Croyez-moi, le terme, c’est un joli casse-tête. Allez donc savoir ce que cela signifie au juste ! La fin de quelque chose – celle d’une course, d’un voyage, d’une négociation commerciale ou politique, d’une maladie ou de la vie tout court ? Ou l’expiration d’un temps précis pour effectuer un payement (« le terme, dira-t-on, est échu ») ?

On parle de termes (au pluriel) à propos de bail (les termes d’un loyer) ou à propos de marine (il s’agit en l’occurrence des deux pièces de bois qui forment les angles du couronnement, à l’arrière d’un grand navire). En algèbre, les termes d’un polygone sont les quantités séparées par les signes + (plus) ou – (moins), alors qu’en arithmétique et en géométrie les termes d’un rapport, d’une proportion, d’une progression, sont les quantités comparées.

On dit aussi que dans chaque proposition on trouve deux termes, le sujet et l’attribut, mais que tout syllogisme, lui, en contient trois, le grand, le moyen et le petit. De même, il est parfois question dans le vocabulaire de la théologie et dans celui de la philosophie de « complexion des termes », c’est-à-dire la connaissance des rapports entre les termes.

Selon les thomistes (j’en ai fréquenté deux ou trois à Louvain), cette connaissance dérive, non pas de l’expérience, mais de certaines formes de conception rationnelles préexistantes dans notre esprit.

Il y a également la locution « en termes propres » pour désigner ceux-là mêmes qui ont été employés par la personne à laquelle on se réfère et qu’on cite.

Le mot désigne en outre la position réciproque de certains individus par rapport à une affaire quelconque, notamment quand on fait commencer une phrase par ces mots : « Dans les termes où nous en sommes… »

Sans oublier, bien entendu, toutes ces façons de parler particulières à une science, à un métier donné ou à un art. C’est ce qu’on appelle communément le « terme technique ». Dans sa quatorzième édition (2007), Le Bon Usage note qu’il faut toujours écrire terme au pluriel dans le vocabulaire d’une spécialité (en termes de médecine, en termes de biologie, en termes de mécanique, etc.).

Chez les anciens, on appelait terme toute borne servant à indiquer la limite d’un terrain. Les Romains mettaient ces bornes (une souche ou, plus souvent, une grosse pierre carrée) sous la protection d’une divinité connue sous le nom de Terme.

Autrement dit, en mythologie, Terme est le dieu protecteur des limites.

Suivez mon regard… si tant est que vous puissiez me voir à travers cette page.

Au fait, savez-vous ce que signifie la vieille expression « être planté comme un terme » ?

Je viens de la découvrir chez le lexicographe Maurice Lachâtre, à la page 1408 du tome second de son passionnant Nouveau dictionnaire universel, publié à Paris en 1852 et si cher aux surréalistes. Par les temps qui courent (et qui courent de travers) sa définition laisse rêveur : « Rester longtemps et immobile au même endroit. »

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