaël-Mike. Mon mari n’était pas chaud « on avait dit un couple ». Mais j’ai affirmé qu’avec lui je serais motivée pour tous ses fantasmes et comme il adore ça, je lui ai fait une fellation top niveau pendant un quart d’heure tout en me caressant de la main droite (je suis gauchère). Chaque fois qu’il quittait ma bouche je lui disais que ça le rajeunirait, que quand nous baisions avec un mec ça l’excitait plus qu’avec une fille, qu’en fait je faisais ça surtout pour lui (et un tout petit peu pour moi). Je précisais que les Orientaux sont les spécialistes de la sodomie et il adore regarder ces vidéos sur Youporn. Il a tout avalé… et moi aussi.

*

Je me méfiais quand même de l’enthousiasme érotique de Marthe. Que faire si, une fois à bord, ce Farid s’incrustait et voulait rentrer en Grèce avec nous ? Se battre et le jeter à l’eau ? Sûrement pas. Il pourrait raconter n’importe quoi et nous faire de gros ennuis. Je pouvais le filmer discrètement pendant qu’il baiserait Fay, ce qui nous donnerait une monnaie d’échange. Mais Fay passerait pour une « salope décadente » surtout si elle se laissait aller à certains penchants.

Je l’ai prévenue : en aucun cas elle ne devait se laisser attacher. Elle rit en disant que je le faisais tout le temps, elle ajoute :

— Il y a tant de cordes sur ce bateau, de toutes les tailles et de différentes couleurs. Je comprends que ça t’inspire.

— Ne parle pas de cordes à bord du voilier, ça porte malheur et ça ne veut rien dire.

— Et des liens, ça te va ? C’est plus précis ?

— Avec lui pas ce genre de jeu ! Compris ? C’est trop dangereux.

— Je crois qu’il vient pour me baiser, pas pour me tuer

— C’est pas drôle

— OK, OK, je lui montrerai que c’est complètement con de ne pas me servir de mes mains.

Et là je sais parfaitement que n’importe qui croira Fay sur parole.

*

J’ai mis un peu de khôl sur les yeux ; cela fait toujours de l’effet. J’ai donné rendez-vous à Mike sur la plage d’un hôtel de luxe en face de leur mouillage que j’ai repéré sur around me. Ici, pas de danger de voir débouler des groupes de réfugiés pour s’embarquer en force dans son pneumatique. Ils seraient vite repoussés violemment par la sécurité. Mon calcul est imparable : mieux vaut jouer la carte du désir que celle de la compassion ou, pire, de la pitié. La compassion passe vite, on s’habitue rapidement au malheur des autres, le désir sexuel, lui, reste présent et se renouvelle à chaque rencontre. Rien n’est plus con que de faire pleurer sur le sort des Syriens, rien n’est plus agaçant pour ceux qui doivent nous recevoir. Ce qu’il faut c’est leur donner envie de nous découvrir. Bon, c’est mon option et je sais qu’elle est considérée comme absolument « incorrecte » par tous ces donneurs de leçons qui parlent en notre nom dans les médias.

Mike arrive, laisse tourner son hors-bord et me tend la main « bienvenue à bord, moussaillon ! ». Je réponds « à vos ordres capitaine Haddock » et dans la foulée je lui précise que tous les Syriens connaissent Tintin, que mon grand-père m’apprenait quelques mots de français en me lisant « Le crabe aux pinces d’or ». Pendant le trajet il me précise qu’ils sont français tous les deux mais qu’ils battent pavillon belge pour éviter la paperasserie « hyperchiante » de l’administration parisienne. Je lui dis qu’en Syrie la paperasserie était partout et qu’il fallait y ajouter les indispensables bakchichs. Maintenant il n’y a plus de papiers à remplir, seulement des bakchichs à donner ou une arme à sortir comme dans les westerns.

Mike regarde avec insistance mon sac de voyage à l’insigne du (faux) crocodile et me demande si je compte rester longtemps avec eux. Je sens de l’inquiétude dans sa voix. Je réponds que je ne peux pas laisser un sac aussi coûteux sur la plage et que j’y tiens beaucoup. On s’approche du yacht et j’aperçois la blondeur de Fay dans la lumière du cockpit. Sur la table vernie, du champagne et des coupes. Quand je monte à bord je vois que Fay porte un petit tablier blanc de soubrette de comédie mais qu’en dessous elle est entièrement nue sur les coussins en lin blanc. Je bois du champagne avec eux parce qu’on m’a conseillé : « À Rome, fais comme les Romains » et aussi parce que le Coran dit qu’au paradis coule un fleuve de vin « délicieux pour ceux qui en prennent » et que, comme dans les pubs, il conseille simplement de consommer avec modération. Nous trinquons tous à mon arrivée à bord et à la paix dans cette région martyre (dixit Mike). Je remarque que le bronzage de Fay est parfait et que son pubis est épilé. Pendant que nous buvons Fay se penche sur moi, dégage ma bite raide et lisse, prend une grande gorgée, et me fait une « pipe au champagne » grand cru.

Puis on passe à l’intérieur du voilier. Nous nous étendons sur le divan en cuir.

C’est là qu’elle me demande en me tenant la queue si je pratique bien la sodomie, ce qui fait rire Mike.

— Bien sûr, comment est ce que les filles restent vierges jusqu’au mariage, là-bas ?

Fay hausse les épaules, m’attire vers elle, lève les jambes à la verticale et m’offre son anus rose. Je la pénètre doucement. Après dix minutes et un échange de regards avec son mari qui filme avec son smartphone et qu’elle suce de plus en plus fort, Fay me demande de m’accroupir au-dessus d’elle et de continuer. Mike se glisse derrière moi, se saisit d’un tube de lubrifiant et la suite vous la connaissez… Sauf que je ne ressens pas de honte, que c’est un juste partage des choses même si c’est vraiment douloureux (la première fois seulement ?). Maintenant il me semble absurde d’avoir trouvé banal que les jeunes filles que j’enculais à Alep me disaient, les yeux fermés, qu’elles ne souffraient pas, que je pouvais continuer, alors que leur visage se crispait.

*

Après son mini coming out (c’était quand même la première fois qu’il enculait un homme et ça n’avait vraiment pas l’air de lui déplaire) Mike somnolait dans un coin. J’étais dans les bras de Farid et je dois avouer que je ne me suis jamais sentie aussi comblée dans un ménage à trois. Farid était à la fois doux et formidablement viril. Les hommes croient toujours qu’ils doivent nous traiter de « salope », nous étrangler à moitié ou nous frapper le visage avec leur « grosse bite » pour être de vrais mâles. Rien de ça chez Farid, attentif à mes soupirs et à mes gémissements.

Je désigne son sac et je lui demande si l’idée de nous accompagner dans l’île de Symi lui ferait plaisir ? Il répond « oui » et ajoute « c’est possible ? ». Je lui dis que je n’ai jamais vu un douanier grec ou un flic demander les papiers des yachties. Ils ne savent même pas combien de personnes il y a sur le bateau. Il suffit de payer la place de port. Il faut dire que le service est limité au minimum et qu’ils ont d’autres préoccupations plus importantes comme gérer leurs restaurants sur les quais. Farid m’embrasse les lèvres, me pince gentiment les tétons.

— La Grèce c’est déjà bien, mais comment aller plus loin ?

Je lui dis qu’on pourrait le laisser à Patras, notre port d’attache. Farid poursuit :

— On pourrait en profiter pour aller en face dans les Pouilles, le talon de la botte italienne. Là on se cotise pour louer une voiture et on remonte tous les trois en France.

Il se tourne vers moi.

— J’ai de l’argent, tu sais !

Je trouve l’idée tentante mais j’hésite.

— Depuis les attentats de Paris, les Français font des contrôles aléatoires.

Farid secoue la tête.

— J’ai des amis à la frontière, ils ont acheté un petit drone et peuvent nous guider pour un peu de fric. Il termine en riant.

— Ils envoient les images sur nos portables.

Je suis sciée, il semble avoir tout prévu et dans tous les domaines, il a une longueur d’avance.

Je lui parle de mes copines qui se sont fait larguer par leurs mecs à quarante-cinq ans, d’autres qui vivent en s’emmerdant avec leur mari qui ne pense qu’au golf, à la maison de campagne, à leur carrière au sein d’une grosse boîte ou dans la haute fonction publique. Un jeune homme comme lui leur apporterait le plaisir, la détente, la fantaisie. J’ajoute que souvent ces épouses sont complètement délaissées, soit que leur mari se désintéresse du sexe, soit qu’ils couchent avec leur nouvelle stagiaire de 20 ans (mon âge ! précise Farid) et que leurs femmes sont dédiées à la gestion du patrimoine quotidien. Il glisse deux doigts dans ma chatte et me demande « et le permis de travail ? » et il ajoute qu’il a aussi un passeport libanais.

« C’est simple, tu commences par te faire passer pour un comédien, tu te fais une bio bidon dans le cinéma libanais et en France on ne demande jamais le permis de travail d’un comédien. Tu peux aussi te faire payer en black, ça arrange tout le monde, chez nous on déteste le fisc. Tu sais tout est dans le look et dans le style. Si tu portes un survêt et une casquette crasseuse ça sera difficile, mais avec ton polo Hugo Boss tu passeras partout ». Tout en parlant, je prends conscience que je discute dans le vide, que tout ça, Farid le sait déjà, que c’est lui qui nous a choisis avec précision, que notre yacht montre bien que nous avons du fric et des relations et qu’il a parié sur sa séduction et son sens du plaisir. Comme s’il devinait mes pensées, Farid me met un doigt sur la bouche « chut », me sourit, s’agenouille entre mes cuisses et me fait jouir à petits coups de langue pointue.

*

C’est le matin et Marthe, épuisée par la nuit, dort encore. Je ne sommeillais pas vraiment hier soir, j’ai entendu une grande partie de la conversation entre Marthe et Farid. J’avoue que j’ai adoré l’enculer et que ça m’a fait un peu peur mais c’est moi qui me suis fait baiser. Il nous a choisis à cause de cette « culture de l’image », celle que nous donnons : des bobos qui cherchent un peu de plaisir dans toute cette vie de défis et de fric. Mais ce n’est pas parce qu’il me fait bander que je vais laisser Farid s’insinuer dans notre vie, nous manipuler sous prétexte que son pays est en guerre, qu’il est beau, pas con, et malin comme un renard du désert… Je vais l’envoyer plonger pour vérifier l’ancre, puis je mettrai le moteur, direction l’île de Symi. À 150 mètres du rivage, il ne risque rien, je lui jetterai même une brassière de sauvetage par sécurité même si je sais qu’il ne la mettra pas. Son obsession est de ne pas ressembler à tous ces pauvres types qui embarquent sur n’importe quoi, par n’importe quel temps alors que rien ne presse. Marthe ne sera pas contente mais elle oubliera comme toutes les femmes qui passent une nuit avec un « séduisant étranger ».

À ce moment Farid monte sur le pont entièrement nu, son sexe endormi (c’est la première fois que je vois son sexe au repos), m’embrasse sur la joue et plonge dans la mer matinale sans une ride. Voilà l’occasion. Je ne dois même pas trouver un prétexte. Il me l’offre. Je devrais partir tout de suite…

Mais je ne me lève pas, je reste assis à le regarder nager, confiant comme s’il n’avait jamais douté. Je me revois, comme lui, à vingt ans, avec ma gueule d’ange (cf. les filles), je ne doutais de rien, nous voulions tous la même chose : faire du fric et faire la fête et nous avons réussi (cf. la bourse). Et je me dis que c’est le destin. L’Europe d’aujourd’hui est vieille, désespérée. L’énergie viendra d’ici, de ces jeunes qui nous rejoindront avec leurs intérêts. Il y aura bien un « remplacement » non par l’islamisme, mais par les bons baisers, les séducteurs, les nouveaux nomades qui ont le monde pour terrain de chasse.

L’Europe s’est répandue dans leurs territoires pour s’enrichir (et comment ?) depuis deux siècles et maintenant c’est leur tour, leur chance, enfin…

Farid remonte à bord, il dédaigne l’échelle de bain et se hisse sur le pont à la force des bras, se secoue comme un tigre, s’étend à côté de moi, se sèche au soleil. Je le regarde, il pourrait être notre fils mais c’est notre amant depuis cette nuit. Une autre sorte d’avenir…

Marthe sort du bateau, elle ne porte rien qu’un débardeur trop échancré, elle m’embrasse sur la bouche et s’assied de l’autre côté de Farid.

Presque au même moment nous posons une main sur sa cuisse, il nous regarde l’un après l’autre et sourit en fermant les yeux.

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