Wikipedia : Belgique

Claude Javeau,

BELGIQUE

Nom donné naguère à un Royaume d’Europe occidentale, d’une superficie de 30,440 km2 et d’une population de dix millions et demi d’habitants. Depuis 2010, le Royaume a implosé en trois parties, à savoir, la Flandre (Vlaanderen), capitale Malines (Mechelen), république indépendante de quelque six millions d’habitants, la Wallonie, peuplée de quelque trois millions et demi d’habitants, rattachée à la République française avec un statut identique à celui de la Corse, et Bruxelles (Brussels E.D.), European District géré par la Commission de l’Union Européenne, où vivent un peu plus d’un million d’habitants, bénéficiant d’un statut d’autonomie locale comparable à celui de Berlin, par exemple.

En Flandre, la langue officielle est le flamand, proche du néerlandais, mais dont les autorités locales ne cessent de proclamer la spécificité, le mettant à l’égard du véhiculaire des Pays-Bas dans le même rapport que celui qu’entretient l’Afrikaans avec ce dernier. En Wallonie, la langue officielle est évidemment le français, bien que certains groupes d’activistes locaux aient cherché à promouvoir une langue wallonne standard, à une époque où le rattachement à la France n’avait pas encore été effectué. Du reste, l’invention de ce nouveau véhiculaire n’aurait pas été sans susciter de nombreux problèmes, tant proprement linguistiques qu’émotionnels, surtout du côté des Liégeois, qui estimaient que seul leur dialecte pouvait prétendre à devenir véhiculaire. Quant à Bruxelles, les autorités européennes y ont imposé l’anglais comme langue officielle de l’administration et des affaires. Le français, jusqu’alors parlé par une majorité de la population, y a été réduit au statut de vernaculaire, tout en restant, dans certains milieux, un marqueur de distinction.

Histoire récente

C’est lorsque la constitution d’un gouvernement fédéral s’est révélée impossible, après la dissolution des Chambres en 2008, l’obtention d’une majorité des deux tiers nécessaire à toute modification de la Constitution ayant été irréalisable par suite de la défection du Centre démocrate et humaniste (CDH) de la coalition gouvernementale, que le démembrement du Royaume est devenu inéluctable. Le Parlement flamand proclama à la quasi-unanimité l’indépendance de la Flandre, ce dont prirent acte les membres francophones du Parlement fédéral, qui décidèrent de ramener la Belgique à sa « petite » expression : la Wallonie plus Bruxelles. Mais les Flamands ne l’entendirent pas de cette oreille et revendiquèrent l’inclusion de Bruxelles dans le territoire de la Flandre. Bientôt des heurts éclatèrent entre Francophones et Flamands dans la capitale, que les appels au calme du Roi ne purent arrêter.

L’Union européenne, qui se sentait menacée sur le territoire de sa capitale, décida alors de faire appel à l’ONU, qui dépêcha à Bruxelles des casques bleus pakistanais et ghanéens, lesquels bloquèrent la frontière avec les autres régions du pays. La Commission Européenne prit alors le pouvoir et déclara Bruxelles « district européen », ce que l’ONU s’empressa d’entériner. Constatant son impuissance, le roi Albert II se résolut à abdiquer et se réfugia dans sa famille au Grand-Duché. Il transmit ses pouvoirs au prince héritier, son fils Philippe, qui ne comprit pas ce qu’il devait en faire et se retrouva un peu par hasard chez les parents de sa femme, dans les environs de Bastogne, en Wallonie.

La Wallonie se dota d’un gouvernement provisoire, présidé par Michel Daerden, connu pour ses bouffonneries télévisées. La République Fédérale d’Allemagne profita du désordre pour annexer le territoire de la Communauté germanophone, menacée d’incorporation dans la Flandre au nom de la solidarité germanique. L’ONU, une fois encore, entérina. Les choses ne s’arrangèrent pas en Wallonie, où, face aux palinodies éthyliques de Daerden, un commando de rattachistes s’empara de l’Élysette, siège du gouvernement wallon. Ils firent appel à la France, dont le président Sarkozy, toujours en quête d’applaudissements, s’empressa d’envoyer la Légion Étrangère pour les soutenir. Le rattachement fut approuvé par l’Assemblée Nationale, et l’ONU, une fois de plus, entérina.

Au bout de quelques mois, les casques bleus firent leurs bagages, laissant derrière eux peu de bons souvenirs et quelques enfants métis. Tout rentra dans l’ordre, la Flandre retrouva vite sa prospérité, Bruxelles devint une ville de fonctionnaires et d’hommes d’affaires anglophones, et la Wallonie se mua en clone de la Corse. L’ONU se félicita d’avoir évité une guerre civile en Europe occidentale. Le gouvernement des Pays-Bas, dans une déclaration solennelle, proclama qu’il n’avait et n’aurait jamais l’intention d’annexer la Flandre, notamment en raison d’une vive incompatibilité linguistique.

*

Je me suis retrouvé ce soir-là à Brussels, dans l’European Park, ci-devant Parc Royal, face à l’OId Parliament, devenu musée et lieu de pèlerinage pour une poignée d’inoffensifs belgicains nostalgiques. Sur la Law Street, les voitures commençaient à se faire moins nombreuses. Je me suis assis sur le rebord de la pièce d’eau et me suis mis, sans bien savoir pourquoi, à fredonner un air ancien appelé La Brabançonne : pom pom pom pom. Un petit garçon aux cheveux très roux m’a demandé, avec un fort accent irlandais :

— Nice song. What is it ?

— Oh, an old tune of long ago. The Marseillaise, if I am not mistaken.

Et cela mit un terme à notre conversation.

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